Groupe:

Metallica

Date:

11 Avril 2018

Lieu:

Genève

Chroniqueur:

dominique

Les billets étaient réservés depuis plus d'un an, à tel point que j’en avais presque oublié leur existence. Et puis là, depuis quelques jours, ça commençait à foisonner dans les médias locaux. Metallica sera de retour en Suisse Romande six ans après leur dernière apparition. Et ce coup-ci, ce sera en salle. Malgré le prix assommant des billets, les 22 000 tickets d'entrées avaient trouvé preneurs et le concert était annoncé sold out depuis belle lurette. Le groupe a choisi la salle de Palexpo pour s’installer en grand. De mes souvenirs, seul Depeche Mode avait osé ce pari il y a quelques années. Il faut dire que l’endroit ne fait pas trop salle de concert et a plutôt l’habitude d’accueillir le salon de l’auto ou des matchs de tennis. Mais aux grands Maîtres, les grands remèdes, la scène centrale 360° sera donc installée au cœur de ce chaudron un peu inhabituel.

J’aurais aussi bien voulu vous parler de l’avant concert des Norvégiens de Kvelertak ; malheureusement, les consignes de sécurité pour rentrer dans ce genre d’événement sont telles que je n’ai pu suivre que les deux derniers titres, et encore depuis l’extérieur. C’est donc uniquement sur les stars de la soirée que ce live report va se concentrer.
Première constatation en entrant dans les lieux, le chaudron ne fait pas trop arène de l’enfer, mais bien plus usine désaffectée. Comme on pouvait le craindre, l’architecture de la salle de Palexpo ne se prête pas à proposer un environnement propice à générer de l’électricité dans l’air. Secundo, la majorité du public est, comme dira James un peu plus tard, « middle age ». Peu ou pas de cheveux longs, mais des coiffures bien sages ou alors des chauves. Certes, les fans ont sorti leurs plus beaux T-shirt vintage, mais quand cela fait plus de trente-cinq ans que vous tournez sur les platines, il est évident que votre public a vieilli avec vous. Chose positive, la scène centrale va permettre à tous d’être relativement proche du groupe ; cela va compenser l’absence d’écrans et de gradins.
Il est 21h, la salle s’éteint, sur les petits écrans suspendus le visage d’Eli Wallach apparaît alors que le traditionnel Ecstasy Of Gold retentit. Le concert va pouvoir commencer...

Celui-ci s’ouvre sur deux titres du nouvel album, Hardwired et Atlas, Rise ! Malheureusement pour eux, cela ne se passe pas trop bien. La balance est catastrophique ; il en résulte une masse sonore qui rend difficile jusqu’à l’identification des titres. Je ne sais pas si c’est cet effet sonore qui en est la source, mais en plus le groupe semble avoir entamé Hardwired sur un rythme encore plus élevé que la version de l’album (ahhh Lars...). Même James semble un peu énervé par ce début chaotique. Moi, ça me fait un peu grincer les dents, parce que gâcher en live un titre comme Atlas, Rise !, c’est un sacrilège. Il nous reste à espérer que tout ceci va se rétablir et que le groupe va s’habituer à son environnement de travail d’un soir (je crois en effet que la configuration de la salle y est pour beaucoup). En fait, ce sera chose faite rapidement, suite à la pause bienvenue de première communication du groupe avec la "Metallica Family". Les ingés son ont fait leur travail et le groupe peut entamer plus sereinement un petit set avec des classiques. Seek & Destroy ouvre le triptyque. Parfaitement maîtrisé, il permet de mettre le concert en bon ordre de marche. The Four Horsemen suit et permet de valoriser l’aspect scénique. Au-dessus de celle-ci, une cinquantaine de boîtes-écran montent et descendent en alternance permettant de varier à loisir les atmosphères. C’est simple et diablement efficace. Ce trio vintage se referme sur un Welcome Home (Sanitarium) qui rend très bien. Une (re)découverte très positive.

