Puisque je me trouvais à Lyon en visite chez mon fils, j’en profitais pour couvrir la visite de Leprous au CCO de Villeurbanne. J’arrivais même à convaincre le fils en question de m’accompagner, pour une fois (il n’est pas du tout branché metal). Nous arrivons vers 20h, comme l’indiquaient certains sites de vente de tickets, mais malheureusement cette information était erronée et le concert commençait en fait à 19h. Du coup, le temps de récupérer mon pass photo, nous rentrons dans la salle, pour le tout début du concert d'Agent Fresco. Je suis désolé pour AlithiA et Astrosaur qui complètent l’affiche sur toute la tournée Malina de Leprous, mais je les ai complétement ratés. Qu'ils m'en excusent.
Je pense qu’il y a entre 200 et 300 personnes présentes ce soir dans la salle.

Agent Fresco

Je me glisse au premier rang et tente d’ouvrir mon sac photo, mais dans l’action le sac s’ouvre à l’envers et tout le contenu se répand par terre, dans l’obscurité. Me voilà alors à quatre pattes en train de courir après mes morceaux entre les jambes des gens : boitier, objectifs, bouchons. C’est la panique. Bilan : mon zoom 70-200 ne se fixe plus sur le boitier, sa baïonnette est endommagée. Il ne me reste que mon 50mm dont je ne suis même pas sûr de la fiabilité. Le groupe est complètement dans l’obscurité, à contre-jour et dans la fumée. Un cauchemar de photographe, qui déjà n’en mène pas large. Par contre question son, c’est excellent, il n’y a pas besoin de bouchon, et le mix est impeccable. Je ne connais rien de ce groupe, mais je découvre en premier lieu un chanteur assez impressionnant. En voix (très aiguë) et en présence scénique. La plupart des parties de chant sont en voix aiguë et claire, mais dans certains passages énervés, il n’hésite pas à hurler ses émotions, plié en deux sur son micro. Grand et chauve, Arnór Dan Arnarson, c’est son nom, en impose. Il arpente la scène, nous parle beaucoup entre les morceaux. Il est aussi pianiste et de temps à autre, il s’assoit au piano en entourant le micro autour de son cou. Les autres musiciens de ce combo islandais sont aussi polyvalents, puisque le guitariste (Þórarinn Guðnason) passe aussi au piano sur certains passages et le bassiste alterne basse et synthé. Le seul souci, c’est que le synthé et le piano sont tournés vers la batterie et donc quand ils jouent, ils nous tournent le dos. Seul le batteur Hrafnkell Örn Guðjónsson, reste fidèle à son kit, mais ne reste pas pour autant statique. En effet, le chevelu frisé secoue sa crinière rousse en jouant, on dirait le batteur du Muppet Show. Il assure un jeu assez bluffant. Certains morceaux sont carrément battis autour de ses rythmes alambiqués. Arnór nous explique que le bassiste habituel du groupe, Vignir Rafn Hilmarsson, n’est pas là, qu’il est rentré au pays car il vient d’être papa. La famille est la priorité explique-t-il. Le remplaçant n’est pas un inconnu, il s’agit de Nicolai Mogensen, de l’excellent groupe danois Vola. Il est carrément à la hauteur, mais reste souvent dans l’ombre.
Arnór annonce un morceau écrit à la mort de son père emporté par un cancer. Ça ne plombe pas pour autant l’ambiance, et il en profite même pour descendre dans la foule, muni de son très long fil de micro (je me demandais aussi pourquoi). Il fend la foule, serre des louches et vient escalader la barrière qui protège la table de mixage. Il chante un bon moment là avant de remonter sur scène. Il remercie sans arrêt le public visiblement reconnaissant de notre présence en nombre. Ils quittent la scène sous les applaudissements nourris, et Arnór annonce qu’il sera au stand merchandising d’ici quelques minutes. Quand nous quitterons les lieux après le set de Leprous il sera toujours au stand à discuter avec les fans. Un fan le congratule sur leur dernier album qu’il décrit comme une « master piece ». A vérifier.

