Groupe:

Overkill + One Machine

Date:

03 Avril 2016

Lieu:

Paris

Chroniqueur:

Blaster Of Muppets

La dernière fois que les vétérans d'Overkill étaient passés par notre belle capitale, c'était en 2010 pour un concert mémorable donné (au Nouveau Casino) lors de la tournée promo de l'excellentissime Ironbound. Puis est sorti The Electric Age en 2012... on était prêt à remettre ça mais la tournée européenne a évité Paris. Même chose en 2014 pour la sortie du très bon White Devil Armory. Au final, il aura suffi d'être patient, car voilà que six ans après cette véritable leçon de thrash live qui m'a laissé pantois, Overkill est enfin de retour !! C'est le Trabendo qui les accueille ce soir, salle de capacité supérieure à celle du Nouveau Casino... mais, déception, celle-ci est loin d'être pleine. Que se passe-t-il ? On parle quand même d'Overkill, pas d'un obscur combo de troisième division ! Bref, je suis content d'être venu. Déjà qu'il leur a fallu un certain temps pour se décider à revenir... vu l'affluence de ce dimanche 3 avril, je me dis qu'on ne les reverra peut-être pas de sitôt. 

Les Américains n'ont plus véritablement de nouvel album à promouvoir, White Devil Armory étant sorti il y a plus d'un an et demi. Mais cette visite de courtoisie avant de rentrer en studio pour enregistrer son successeur fait bien plaisir. D'autant plus que la première partie est assurée par un groupe qui m'intéresse : One Machine. Ce combo formé par Steve Smyth (guitariste émérite qui est passé par des formations telles que Vicious Rumors, Testament, Nevermore ou Forbidden) vient nous présenter son deuxième album (bien plus réussi que le premier) avec un line-up qui a bien changé depuis ses débuts et de l'énergie à revendre. 

La musique proposée par One Machine est intéressante mais, comme je le craignais un peu, elle est quelque peu difficile à aborder en live tant elle est complexe. Le groupe fait du bon boulot, les musiciens sont impressionnants et Chris Hawkins prend son rôle de frontman très à coeur en communiquant régulièrement avec l'assistance mais les compos, mélange de fureur et de complexité, servies par un son perfectible n'ont pas toutes l'effet escompté. Alors, évidemment, quand on connaît bien l'album - ce qui est mon cas puisque j'ai eu la chance de le chroniquer - ça passe mieux... mais pour certains novices qui découvrent le thrash technique, agressif et prog de One Machine pour la première fois ce soir, on sent que c'est parfois plus difficile. 

The Final Cull, album sorti l'été dernier et enregistré avec (à peu près) ce line-up (le batteur Michele Sanna n'est plus là) est naturellement à l'honneur. Le set commence d'ailleurs avec l'excellente Forewarning, un morceau thrash bien direct et concis qui rappelle le style d'un certain Forbidden. Tout le monde est bien en place mais, pour totalement apprécier la performance, il aurait fallu un son un peu plus clair, moins brouillon au niveau des guitares. Sur les passages plus calmes ou les compos moins furieuses, il est plus simple de bien distinguer ce qui se passe, on appréciera donc comme il se doit des chansons comme The Final CullSummoning Of The Soul ou l'une des compos les plus catchy écrites par le groupe : la très bonne Armchair Warriors, extraite du premier album. Hawkins invitera d'ailleurs le public à participer sur le refrain avec ses fameux "One million lives, one million more" faciles à reprendre en choeur. Si One Machine avait plus de titres comme celui-là à son actif, je suis persuadé qu'il s'attirerait plus facilement les faveurs du public. 

