Groupe:

Obituary + Exmortus

Date:

16 Mars 2018

Lieu:

Villeurbanne

Chroniqueur:

hourkach

Vendredi 16 mars, la CCO de Villeurbanne et son association locale Sounds Like Hell Productions ont une nouvelle fois mis les petits plats dans les grands en accueillant sous leur toit les légendes d'Obituary et leur incontournable Death Old-School. Les Floridiens ne sont pas venus seuls ce soir car les mélo/thrasheux d'Exmortus ont l'honneur de descendre les premiers dans l’arène et d’ouvrir les hostilités avec la mission de chauffer un public totalement acquis à la cause des frères Tardy. Le défi parait énorme mais j'espère, au moins, que les quatre musiciens vont tout casser sur scène et prouver qu'ils sont dignes de faire la première partie d'un groupe aussi mythique qu'Obituary. Qui survivra verra...

Il faut être honnête avec vous, l'annonce de la participation d'Exmortus à cette soirée ne m'a jamais enchantée car le Technical Melodic Thrash/Death dans lequel évolue les Californiens n'a rien à voir avec ce que je peux écouter d'habitude et risque même de me coller plusieurs saignements auditifs. Cette intolérance musicale m'habite au point que je décide de foncer directo au bar pour couler mon inquiétude dans le houblon et tenter de radoucir ce stress qui me prend la tête depuis des semaines. Je n'ai malheureusement pas le temps de savourer ma bière car Exmortus est chaud bouillant et débarque sur scène à dix-neuf heures trente pétantes sous les applaudissements nourris d'une salle déjà bondée. Les Ricains attaquent leur set grattes au plancher avec les titres Rising... et For The Horde extraits de leurs deux derniers albums, Slaves To The Sword et Ride Forth, sortis respectivement en 2014 et 2016. Le son est à la hauteur de mes angoisses car la musique sonne plus heavy que jamais avec ce rythme thrashy assourdissant et ses nombreux soli de grattes plus perçants les uns que les autres. J'aurai pû me pendre ou me jeter du balcon mais, contre toute attente, je m'accroche et commence même à apprécier cet enchaînement de prouesses techniques et ce florilège de coups de baguettes magiques. Il faut dire que Exmortus possède dans ses rangs un frontman charismatique qui ne cesse de chercher à partager ses riffs avec la foule et qui passe son temps à se marrer gratte à la main ou à plonger régulièrement son instrument au-dessus de la fosse. 

Ses camarades ne sont pas non plus en reste et passent leur temps à haranguer le public en levant les poings au ciel et en buvant quelques gorgées de bière à la santé du peuple lyonnais. Cette attitude ultra-positive électrise automatiquement la CCO qui se met à soutenir le groupe à chaque sollicitation du chanteur et à headbanguer frénétiquement face aux nombreux ralentissements imposés par l'artilleur de service. Même une brute comme moi est surpris par tant de talent et j'avoue que mon inquiétude du début de concert s'est vite transformée en une forme de curiosité, voire d'excitation, incontrôlée. Jadran "Conan" Gonzalez et son complice Mike Casio (ex-Abysmal Dawn) ne faiblissent jamais et enchaînent les performances techniques malgré la fatigue et la chaleur de plus en plus étouffante de la CCO. Des morceaux comme Death To Tyrants, Immortality Made Flesh ou Make Haste ont le mérite de galvaniser les fans et de toujours tenir en haleine un public de plus en plus sous le charme mais il faut admettre que la prestation des américains va atteindre son point culminant avec la reprise instrumentale de Beethoven, Moonlight Sonata (Act 3). On ne peut pas dire que je sois un grand fan de musique classique mais il faut encore admettre que Jadran et ses potes sont pétris de talent et parviennent toujours à enchaîner les soli sans la moindre hésitation et sans la moindre perturbation grâce à leurs doigts de fée ! 

Je pensais avoir tout vu durant ce show mais c'était sans compter avec une ultime surprise du combo Californien sur la claque Metal Is King. Le style Heavy/Thrash est toujours bien présent mais les deux guitaristes vont accentuer l'impact de leur musique en échangeant leurs guitares et en se permettant même le luxe de gratter leurs cordes dans le dos l'un de l'autre. Quelle prouesse putain ! Après d'ultimes leads aiguisés, Exmortus achève son show sous les acclamations soutenues de la foule. Le groupe partait de loin mais je dois avouer que j'ai été totalement gagné par le niveau incroyable du quatuor. Bien entendu, je ne me convertirai jamais à ce style de musique car je suis, et je resterai toujours, un fan inconditionnel de Death Metal, mais il faut toujours souligner la qualité d'un groupe surtout si ce dernier se situe à l'opposé de mes goûts... primitifs et bestiaux ! Honnêtement, mon scepticisme et mes certitudes de bourrin n'avaient strictement aucune chance face à un tel niveau et à une bonne humeur aussi communicative. Chapeau les gars et encore merci car j'aurai désormais moins peur en voyant le nom "Exmortus" inscrit sur une affiche !

