Groupe:

Anthrax + The Raven Age

Date:

16 Mars 2017

Lieu:

Paris

Chroniqueur:

Blaster Of Muppets

On aura attendu bien longtemps avant de pouvoir enfin revoir Anthrax en tête d'affiche à Paris !! Cela n'était pas arrivé depuis la tournée pour l'album We've Come For You All en 2004, il me semble. Bien sûr, depuis, il y a eu des apparitions lors de certains festivals ou des premières parties (certains ont pu voir le groupe ouvrir pour Slayer il n'y a pas si longtemps) mais ça n'est quand même pas pareil, n'est-ce pas ? Heureusement, en ce 16 mars 2017, cette attente a pris fin ! Et pas pour n'importe quelle tournée : Among The Kings célèbre les trente ans du classique Among The Living. En plus de proposer l'album joué en intégralité, les Thrashers nous ont promis un petit set complémentaire composés de titres pour lesquels les fans ont pu voter. Ca promettait du lourd, n'est-ce pas ? Alors, promesse tenue ? On va voir ça. 

La soirée commence avec un nouveau groupe anglais nommé The Raven Age. Sur le net, on parle de heavy thrash moderne et aussi du fait que le combo comprend en son sein un guitariste du nom de George Harris (fils d'un certain Steve Harris, bassiste d'un obscur combo british faisant du heavy metal depuis quelques décennies, Iron quelque chose, j'ai pas bien retenu... mais vraisemblablement, il serait vaguement connu). Traitement "première partie" oblige, les conditions ne sont pas optimales. Le son est très fort mais brouillon et sans relief. Le groupe ne dispose pas de beaucoup de place sur scène mais ses membres font de leur mieux pour convaincre un parterre parisien visiblement pas ultra motivé. L'ambiance n'est pas mauvaise mais calme. Il faut dire qu'à ce moment de la soirée, la salle est encore loin d'être bondée et peu de gens connaissent le disque (dont la date de sortie française est prévue pour le lendemain du show). Les Anglais font preuve d'énergie et se donnent bien. Ils n'hésitent pas à communiquer régulièrement avec le public... mais personnellement, la musique du combo ne me procure pas de frissons. Malgré une certaine énergie, de bons musiciens et une attitude sympathique, je n'arrive pas à me passionner pour la chose. Les morceaux traînent un peu en longueur et les mélodies très metalcore, pouvant parfois évoquer un mix des oeuvres les plus récentes de Trivium ou In Flames, ne me séduisent pas vraiment. Je trouve cela un peu plat. Mais ce n'est que mon avis et d'autres personnes dans l'assistance semblent apprécier la prestation de The Raven Age. Et tant mieux... on ne peut pas plaire à tout le monde, c'est comme ça. Je ne vais donc pas m'attarder et dire trop de mal d'un groupe qui, en tout cas, sans être brillant, se défend objectivement pas mal sur scène. Il y a un public pour ce style de metal mais je ne suis clairement pas la cible, c'est tout. Pour le reste, même si la performance n'est pas forcément parfaite, ça n'est pas bien grave, laissons le temps à ces Anglais de se développer et se perfectionner, ils sont encore bien jeunes...

Setlist The Raven Age :

01. Uprising
02. Promised Land
03. The Death March
04. Eye Among The Blind
05. The Merciful One
06. Salem's Fate
07. Angel In Disgrace

 

Petit à petit, la salle se remplit... l'Elysée Montmartre n'est pas comble mais la fosse commence à ressembler à quelque chose de décent pour accueillir l'un des pionniers US du thrash metal. Enfin, quand les lumières s'éteignent, on a d'abord le droit à deux (!!) chansons sur bande : The Mob Rules de Black Sabbath (ça c'est pour le côté "légende du heavy metal") et Can't Turn You Loose version The Blues Brothers, qui renvoie plus au côté léger/fun qu'Anthrax affectionne également. A la fin de cette dernière, changement de ton et d'ambiance radical, ce sont les premiers accords de la chanson Among The Living qui résonnent dans l'Elysée Montmartre. Et c'est parti pour une bonne heure de thrash metal classique issu d'un des albums références du genre. 

Première constatation : l'absence de Charlie Benante. On le sait, le batteur n'assure pas toutes les dates. Cela fait un bon moment que c'est comme ça, il a des soucis de canal carpien et ne peut pas gérer toutes les tournées. C'est dommage mais c'est ainsi... mais bon, on n'a pas n'importe qui derrière les fûts quand même puisqu'il s'agit de son remplaçant habituel, monsieur Jon Dette (qui fait aussi des remplacements chez Slayer, Testament, Iced Earth quand il ne joue pas dans des groupes comme Impellitteri ou Meshiaak). Et le gars envoie, c'est rien de le dire ! 