Mais on ne va pas se plaindre, la prestation qui nous est offerte est de qualité. Le niveau technique des musiciens est impressionnant (Steve Smyth est un guitariste plus que compétent, bien sûr, mais ses compagnons ne déméritent pas) et on s'en prend plein la tête. Cependant, comme dit plus haut, certains morceaux manquent tout de même un peu d'accroche. La froideur ou la complexité de la musique sont toutefois contrebalancées par le chanteur, très sympathique et énergique, qui nous gratifie de quelques jolis mots en français (comme "merde" ou "putain"), se marre après avoir lancé la mauvaise intro (le sample de Summoning Of The Soul au moment où il fallait balancer celui de The Final Cull) et nous sollicite très régulièrement à base de "metal horns", "screams" ou autre "headbanging". Le vocabulaire du parfait petit metaleux est maîtrisé et dispensé avec générosité. Ce show de quarante-cinq minutes se clôturera avec des compos thrash bien véloces et terrassantes (Freedom And Pain et Screaming For Light), parfaitement exécutées. Dommage que le public ait été aussi peu fourni (la fosse était quand même assez vide au moment de la prestation du groupe et le peu de personnes présentes n'avaient pas l'air de bien connaître le combo) et que la reprise de Black Sabbath (l'excellente Computer God, bonus track proposée sur l'édition digipack du dernier album) n'ait pas été jouée, je pense que ç'aurait donné un final encore plus réussi et fédérateur. Un première partie de qualité, bien sympa tout de même, et un groupe à suivre... et à revoir dans de meilleures conditions sonores. 

Setlist One Machine :

01. Forewarning
02. The Distortion Of Lies And The Overdriven Truth
03. New Motive Power
04. The Final Cull
05. Armchair Warriors
06. Summoning Of The Soul
07. Welcome To The World
08. Freedom And Pain
09. Screaming For Light 

 

Overkill en concert, c'est la tuerie ! Si vous avez déjà eu la chance de voir ces New-Yorkais sur scène, vous savez de quoi je parle. Mais les années passées ont-elles fini par rattraper le combo ? Bobby Ellsworth a quand même cinquante-six ans maintenant... Après les premières minutes du set livré en ce 3 avril, je me dis qu'il est encore bien trop tôt pour s'inquiéter d'une éventuelle baisse de forme chez ces vétérans de la scène thrash américaine... Overkill est assurément toujours en pleine possession de ses moyens.

C'est Armorist qui ouvre le bal, histoire de bien donner le ton avec sa grosse rafale de double grosse caisse en continu. En parlant de batterie, ce n'est pas Ron Lipnicki derrière les fûts mais... quelqu'un d'autre ! Oui, je n'ai pas compris son nom. Bref, pas grave... le type - même s'il ne m'impressionne pas autant que Ron - est solide et fait bien le boulot malgré quelques petits pains... Pas de quoi ouvrir une boulangerie non plus. Armorist est terminée et ce sera tout pour l'album (White Devil Armory) dont elle est extraite car ce soir, Overkill a décidé de balancer un set très old school avec les classiques de rigueur mais aussi pas mal de petites surprises. En parlant de classique, on n'a pas eu le temps de se remettre de la première séance de matraquage que voilà déjà Rotten To The Core... les premiers rangs éructent dès qu'ils entendent les premiers accords... et bam, une claque de plus dans la tête ! Il faudra d'ailleurs avoir les joues bien résistantes ce soir, car des claques, le groupe a prévu de nous en distribuer pas moins de dix-neuf ! Merci, c'est généreux. 

La salle paraît bien plus remplie que pendant le set de One Machine et l'ambiance est logiquement plus festive et chaleureuse. Ce n'est pas la folie non plus, à vue d'oeil je dirais que le Trabendo n'est plein qu'aux deux tiers (grand maximum) mais les fans se sont rapprochés de la scène et la fosse paraît plus comble et agitée qu'elle ne l'était un peu plus tôt. Les gars de la sécurité ne seront d'ailleurs pas venus pour rien, le nombre de badauds se faisant porter par le public pour arriver sur la barrière qui sépare le public de la scène étant particulièrement élevé ce soir-là.

Pendant que ça pogote et slame à tout-va, le groupe balance ses compos efficaces et nous pulvérise les oreilles. Oui, le son est très fort. M'en fous, je passe peut-être pour un vieux mais là, je sors les bouchons ! Niveau chansons, Electric Rattlesnake, l'un des rares morceaux récents joués lors de ce show est imparable... Mais après celle-ci, ce sont les fans des premières heures qui vont être gâtés ! En effet, une petite succession de titres extraits du tout premier album, Feel The Fire, sont offertes en pature aux fans de thrash : Hammerhead, Feel The Fire et Blood And Iron... rien que ça ! Un peu plus tard dans la soirée, peu avant le rappel, on aura même le droit à Raise The Dead et Overkill !! Certains de ces morceaux n'ont pas été joués par le groupe depuis une éternité (pour ce qui est de Raise The Dead, un célèbre site de setlists précise même qu'il s'agirait de la première performance depuis 1986).

