Groupe:

The Night Flight Orchestra

Date:

16 Décembre 2017

Lieu:

Paris

Chroniqueur:

Blaster Of Muppets

Question concerts, et d'un point de vue personnel, 2017 a plutôt bien démarré. Avec Kreator au Bataclan, accompagné de Sepultura et de Soilwork, l'idée de me plaindre ne m'a pas traversé l'esprit. Un bon démarrage, c'est important, mais il ne faut pas louper la conclusion. Et pour bien boucler la boucle, quoi de mieux que terminer avec le premier passage en France d'un de mes gros coups de coeur de l'année ? Ce coup de coeur se nomme The Night Flight Orchestra et Amber Galactic, le troisième album de ces Suédois nostalgiques, est clairement l'un des disques que j'ai le plus écouté ces sept ou huit derniers mois ! Voir ce groupe en concert constituait l'une de mes plus grandes attentes du moment. En hiver, on a tous besoin d'un petit remontant et la perspective de terminer l'année sur une note chaleureuse et festive ne pouvait pas se refuser. Le 16 décembre 2017, au Nouveau Casino, ce serait donc la fête, c'était écrit... un petit avant-goût de vacances, en compagnie - entre autres - du même Björn Strid vu dix mois plus tôt avec Soilwork

Evidemment, vu la teneur musicale d'Amber Galactic, l'ambiance ne fut pas la même qu'à un concert de Soilwork ou Arch Enemy (groupe dans lequel Sharlee D'Angelo joue également de la basse). Non, là, ce fut moins belliqueux, plus léger et festif. Sur le papier, si l'on tient compte du contenu des trois albums sortis par le groupe, les Suédois pouvaient choisir les chansons qu'ils voulaient, on aurait droit à une succession de hits en puissance sur lesquels il serait difficile de ne pas sourire, chanter ou danser... mais j'avais tout de même une légère appréhension. En effet, bien que pourvu d'une grande confiance en ces musiciens de talent, je n'étais pas complètement serein... tout cela à cause d'une vidéo retraçant leurs exploits au festival Rock Hard l'été dernier sur laquelle je suis tombé il y a quelque temps. Sans trouver cela mauvais, je dois avouer que je n'ai pas été ébloui... car, sur cet enregistrement, Björn exposait quelques limites vocales sur certains titres (Midnight Flyer, notamment), et le groupe, bien que livrant une performance tout à fait honorable, semblait légèrement manquer d'aisance. C'était bien... mais pas top. Est-ce si surprenant après tout ? Ces musiciens n'ont quasiment jamais tourné pour leurs albums précédents, sont bien occupés par leurs groupes respectifs et ont très certainement bénéficié de très peu de temps pour répéter tous ensemble avant ce show estival... Est-ce qu'il allait en être autrement à Paris ce soir ? Oui, incontestablement ! 

Pas de première partie, ce soir, ce n'est que du NFO... Le nouveau Casino est une petite salle qui promet un moment forcément intime, elle est correctement remplie mais au final, on est quand même moins de trois cents passagers. Les lumières s'éteignent, la troupe monte sur scène (six musiciens et deux choristes vêtues telles des hôtesses de l'air), un message nous informe que nous décollons et nous souhaite un bon voyage... et c'est parti avec une première compo directe et bien rock qui sent le vieux Rainbow du début des années 80 : Midnight Flyer. En quelques secondes, toutes mes craintes s'envolent... Strid est en voix, le son est puissant, le groupe transpire la classe... on va s'éclater ! Le voyage continue... et on remonte le temps vers les seventies avec un superbe California Morning ultra catchy qui donne envie de rouler les fenêtres ouvertes sur le Golden Gate Bridge en braillant les paroles du refrain. Des bruits de talon résonnent dans les enceintes du Nouveau Casino : c'est Stiletto, encore un hit au refrain irrésistible ! Ayé, on chante, on bouge, plus rien n'a d'importance, les gens qui m'entouraient il y a deux jours au concert de Testament, Annihilator et Death Angel n'en sauront rien, hein... et puis merde, j'ai le droit, bordel !! Ok, pas la peine d'être grossier... je vais me reprendre.  

