C'est jeudi soir et pourtant c'est soirée rock au Rat's de Puget sur Argens. Eric s'est encore démené comme un beau diable pour nous proposer un plateau de qualité avec deux groupes en provenance de Suède, les filles de Besserbitch et les garçons de Dynamite. Pour ouvrir et chauffer la pièce, les locaux de Demande à ta Mère ont répondu présents. Je vous rassure, je ne connaissais aucun des groupes avant de franchir les portes toujours accueillantes du Rat's, simplement je fais confiance à Eric le gérant de la salle quand il me dit que Dynamite a tout fait péter lors de leur dernier passage (normal, vu le nom du groupe) et que les Besserbitch envoient du lourd. Un petit coup de Spotify pour me conforter dans ma décision de braver la météo peu favorable de cette soirée. A l'entrée, Eric nous accueille chaleureusement mais il est un peu dégouté : Météo pourrie, soir de semaine, pas de motivation pour bouger son cul de devant la télé, pour lui c'est un peu la cata avec moins de 50 personnes au Rat's ce soir.

Demande à Ta Mère

D'abord je tiens à m'excuser auprès des trois compères originaires de Fayence dans le Var, plus célèbre pour son spot de vol à voile que pour ses groupes de rock, car je suis arrivé en retard et j'ai raté une partie de leur set. Dommage car on s'est bien marré avec eux. Ils officient dans un style clairement ska punk comique, qui me rappelle un peu les rigolos de Ultra Vomit mais en version punk. Ils déconnent entre chaque morceau, tentent d'expliquer de quoi ils parlent ("la politique et le caca", les vegans, la moto ...). Ca chambre à tout va mais pour tout dire, on ne comprend pas trop les paroles dans le mix. Mais la bonne humeur est clairement là sur scène et elle est communicative. Les morceaux sont très courts, parfois vraiment très courts. Le trio se défonce bien, Boris, le guitariste siphonne quelques bières entre deux conneries. Lui et Jordan, le bassiste, alternent le chant dans un même morceau, comme s'ils se parlaient, Chuck Tonys, le batteur reprend souvent le refrain en chœur. Assez classique côté musique, mais bien marrant au demeurant. A la fin, ils nous remercient et nous précisent que si on veut des CD, des t-shirts, des posters, et bien en fait ... ils n'ont rien. La salle éclate de rire. Ça va bientôt s'arranger puisque après une petite discussion dans la salle avec Jordan, un EP est en cours de préparation. Si tu sais pas, demande à ta mère !

Setlist de Demande à ta Mère :

l'histoire sans fin d'un tabouret de bar
plein la bouche
rock n roll
8°6
Itelectualisation
ptit corp salade
libérez le cracken
bouteille de scotch
agelaste
fleurs fannées
parfum
moto

Besserbitch

Les filles se préparent la scène toutes seules, tranquilou. Elles opèrent à quatre, une chanteuse/guitariste Elin Andrée, qui a l'air pour l'instant bien timide, une guitariste, Sanna Fuchs, une bassiste Hella Collett et une batteuse, Elsa Fogelström. La timidité s'efface pour laisser place à un punk rock énervé. Le son est assez bon, un peu trop fort pour une si petite audience. Comme nos comiques d'avant, c'est la batteuse qui fait la plupart des chœurs pour appuyer les refrains de Elin. Ne connaissant aucun des albums, il m'est assez difficile de faire la différence entre les morceaux, le style n'aide pas non plus, mais je passe un très bon moment de rock sans concession, j'apprécie le jeu de basse de Sanna, casquette vissée sur la tête, elle secoue bien sa Fender. La petite foule, comme souvent au Rat's, fait quand même beaucoup de bruit et Elin, tout sourire, nous remercie. Leur style oscille entre du Ramones version fille et du Girlschool avec une pointe de grunge aussi. Un bon mix rock ‘n’n roll sans chichi et sans artifice, nature : Ça dépote juste bien comme il faut. Eric avait raison. Elin introduit chaque titre d'une petite voix timide, puis attaque le chant gueulé du morceau, le contraste est saisissant. Elles jouent la quasi intégralité de leur dernier album, Pretenders & Liars, sorti en 2016, mais aussi quatre titres de leur premier album, Moments Of Grey, sorti en 2014. Après une petite heure, elles quittent la scène et viennent taper la discute avec les spectateurs au stand merchandising. Je ne sais pas si elles tournent avec Dynamite ou si cette date était un hasard mais en tout cas, elle restent sur place pendant leur set et je vois même Sanna qui vient suivre et supporter Adam le bassiste de Dynamite (c'est ça la solidarité des bassistes !).