Que dire sur l'état de santé de nos chers quinquagénaires ? Eh ben ça va plutôt bien. Bobby nous vrille les tympans avec sa voix aiguë et toujours très acérée. Comme d'habitude, on ne pourra pas dire de lui que son chant est beau... mais quelle pêche, quelle agressivité ! Son petit gimmick à lui, c'est de quitter la scène quand il n'a plus rien à chanter et de débouler en courant au moment de reprendre (in extremis) le chant... ça crée un effet "agité" ou d'urgence qui lui va bien (et à la musique aussi). Bon, une fois, il arrivera une seconde trop tard mais on ne lui en tiendra pas rigueur. Le batteur mystère est concentré, pas ultra expressif... mais il cogne. DD Verni ne communique pas des masses avec le public non plus mais il a une vraie présence, une certaine forme de charisme... Derek Tailer est déjà un peu plus marrant. Il prend des expressions qui font peur (sérieusement, si je croise un gars qui me regarde comme ça dans la rue, je change de trottoir direct') ou fixe quelqu'un dans le public en marmonnant des trucs qu'on n'entendra jamais étant donné le style de musique pratiqué et le volume qui va avec. De temps en temps, il a des airs de clown sinistre... En tout cas, il est assez perché et, par conséquent, assez intéressant à regarder. Quant à Dave Linsk, ce n'est pas le plus expressif ou le plus exubérant des guitaristes, c'est vrai. Mais le gars est souriant, il joue bien et, surtout, il porte un t-shirt qui détourne la marque FedEx en la transformant en FedExodus... Marrant. 

Retour à la musique. Feel The Fire n'est pas le seul (vieil) album mis à l'honneur ce soir... il y a aussi Horrorscope. En fait, le groupe se prépare à donner un show spécial anniversaire en Allemagne avec les deux disques joués en intégralité. Le concert sera filmé pour une future sortie DVD. Ceci explique cela. Ce soir, le groupe répète déjà un peu pour ce futur événement (qui aura lieu le 16 avril prochain, il me semble) en jouant beaucoup de chansons extraites de ces deux albums. Du coup, on aura eu le plaisir de se prendre Coma, Infectious, Blood Money, Thanx For Nothin' et quelques autres (sept titres au total) en pleine face ! Les accalmies ou les pauses furent rares. Quelques ralentissements de tempo eurent quand même lieu (relativement avec Nice Day... For A Funeral, plus franchement avec la lourde Horrorscope) et le groupe quitta très brièvement la scène le temps de quelques intros passées sur bande. A part ça, ça a envoyé du très rapide et méchant pendant la majeure partie de la soirée avec, tout de même, quelques interventions sympathiques de Bobby ("on doit être à Paris car mon coeur bat plus vite", "vous faites ce que je dis, c'est moi le boss... parce que je le dis", "qu'il est bon d'être dans une salle remplie d'amis" ou "je sens votre odeur mais je ne vous entends pas" au moment du rappel) mais pas trop... Forcément, avec dix-neuf titres à caser en une heure quarante, pas trop le temps de raconter sa vie !

Pour bien terminer la soirée, le groupe refait un bref détour par un disque plus récent et nous inflige un percutant Ironbound (j'adore !) avant de nous achever en beauté avec les classiques indispensables que sont Elimination et Fuck You en guise de rappel ! 
Voilà, la messe est dite, Overkill est toujours aussi redoutable en concert. L'ambiance fut chaleureuse, le son énorme (peut-être un peu trop), la setlist plutôt généreuse et bien différente de celle proposée il y a six ans... Que demande le peuple ? Ben s'il a des choses à dire, qu'il fasse déjà en sorte d'être plus présent et de bien remplir la salle la prochaine fois... en espérant qu'il y en ait une. Les absents ont toujours tort ! Non mais... 

Setlist Overkill :

01. Armorist
02. Rotten To The Core
03. Electric Rattlesnake
04. Hello From The Gutter
05. Hammerhead
06. Feel The Fire
07. Blood And Iron
08. Coma
09. Infectious
10. Blood Money
11. Bare Bones
12. Nice Day... For A Funeral
13. Horrorscope
14. Thanx For Nothin'
15. Raise The Dead
16. Overkill
17. Ironbound
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18. Elimination
19. Fuck You