Deuxième constatation : tout est super en place et ça pète du feu de dieu ! Avec l'âge, certains groupes finissent par paraître un peu mous... Ce n'est pas encore le cas d'Anthrax. Quelle pêche ! Quelle énergie ! Quelle claque !! Oui, d'accord, Scott Ian ne court pas partout et saute moins qu'à une époque, c'est sûr, mais bon faut savoir rester raisonnable aussi... il n'a plus trente ans, le bonhomme. Alors oui, Anthrax a vieilli mais affiche encore une forme qui impressionne. Et la musique balancée par les cinq musiciens reste très puissante. Après s'être pris quelques pépites comme Among The Living, Caught In A Mosh, puis One World ou I Am The Law (oui, l'ordre des chansons a été légèrement modifié par rapport à celui de l'album), l'assistance, loin d'être sonnée, en redemande et manifeste sa joie sur fond de moshpit endiablé, pogos et autres slams qui réchauffent la fosse. De temps en temps, mais assez rarement sur cette première partie de concert, Scott Ian prend la parole, comme lorsqu'il présente Skeletons In The Closet en précisant qu'il s'agit d'un de ses titres préférés d'Among The Living... Ou juste avant Imitation Of Life, nous rappelant que la chanson a été écrite en 86, époque où le président des Etats-Unis, Ronald Reagan, n'était autre qu'un ancien acteur de westerns... avant d'ajouter que, vu le contexte actuel, il semblerait que 1986 apparaisse maintenant comme une super époque, finalement.  

Un dernier mot sur cette partie du show consacrée à Among The Living. La plupart des chansons tue, ça ne surprendra personne, on connaît bien l'album en question. Un petit solo de guitare pas très intéressant (balancé par monsieur Donais) aura eu lieu juste avant A.D.I./Horror Of It All. Heureusement, il ne dura que deux minutes. A part ça, Frank Bello est toujours aussi allumé et largement le plus excité du gang. Toujours à faire des grimaces, gueuler, ouvrir grand la bouche, tirer la langue, lever un bras vers le ciel ou headbanger par dessus sa basse... Belladonna est pas mal non plus. Beaucoup plus sobre mais assez marrant, jouant régulièrement avec le public... et en plus, même s'il manque parfois un peu de précision (sur certaines mélodies), le vocaliste est globalement puissant et livre une belle prestation. Certains disent que, sur des concerts récents, Joey Belladonna s'est illustré comme le point faible du groupe... ce n'est pas ce soir que ça se vérifiera. 

Passons au deuxième set qui va durer une quarantaine de minutes. Six chansons qui, parait-il, ont été choisies par les fans. Ouais, "paraît-il". Bon, je ne vais pas trop faire mon mister grincheux parce que le groupe est super sympa et que les titres joués (pour la plupart) le sont tout autant (Fight'Em 'Til You Can't déboîte bien en live, Madhouse est un classique et me fait penser que j'aurais aimé entendre plus de compos extraites de Spreading The Disease, Breathing Lightning est une de mes chansons préférées de l'album For All Kings donc le choix me convient, on ne saurait se passer d'Antisocial, surtout en France...), mais quand même, c'est une (petite) arnaque. Oui, il se trouve que j'ai participé au vote pour les titres qui seraient joués par le groupe sur cette tournée et je me souviens très bien des résultats consultables sur la page net prévue à cet effet... et, c'est clair, le groupe a choisi ce qui l'arrangeait. Et comme par hasard, ce sont des morceaux qui, Be All, End All mis à part, faisaient tous déjà partie des concerts récents donnés par le groupe (l'année dernière, par exemple). Et non, Breathing Lightning et Blood Eagle Wings n'étaient certainement pas en tête de liste... Avant d'arriver à ces chansons, il y avait, bien mieux classées, des compos comme A.I.R., Medusa, Gung-Ho, Got The Time, Belly Of The Beast, The Devil You Know... Mais bon, j'imagine qu'appeler sa tournée Among The Kings et ne jouer aucun titre de For All Kings, ça devait un peu emmerder les gars du groupe alors ils ont probablement décidé de faire un compromis : faire un peu plaisir aux fans (trois des morceaux joués faisaient effectivement partie des six premiers à avoir été choisis par le public) et un peu à eux-mêmes aussi. On ne leur en tiendra pas trop rigueur, le concert est tellement bon... Mais comme j'aime bien chipoter, je trouve un peu dommage de lancer un "tiens, on va vous demander de voter pour les titres que vous voudriez entendre" et de ne finalement pas totalement respecter ce principe.

Allez, oublions ce petit détail car au final, le groupe nous aura bien mis notre claque ! Gros son, très bonne interprétation, un show d'environ une heure quarante-cinq et donc plus généreux que d'habitude (je les ai vus plusieurs fois depuis 1996 et jamais un concert du groupe n'a dépassé les quatre-vingt, quatre-vingt-cinq minutes à tout casser), une super ambiance dans la salle... Bref, une très belle soirée. Anthrax n'est peut-être pas tout à fait le combo de thrash ultime comparé à d'autres "concurrents" qui ont sorti des albums plus remarquables ces dernières années mais, sur scène, il reste largement l'un des plus convaincants. Allez, les gars, n'attendez pas douze ou treize ans avant de repasser, s'il vous plait. Merci d'avance. 


Setlist Anthrax :

01. Among The Living
02. Caught In A Mosh
03. One World
04. I Am The Law
05. Skeletons In The Closet
06. Efilnikufesin (N.F.L.)
07. Guitar Solo (Jonathan Donais)
08. A.D.I. / Horror Of It All
09. Indians
10. Imitation Of Life

11. Fight'Em 'Til You Can't
12. Breathing Lightning
13. Madhouse
14. Blood Eagle Wings
15. Be All, End All
16. Antisocial


P.S. : Les photos ne sont pas top, j'en conviens. Mais avant de me jeter des pierres, sachez ceci : mon appareil m'a lâché quelques heures avant le concert... j'ai fait avec les moyens du bord, c'est à dire mon téléphone.