Cela se poursuit avec l’excellent Now That We’re Dead. En plus, le groupe nous propose un petit truc sympa en prenant progressivement tous place face à de gros tambours. Le milieu du titre s’en trouve prolongé par une partie rythmique rappelant l’ouverture du morceau. Metallica a maintenant vraiment apprivoisé l’environnement. On sent les Horsemen plus à l’aise, James se permettant de se moquer du public (un peu mou, je suis d’accord avec lui) en lui disant que le titre qui va suivre sera trop « heavy » pour lui. La suite c’est Dream No More et son rythme martial plus lent. Le titre rend bien sur scène. For Whom The Bell Tolls fait une pause vintage avant de laisser le groupe jouer Halo On Fire. Tout dans ce titre fait que cela pourrait devenir un classique des concerts à venir. James et Lars quittent la scène en laissant Kirk et Rob devant des lutrins (petite moquerie de James, au passage) pour la partie « locale » et « in memory ». D'abord basse et guitare jouent un titre d’un groupe local choisi par Rob. Pour la Suisse, ce sera Procreation Of The Wicked de Celtic Frost avec Rob au chant (en hommage à Martin Eric Ain, le bassiste du groupe disparu récemment). Le titre est suivi d’un hommage de Rob à Cliff Burton avec l’ouverture de (Anesthesia) Pulling Teeth. Dans le public, on sent que les non-connaisseurs perdent de l’intérêt avec ces titres plus difficiles et moins connus. Comme quoi, même à plus de 100€ la place, il y a des gens qui viennent "pour voir"...

Le reste du groupe revient et se chauffe avec Last Caress. La fin du concert permettra de monter en puissance. Cela s’ouvre avec Fuel au cours duquel le groupe utilise un peu de pyrotechnie. Moth Into The Flame suit. Scénographie parfaite, avec des petits drones lumineux qui tournent et dansent au-dessus du groupe. Un des plus beaux moments du concert. La base se termine sur trois grands classiques qui font plaisir aux vieux de l’audience. Sad But True met en bouche, One régale et Master Of Puppets ajoute la cerise sur le gâteau. Le public est content, il a eu ce qu’il voulait.

Heureusement le groupe en a gardé pour le rappel. Spit Out The Bone ouvre ce dernier d’une manière convaincante. Rythme effréné et rupture, parfait pour rappeler ce pourquoi nous sommes là et où nous sommes (sur les écrans Metallica s’inscrit sur la croix blanche sur fond rouge). Nothing Else Matters réconcilie tout le monde et, comme un clin d’œil avant d’aller se coucher, Enter Sandman clôt un concert réussi, malgré un début hésitant. Le groupe reste encore un peu sur scène pour savourer (ils ne semblent même pas blasés, et ça c'est vraiment cool). Et, pour le plus grand plaisir du public, il jette des médiators labellisés et customisés pour la soirée. Chacun y va de son petit mot, avec celui de la fin pour Lars qui rappelle que le premier concert en Europe de Metallica, c’était il y a 37 ans (sic !) à Zurich. Une éternité dans un monde qui, aujourd’hui, jette après consommation. Preuve s’il en était que nous avons bien à faire à des Maîtres, nous pauvres pantins.

Un grand merci au groupe qui nous a donné le feu vert pour utiliser les photos du concert disponible sur son site


Setlist de Metallica :

01. Hardwired
02. Atlas, Rise!
03. Seek & Destroy
04. The Four Horsemen
05. Welcome Home (Sanitarium)
06. Now That We're Dead
07. Dream No More
08. For Whom The Bell Tolls
09. Halo On Fire
10. Procreation Of The Wicked
11. (Anesthesia) Pulling Teeth
12. Last Caress
13. Fuel
14. Moth Into Flame
15. Sad But True
16. One
17. Master Of Puppets

Rappel :

18. Spit Out The Bone
19. Nothing Else Matters
20. Enter Sandman