Setlist de Agent Fresco :

Anemoi
He Is Listening
Howls
Pyre
Wait For Me
**Nouvelle chanson sans titre
See Hell
Angst
Bemoan
Dark Water
Eyes Of A Cloud
Catcher
The Autumn
Red

Leprous

La batterie de Leprous était déjà sur le côté de la scène, il ne reste plus qu’à évacuer le matos d’Agent Fresco. Il faut quand même une bonne demi-heure, c’est un peu longuet, mais heureusement pour nous, un violoncelliste s’installe et commence à se chauffer alors que les roadies sont toujours à l’œuvre. Il utilise un looper pour nous faire un véritable mini concert de violoncelle. Le son de cet instrument est vraiment magnifique, et le type est un monstre. Il s’agit en fait de Raphael Weinroth-Browne, jetez un œil à ça à l’occasion. Après cette superbe intro de onze minutes, Leprous attaque finalement vers 21h45 avec un son tout aussi puissant et bien réglé que pour Agent Fresco mais avec un peu plus de lumières. Ils ont aussi quatre ou cinq écrans qui diffusent des images vidéo en rapport avec les morceaux.
Le son est vraiment parfait, c’est un vrai plaisir, là encore pas de bouchon. Raphael Weinroth-Browne n’est pas là juste pour l’intro il accompagne le groupe tout au long du concert, d’ailleurs il a aussi participé à Malina, le dernier album de Leprous. On le savait mais je vous le confirme, Einar Solberg, le leader, chanteur et claviériste de Leprous, est un tueur. Alors, on aime ou on n'aime pas le chant aigu, mais cela reste une performance exceptionnelle. Par contre il parle peu, surtout comparé avec Arnór qui l’a précédé sur scène. Si Einar est un chanteur impressionnant, que dire de Baard Kolstad, aux fûts ? Là encore, il y a un niveau de malade, on aura vraiment eu droit à deux excellents batteurs ce soir. Du côté des guitares, c’est aussi intéressant et atypique. Celui qui est devant moi, c’est Robin Ognedal, le dernier arrivant dans le groupe. Il joue sur une classique telecaster, avec un son clair. De l’autre côté de la scène, son homologue, Tor Oddmund Suhrke, est plutôt adepte des guitares 7 ou 8 cordes et des riffs plus saturés. Il assure aussi beaucoup de chœurs. A la basse, c’est Simen Børven, il chante aussi des chœurs derrière Einar, et viendra aussi le suppléer aux clavier sur un des morceaux. Tout ce petit monde est coiffé à la norvégienne, c’est-à-dire, blond avec une mèche, qui, lors des nombreux passages énervés se transforme en mèche folle et trempée de sueur. C’est marrant. Einar a une façon assez étonnante de headbanguer, assez bas mais tout en continuant à jouer d'une main sur son clavier. La foule répond bien aux changements de contrastes nombreux de la musique de Leprous, ça part même en pogo sur un morceau et on a droit à trois ou quatre slammeurs et une slammeuse. Le reste du temps, tout le monde sans exception bouge et danse sur place, tant la musique de Leprous vous transporte et vous hypnotise. Seul moment un peu fatiguant : ce duo violoncelle/voix, beau certes, mais trop long. Ils terminent après une heure trente très intense et distribuent médiators et baguettes à la foule en liesse.

Nous, on en a pris plein les yeux et les oreilles, en plus le fiston a aimé. Soirée père-fils 100% réussie ! J’avais déjà vu Leprous en 2011 en première partie d’Amorphis (à Lyon déjà), et j’avais déjà aimé leur set. Par contre, il est clair qu’en six ans, ils sont passés à l’étape supérieure dans leur carrière. Et c’est, à mon avis, pas fini.

Setlist de Leprous :

Bonneville
Stuck
Acquired Taste
Rewind
Illuminate
From the Flame
Foe
The Weight of Disaster
Mirage
Malina
The Last Milestone
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Echo
The Price