Setlist de Besserbitch :

Eye of Misperception
Skin
One More Drink
It’s Friday
Beat. Heart. Faster
The Eternal Procrastinator
Welcome To Shitholm
Laws Of Chess
My Resignation
I’m a Liar and You are a Loser
Gravity
Robots from Hell
Pretenders & Liars
Hate Anthem
Kill Death

Dynamite

Quelqu'un faisait remarquer sur Facebook, en voyant la photo du vieux Dodge Ram dans lequel le groupe voyage, que ça devait être compliqué par moments d'expliquer à la marée chaussée que c'est le nom d'un groupe et pas un camion chargé de TNT.

Je saluerai aussi la prouesse de voyager à quatre ou cinq là-dedans avec le matos et de se taper des milliers de kilomètres : on parle vraiment de Rock 'n' Roll ici les mecs ! Du pur, du vrai Rock 'n' Roll, qui sent la sueur et le cuir. Il ne faut d'ailleurs pas plus de trois mesures de Dynamite et de son grand et maigre chanteur guitariste pour comprendre qu'ils sont là pour faire de bon gros hard rock à la AC/DC époque Bon Scott. Lui, c’est Mattis Karlsson et il est tombé dans la marmite AC/DC quand il était petit. Le son est bon, toujours un peu trop fort pour la petite foule clairsemée de ce soir. Ce type de hard rock est beaucoup plus ma came, et je m'éclate sur les riffs intemporels des deux guitaristes, Mattis et son complice Sebastian Hed-Plikas. Les refrains sont super accrocheurs, pas besoin de plus d'une écoute pour les reprendre en chœur. L'accueil du public semble ravir les chevelus sur scène. Le balaise de la batterie, Jonas Hagström, tente en vain de la réduire en bouillie. Toute la salle dodeline de la tête et tape du pied, impossible de résister.

Le chant de Mattis est rocailleux à souhait, aigu, toujours juste, il fait une sacrée prestation, il est bien épaulé par sa section rythmique sans faille. Outre Jonas, le balaise derrière les fûts, Adam Butler manie une chouette Rickenbacker, tout en haranguant la foule. Je remarque que tous les membres portent sur leur blouson en jean une veste sans manche en cuir avec un logo du groupe dans le dos, façon biker, mais en plus, sur l'avant, une petite inscription indiquait leur rôle dans le groupe : vocals, guitar et drums. Je trouve ça très vintage et marrant. Ils ont bien peaufiné leur show en fait, il y a même quelques chorégraphies où tous les trois manient leur manche synchro, c’est bien rodé et bien en place.

Côté setlist, on aura droit à six titres de leur premier album, Lock ‘n’ Load, qui n'est plus dispo au merchandising, dommage car j’ai adoré Streetfighting Blues. Ce premier album était sorti en 2013. Ils ont aussi joué cinq morceaux de leur second album, Blackout Station, sorti en 2014. Et comme ça fait quand même trois ans depuis ce dernier, ils ont aussi joué des morceaux encore inédits sur album, j’en ai compté au moins quatre, dont un excellent Turn Up The Heat. J’espère que l’album suivant est pour bientôt. Au final, ils jouent un peu plus d'une heure et viennent à la rencontre du public. J'ai assez entendu de riffs sympas pour craquer sur leur dernier et second CD, seul disponible. Ils me le signent et m'expliquent que demain ils doivent être à Barcelone, après une grosse journée sur les routes avec le Dodge coincé entre le batteur balaise, les caisses de t-shirts et le matos. On a dit "Rock 'n' Roll" les gars, pas "chochottes". Il existe encore des vrais rockers et les mecs de Dynamite en sont un bel exemple. Dommage que nous ayons été si peu nombreux pour leur rendre hommage. Prenez garde quand même, ces rockers-là sont en voie d'extinction !

Setlist de Dynamite :

Wild and Untame
Stone Heart Rebel
Dynamite
Turn Up The Heat
It’s a Long Way Home
Burn It Down
Damn You Woman
Streetfighting Blues
Bring It On
Work Hard
Ride Alone
Hail Rock ‘n’ Roll
Midnight Lady
All Bark No Bite
Lock ‘n’ Load
Gone Wild

PS: Je remercie Christophe Corroyez pour nous avoir fourni des photos.