Groupe:

Devin Townsend Project + Between The Buried And Me + Leprous

Date:

05 Février 2017

Lieu:

Marseille

Chroniqueur:

Le menestrel sourd

Soirée metal déjanté au Moulin à Marseille.

Trois excellents groupes sur l’affiche réunie par Trendkill Entertainment.
Cela change des soirées « remplissage » où il faut se farcir une cascade de groupes de « première partie » (dont bien souvent la grande majorité ne présente aucun intérêt, notamment en terme d’originalité, mais qui amènent la famille et les potes au bar ; je sais, il faut bien vivre ou survivre comme disait l’autre) avant d’assister au concert de la tête d’affiche pour une petite heure seulement puisqu’il n’y a, évidemment,  plus assez de temps.

Escale à Marseille donc pour ce fabuleux trio de groupes dans le cadre d’une tournée de trente-huit dates à travers l’Europe.

19H00. Les Norvégiens de Leprous attaquent. Pour une demi-heure. L’acoustique est correcte sans plus, probablement en raison du format « hangar » de la salle qui compacte et étouffe le son par les basses.
Le quintet interprète six titres en se focalisant sur son cinquième et dernier album, The Congregation paru en mai 2015. Cinq titres en sont extraits. Le jeu de lumière à dominante rouge, rose et bleu accompagne idéalement la musique des lépreux. La voix du claviériste Einar Solberg est juste sublime. Quel chanteur ! Une fois de plus, je comprends pourquoi Ihsahn a fait de Leprous son backing band pour ses tournées.  Excellents ils sont.  Leur metal progressif à connotation death et post metal est particulièrement original et puissant. Et cette voix ! Trente minutes, c’est beaucoup trop court pour une telle classe. A voir absolument en tête d’affiche. Brillant et malheureusement encore insuffisamment connu (*).

Setlist de Leprous :

01. Foe
02. Third Law
03. The Price
04. The Flood
05. Rewind
06. Slave


Il est presque 19H50 quand les Américains de Between The Buried And Me (BTBAM) occupent à leur tour la scène du Moulin sept mois après leur bon concert au Jas’Rod des Pennes-Mirabeau (à quelques encablures du Moulin) en tête d’affiche. C’est avec délectation que je retrouve leur death metal progressif et aussi original que barré. Dans une configuration en quintet identique à celle de Leprous (chant/clavier, deux guitares, basse et batterie), ils interprètent six titres pour un set d’une quarantaine de minutes. Le  dernier album, Coma ecliptic, (le septième déjà pour ce groupe actif depuis le début des années 2000), sorti en juillet 2015, est mis en avant avec trois extraits ainsi que l’avant dernier, l’excellent The parallax II – future sequence  avec deux extraits.
Les changements de rythme et d’ambiance se succèdent. Comme à l’accoutumée, BTBAM réalise une belle performance et Tommy Rogers semble toujours aussi habité dans ses interprétations vocales. In fine, on en voudrait bien plus et ce n’est que frustration de voir un tel groupe jouer sur une durée aussi courte.

Setlist de Between The Buried And Me :

01. Fossil Genera – A Feed from Cloud Mountain
02. The Coma Machine
03. Lay Your Ghosts To Rest
04. Bloom
05. Option Oblivion
06. Life in Velvet


21H00. Le Devin Townsend Project (DTP) prend possession des lieux. La salle est copieusement remplie. Le site internet du Moulin affiche bizarrement une capacité de 1 500 places. J’aurais bien tablé sur la moitié (coefficient multiplicateur marseillais ?). Le Canadien soutient son dernier album Transcendence paru en septembre 2016. La setlist sera cependant plutôt équilibrée avec seulement trois titres, dont le magnifique Failure, extraits du dernier opus sur quatorze interprétés représentant dix albums studio du génial guitariste chauve. Il faut dire que sa discographie pléthorique tant au niveau du nombre de projets que du nombre d’albums devient, avec les années, un improbable dédale. On compte vingt-deux ou vingt-trois albums studio (selon la façon de les recenser) et on renoncera à étendre le décompte aux live. On se perd aussi au regard des différentes appellations (Devin Townsend / Devin Townsend Band / Devin Townsend Project / …).

DevinTownsend - Marseille 2017

La voix du dingue est dopée de « reverb ». Le son des instruments est un chouïa en dedans même si on retrouve cette sensation de mur du son propre aux productions de l’ancien leader de Strapping Young Lad. L’impasse totale est d’ailleurs faite sur la période Strapping (cinq albums studio) et c’est bien dommage. Le gars Devin semble doucettement renier cette phase de sa carrière pourtant essentielle. Je regrette aussi l’impasse sur l’excellent Terria, un des meilleurs albums du versatile guitariste.
Il n’empêche que Devin et sa troupe sont en pleine forme. Il est très proche de son public avec lequel il échange en permanence, toujours à l’affût de la moindre remarque ou attitude ou signe ou réaction venant de l’assistance. Décontracté et sympa. Un peu lassant néanmoins à la longue car le concert finit par perdre en intensité. Ce d’autant plus que la setlist est particulièrement hétérogène (pour ne pas dire qu’elle affiche un réel manque d’homogénéité). Elle inclut notamment des titres faiblards (le mielleux Where we belong  par exemple et  le Ih-Ah ! en rappel, même avec beaucoup d’humour, s’avère franchement dispensable sauf à vouloir rendre hommage à un Francis Lalanne des mauvais jours). Trop bavard le Devin ! Et trop systématique dans ses farces. Son sens de l’humour est réel et authentique mais bon… on est venu pour un concert, pas pour un spectacle de clown. A l’image de sa discographie, il a une tendance à la dispersion le "Frank Zappa du metal".
Bon concert dans l’ensemble quand même car Zappa-ta balance aussi des titres fabuleux comme Kingdom, Suicide ou Hyperdrive dans son style éclectique et caractéristique mélangeant du heavy, du death, du progressif, de l’industriel et quelques bizarreries dont il a le secret. On évoque souvent sa créativité, son originalité, sa virtuosité de guitariste mais il faut également souligner son immense talent de vocaliste. Impressionnant.
Le DTP quitte la scène après 1H40 incluant un rappel double. 

Belle soirée donc et superbe affiche. 
Je n’aurais vu aucun inconvénient à ce que le running order soit inversé ou que les trois groupes jouent pour une durée identique.
Juste pour essayer.


(*) Je m’étais déjà fait cette remarque il y a plus de cinq ans après avoir vu Leprous (après la sortie de leur troisième album Bilateral)  le 26 novembre 2011 en première partie d’Amorphis au Divan du monde à Paris … Et il y a plus de six ans en les voyant en première partie de Therion à l’Elysée Montmartre. Je me serais sans doute fait exactement la même remarque si un réveil trop tardif ne m’avait pas empêché de les voir en ouverture de la journée du dimanche pour le Hellfest 2013…
Le temps commence à passer pour les lépreux et leur notoriété reste à des années lumières en deçà de la qualité de leur musique.

 

Setlist de Devin Townsend Project :

01. Rejoice
02. Night
03. Stormbending
04. Failure
05. Hyperdrive
06. Where We Belong
07. Planet of the Apes
08. Ziltoid Goes Home
09. Suicide
10. Supercrush!
11. March of the Poozers
12. Kingdom

Rappels :
13. Ih-Ah!
14. Higher