Groupe:

Anal Vomit + Iron Flesh + Lectern

Date:

27 Juin 2018

Lieu:

Niort

Chroniqueur:

hourkach

Mercredi 27 juin, l'alternateur de Niort et son association locale, Anthems Of-Steel, créent la sensation en accueillant sous leur toit les monstres d'Anal Vomit et leur Thrash / Black-Death chaotique, voire primitif. Les apparations du quatuor péruvien sont toujours un événement dans l'Hexagone car le groupe, plutôt discret depuis sa formation en 1992, ne s'empêche pas de saccager chacune des salles de concert rencontrée sur sa route. Les trois heures de bagnole m'ont longtemps fait hésiter à me rendre sur place mais lorsque j'ai appris que le quatuor partageait la scène avec les Italiens de Lectern et les Bordelais d'Iron Flesh, cet inconvénient s'est alors transformé en une simple évidence car je connais très bien la musique et la qualité intrinsèque de ces deux dernières formations. Après des semaines d'attente, il est enfin grand temps pour moi de prendre la route, l'excitation est à son comble...

J'ai à peine le temps de me garer devant l'alternateur lorsque je tombe nez à nez avec le bassiste chanteur de Lectern flanant dans les rues niortaises. Fabio m'invite immédiatement à le suivre dans la salle afin de boire une bière ou deux (ou trois...) en compagnie de ses collègues et assister aux différents réglages techniques des deux autres groupes présents ce soir. Nous parlons de ma chronique concernant leur dernier album, de leur tournée européenne et buvons des canons sans trop de modération. Ce n'est pas tout car l'invitation de Fabio va également me permettre de discuter avec les mecs d'Anal Vomit et de faire la connaissance de Julien, leader charismatique d'Iron Flesh. Le pied total ! L'ambiance est tellement géniale que je ne vois pas le temps passer mais les premiers coups de cymbales et hurlements de Fabio me rappellent que je n'ai pas fait trois cents bornes pour uniquement sucer des glaçons... Le rituel peut enfin commencer !

La salle a beau être minuscule, la sensation de vide va demeurer omniprésente tout au long de cette première partie de soirée car Lectern va devoir se contenter de jouer face à une quinzaine de personnes seulement. Ce calme ambiant ne perturbe pas pour autant les quatre romains qui débutent leur set grattes au plancher avec l'un de mes titres préférés, Precept Of Delator. Le combo enchaîne les morceaux avec une facilité déconcertante et prend un malin plaisir à me laminer la tronche avec son Death assassin et ses inombrables soli plus redoutables les uns que les autres. Leur dernier album, Deheadment For Betrayal, m'avait quelque peu déçu à sa sortie mais je dois admettre ce soir que mon opinion a radicalement changé en voyant Fabio et ses potes headbanguer sauvagement sur scène et me broyer les cervicales avec ses ralentissements à la Suffocation. Les personnes présentes ce soir ont beau acclamer chaleureusement le combo à chaque fin de chanson, Lectern ne parvient jamais à enflammer un public qui préfère rester statique même face à des pamphlets tels que Fluent Bilocation, Palpation Of Sacramentarian ou encore Falsifier Bribed In Desanctification. Je suis bien sûr un peu déçu pour Fabio et ses acolytes qui méritaient bien plus de considération mais je préfère rester égoïste en repensant à nos discussions endiablées d'avant concert et aux nombreux frissons collés par leur musique directe, puissante et sans concession. Après deux dernières raclées (Deheadment For Betrayal et Gergal Profaner), et quelques mimiques de Fabio à la Araya, les Italiens quittent la scène sous les applaudissements nourris du public et les beuglements de quelques mecs accoudés au bar. Ciao tutti, grazie ancora per tutto. Ci vediamo presto !

Setlist de Lectern :

01. Precept Of Delator
02. Daedal Of Thy Wrath Unchrist Altar
03. Provvid As Gemel Confessors
04. Fluent Bilocation
05. Dogmatician Of Predicator
06. Palapation Of Sacramentarian
07. Falsifier Bribed In Desanctification
08. Deheadment For Betrayal
09. Gergal Profaner

 

Il est vingt-deux heures pétantes lorsque Iron Flesh débarque sur scène et prend possession de la salle face à un public toujours aussi clairsemé. Cela me fout encore les glandes car Julien et ses camarades sont des musiciens passionnés, généreux et par-dessus tout bourrés de talent. Contre toute attente, la fougue du quatuor ainsi que la qualité de leur musqiue vont attirer la foule qui va soudainement venir s'agglutiner devant l'estrade et commencer à se casser les cervicales sur chaque accélération de l'artilleur de service. Iron Flesh passe en revue tous les titres de ses deux EP, (Demonized Nation, In Blood, Flesh And Fire, The Call Of The Ancient One, Consumed By Fire pour ne citer qu'eux) sans oublier de prendre le temps de remercier chaleureusement les organisateurs de la soirée et la quarantaine de personnes venues les soutenir. Je l'avais déjà souligné dans ma chronique concernant Scourge Of Demonic Incantations, mais ce groupe est un pur orgasme auditif et parvient toujours à nous surprendre en alternant passages rapides et parties mélodiques, voire mélancoliques.