Setlist de Exmortus :

01. Rising...
02. For The Horde
03. Death To Tyrants
04. Immortality Made Flesh
05. Make Haste
06. Fist Of Flesh
07. Moonlight Sonata (Act 3)
08. Metal Is King

C'est désormais au tour d'Obituary de monter sur scène et de poursuivre l'oeuvre destructrice entamée par les guerriers californiens. Quand je vois l'ambiance de dingue qui règne lorsque les Ricains montent enfin sur scène, je ne me fais strictement aucun souci pour le reste de la soirée car l'atmosphère est déjà bouillantissime. La CCO est électrique et explose dès les premières notes de la brise nuque par excellence, Redneck Stomp. Les zicos jouent d'entrée avec leurs fans en coupant volontairement leurs riffs et en attendant que la foule se mette à hurler à chaque coup de massue de Donald Tardy derrière ses fûts. Son frangin, John, assiste sagement à cette mise en bouche en restant au pied de l'estrade et en échangeant déjà des gestes avec ses fans agglutinés contre l'estrade. Ca y est, l'intro est terminée, la légende John Tardy peut enfin monter sur scène et constater l'accueil toujours aussi chaleureux réservé par ses fans à chacune de ses apparitions. Le frontman est toujours aussi motivé malgré le poids des ans et fait honneur à sa réputation en assommant régulièrement Villeurbanne avec sa voix inimitable et en emportant ses fans avec ses parties de headbanging endiablées.

Obituary est un véritable rouleau compresseur et passe son temps à nous foutre des branlées hallucinantes en martyrisant nos tympans avec des hymnes au headbanging comme Chopped In Half, Turned Inside Out ou encore Find The Arise, extraits de leur chef d'oeuvre Cause Of Death, sorti en 1990. Ces titres ont beau avoir de l'âge, ils fonctionnent toujours aussi bien en live et ont la particularité de faire monter la température en provoquant de nombreuses bagarres dans la fosse, en accentuant la fougue de tous les adeptes du slam et en suscitant des sauts de l'ange. Obituary ne se focalise pas uniquement sur ses vieilles chansons et propose, au contraire, une setlist variée également basée sur des titres efficaces et récents extraits d'albums comme Inked In Blood et Obituary, sortis respectivement en 2014 et 2017. John est en très grande forme ce soir et passe son temps à agiter son trépied et à hurler dans son micro comme un forcené pour le plus grand plaisir de la foule et des adeptes du Death Fucking Old-School comme moi. Ses camarades n'y vont pas de main morte, car Kenny Andrews avale les soli avec une facilité déconcertante tandis que Donald cogne ses fûts avec la hargne d'une jeune pucelle de quinze ans. 

J'avais déjà eu la chance d'assister à l'un de leur show (en 2015 à la salle l'Usine de Genève) mais je dois avouer que cette soirée est bien plus excitante car l'osmose avec le public est totale et la motivation des musiciens tout simplement exceptionnelle. En effet, Donald ne finit jamais une chanson sans se dresser derrière ses toms en hurlant "O shit" comme un sauvage ou en venant faire le con avec le drapeau du groupe placé derrière son dos. Cette attitude est tout simplement géniale car le mec ne montre pas le moindre signe de lassitude et s'appuie sans cesse sur ses fans pour repartir au combat et donner le meilleur de lui-même. La CCO a même le droit a un p'tit solo et un roulement de toms avant que ce dernier n'embraye sur deux nouvelles tueries du groupe intitulées 'Til Death et Don't Care. Une fois ces démonstrations achevées, John et ses acolytes quittent la scène et partent se réfugier dans leur loge pour s'octroyer un mini break sacrément mérité. Les minutes ont beau défiler, le public ne perd jamais espoir et donne de la voix en suppliant les Floridiens de revenir sur scène pour poursuivre leur récital.
Après quelques minutes interminables, le quintet remonte enfin sur scène et vient nous pulvériser une dernière fois les cages à miel à grands coups de soli aiguisés et de tempos lourds à souhaits. L'enchaînement Turned To Stoned, Straight To Hell et l'incontournable Slowly We Rot est une vraie boucherie (ça slame quand même à coup de quatre bonhommes à la fois !) et vient achever, de la plus belle des manières, un show d'une intensité rarement égalée. 

Setlist de Obituary :

01. Redneck Stomp
02. Sentence Day
03. Visions In My Head
04. Chopped In Half
05. Turned Inside Out
06. Find The Arise
07. A Lesson In Vengeance
08. Brave
09. Dying
10. No
11. 'Til Death
12. Don't Care
13. Turned To Stoned
14. Straight To Hell
15. Slowly We Rot

Il est vingt deux heures quinze lorsque Donald jette ses baguettes dans la fosse et rejoint ses potes pour une séance de check et de remerciements en direction du public. J'ai assisté à bon nombre de concerts dans ma vie mais celui-ci restera gravé dans ma mémoire car il y avait réuni ce soir tous les ingrédients d'une soirée parfaite : une ambiance de feu, un état d'esprit irréprochable des deux groupes et, bien entendu, une organisation au top ! Sounds Like Hell Productions et ses drôles de dames ont une nouvelle fois été à la hauteur de l'événement en prenant dans leurs filets deux formations talentueuses, motivées et sacrément efficaces pour le plus grand bonheur des centaines de métalleux réunis ce soir. Je n'ai jamais été déçu par l'ambiance à la CCO et je peux vous jurer que je reviendrai me casser le dentier sur une prochaine affiche toute aussi alléchante...