Comme on pouvait s'y attendre, le nouvel album est bien servi avec pas moins de six extraits au total. Qui s'en plaindra ? Pas moi, toutes les chansons jouées passent impeccablement sur scène. Je suis cependant bien content que le groupe ne joue pas ce disque en intégralité et propose des titres qu'une partie du public connaît moins (puisqu'ils proviennent des deux premiers disques sortis sur un tout petit label italien pas bien distribué par chez nous). Quatre chansons de Internal Affairs et quatre autres de Skyline Whispers viennent donc compléter la setlist. Tous les visages du groupe sont donc représentés. On a l'improbable et irrésistible hit disco-pop-rock Domino (ça tombe bien, le Nouveau Casino est justement équipé d'une boule à facettes), la mélancolique Transatlantic Blues, la Survivoresque Something Mysterious (on est à deux doigts de chanter Eye Of The Tiger), la plus hard et rapide Sail On, la mégatubesque Gemini, la plus progressive The Heather Reports impeccablement interprétée par des musiciens au talent indéniable... Ce que l'on ressent bien, pendant le show, c'est l'énorme plaisir (communicatif) que les membres du groupe prennent à jouer. Une chose tout de même, la communication avec le public pourrait être un peu plus développée, ça ne ferait pas de mal ; mais bon, c'est vraiment pour trouver un petit truc à redire...

C'est marrant de voir Björn accoutré d'une espèce de costard pistache, de lunettes de soleil et d'un béret. Il joue un personnage très différent de celui du frontman de Soilwork. Marrant aussi de regarder le grand Sharlee D'Angelo, qu'on a l'habitude de voir avec Arch Enemy, balancer des lignes de basse bien groovy... David Andersson exécute des solos épatants, Sebastian Forslund accompagne ses collègues aux percussions ou à la guitare ; bref, tout le monde est bon, c'est un régal. Après The Heather Reports, les compères quittent la scène et reviennent pour un rappel constitué de Living For The Nighttime (hit), Josephine (hit) et West Ruth Avenue (gros hit qui tue). Au total, le concert aura duré une heure et demie. C'est bien mais on en voudrait plus... Quatre-vingt-dix minutes, c'est une durée standard, on ne peut pas dire qu'on se fasse arnaquer mais, ce soir en particulier, ça passe bien trop vite.

Promesses tenues, The Night Flight Orchestra nous a fait passer un super moment. Bien que n'ayant pas beaucoup tourné auparavant, bien qu'il compte dans ses rangs des musiciens à l'emploi du temps surchargé, bien que n'ayant probablement disposé que de peu de temps pour répéter avant cette tournée, le combo a livré une prestation bien en place, énergique et fun. Ondes positives et maestria furent les ingrédients d'une soirée "feel good" où prédomina l'amour d'une musique d'une autre décennie, enlevée et revigorante. Quelle belle façon de terminer l'année ! Vous n'étiez pas là et vous videz de vos larmes coupables à la lecture de ces quelques lignes ? Séchez donc vos visages... le groupe prépare actuellement son prochain album et a bien l'intention de repartir en tournée dès que possible. Ne loupez donc pas ces messieurs à la prochaine occasion, on pourrait finir par croire que vous cherchez à vous punir. Alors, faites-vous du bien... vous n'êtes peut-être pas parfaits, mais vous devez tout de même bien avoir le droit à un peu de bonheur, non ? 

Setlist de The Night Flight Orchestra :

01. Midnight Flyer
02. California Morning
03. Stiletto
04. Star Of Rio
05. Domino
06. Transatlantic Blues
07. Montreal Midnight Supply
08. Something Mysterious
09. Sail On
10. Gemini
11. The Heather Reports
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12. Living For The Nighttime
13. Josephine
14. West Ruth Avenue