Cette sorte de Death Old-School mélodique ne laisse personne indifférent et l'atmosphère putride créée au fil des chansons est tout simplement géniale à vivre. Que les choses soient claires, on est loin des ambiances de barjo avec pits ou slams en tout genre mais ça headbangue quand même gentiment devant la scène et la foule ne manque pas une seule occasion de hurler à chaque sollicitation enragée du frontman. Les brûlots défilent à une vitesse phénoménale  sans que je puisse reprendre mon souffle. Mais toutes les bonnes choses ont une fin car Julien annonce déjà la fin des hostilités avec le titre Soul Devour extrait de leur premier EP, Worship The Necrogod. Cette énième démonstration de force me colle toujours autant de pulsions mais je ne suis pas au bout de mes peines car Julien nous réserve une surprise de taille en annonçant la reprise de Troops Of Doom des dieux Sepultura. Le morceau est parfaitement exécuté et achève de la plus belle des manières un show totalement maitrisé. A l'image de Lectern, Iron Flesh est un groupe débordant d'énergie et au style dévastateur qui gagne à être connu s'il continue à composer des morceaux d'une telle efficacité. Je m'attendais à ramasser mais à ce point là... Respect les gars et surtout continuez comme ca !

Setlist d'Iron Flesh :

01. Prophetic Mass Murdering
02. Demonized Nation
03. The Call Of The Ancient One
04. In Blood, Flesh And Fire
05. Condemned To Submission
06. Consumed By Fire
07. Psychological Enslavement
08. The Nameless Fog (Magnum Innominandum)
09. Obscure Paranoid Visions
10. Soul Devour
11. Troops Of Doom (Sepultura Cover)

 

Je n'ai même pas le temps de digérer cet entremet bordelais car Anal Vomit monte déjà sur scène et débute son show par une intro instrumentale monstrueuse. L'ambiance était peut-être sympa durant la prestation d'Iron Flesh mais l'alternateur passe brusquement à l'heure sud-américaine sous les coups de cymbales et accélérations démoniaques du Sieur Joe Hoyle. Je ne connais pas vraiment ce groupe originaire de Lima mais j'avoue que sa musique puissante et directe va rapidement me faire regretter mon manque de culture musicale. J'ai souvent l'impression de replonger dans les années 1990 avec la naissance du Death Metal authentique, bestial et sans pitié. Je pousse même plus loin ma réflexion en affirmant qu'Anal Vomit me fait souvent penser aux premiers albums de Sepultura (surtout Morbid Visions et Schizophrenia sortis respectivement en 1986 et 1987) ou encore à des références Old-School comme Massacra. Ce ne sont pas les quatre enragés qui vont me contredire car, après avoir passé en revue plusieurs de ses opus (Gathering Of The Putrid Demons, Demoniac Flagellations et Into The Eternal Agony, sortis respectivement en 2009, 2005 et 2004), Anal Vomit se permet le luxe de reprendre le titre Antichrist de Sepultura. Cela fait presque vingt ans que j'écume les salles de concert en tout genre mais je vous garantis que c'est bien la première fois que je vois un groupe remettre à l'honneur un titre et une époque bannis par Max Cavalera lui-même.

Manfred Beingolea et Jano "Evil Priest" jouent leur rôle à la perfection en enchaînant les soli techniques et les hurlements dépressifs en essayant toujours de partager leur joie de vivre avec la foule. Une mention spéciale va tout de même au deuxième larron en question qui hypnotise sans cesse l'assemblée avec ses yeux révulsés et son style atypique gratte à la main. Le deuxième guitariste, Roy Noiser, n'est pas non plus en reste et passe son temps à headbanguer comme un forcené ou jeter sa tête en arrière comme un malade mental. Le public est séduit et passe son temps à gueuler des insanités ou brandir de grands verres de bière pour la plus grande joie du frontman et de ses trois partenaires.

L'ambiance atteint son apogée lorsqu'Anal Vomit répond aux supplications du public et accepte de rester sur les planches pour distribuer deux dernières claques (Sendero Siniestro et Temptation And Pleasure) sur nos pauvres tronches. En deux temps - trois mouvements, je profite des nombreux remerciements du groupe pour monter sur scène et shooter le quatuor au plus près de l'action. Joe Hoyle est ravi d'être filmé en mode "drum cam" et décide de durcir son jeu en faisant tourner ses cheveux au-dessus de ses toms et en détruisant sa caisse claire à coup d'accélérations plus rapides les unes que les autres. Le type était déjà impressionnant à regarder de loin mais alors, coller à sa batterie, je vous jure que j'en ai encore des frissons ! Quelle fin de concert magistrale !

Setlist d'Anal Vomit

01. Intro (Instrumental)
02. Escaping
03. Into The Eternal Agony
04. Slaved Minds
05. Kingdom Of The Cruelty
06. Ripping Corpses
07. Antichrist (Sepultura Cover)
08. Brebaje De Muerte
09. A Savage Fornication
10. Signo De La Bestia
11. Sendero Siniestro
12. Temptation And Pleasure

 

Faire trois heures de route pour cette affiche peut sembler à certains une pure folie. Il y a une part de vraie là-dedans mais je préfère affirmer que ce n'est pas de la folie mais de la passion et du respect pour des mecs qui ne trichent pas et vivent leur musique de la plus belle des façons. J'aurai souhaité voir un peu plus de monde mais Anthems Of-Steel peut-être fier d'avoir attirer dans ses filets trois groupes aussi talentueux et proches de leurs fans. Si vous voyez l'un de ces trois groupes sur une prochaine date de concert, n'hésitez pas une seule seconde et venez découvrir et acclamer un Death evil qui ne vous laissera pas indifférent. Je repars avec les cervicales broyées, des tas de CD dédicacés et des pentacles pleins les yeux...bref ce fut une soirée sacrément réussie !

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