Groupe:

Blues Pills + White Miles

Date:

08 Mars 2016

Lieu:

Les Pennes Mirabeau

Chroniqueur:

Didier

Nous revoilà partis avec mon binôme Phil et ses objectifs sur les routes du Sud, pour rejoindre le Jas Rod où décidément il se passe toujours quelque chose, et ce grâce à des organisateurs hors pairs comme Virgil de Trendkill Entertainment. Après Mass Hysteria fin février, puis Myrath (que j’ai raté pour cause de déplacement professionnel, mais que l’ami Phil a pu couvrir) voilà que débarque les hippies Franco-Suédo-Americains de Blues Pills, qui sont parmi mes chouchous depuis que j’ai croisé l’EP Devil Man. Sauf que ce soir, c’est soir de semaine, et j’ai peur d’être déçu de l’affluence. Pourtant quand nous arrivons sur le parking balayé par un mistral glacial dont la région marseillaise est spécialiste, nous constatons que c’est déjà pas mal plein. Je suis content de voir que le public a compris qu’il allait passer un mercredi soir exceptionnel. Virgil me confirmera le chiffre de 250 spectateurs, que je trouve honorable pour un soir de semaine.

C’est le groupe White Miles qui ouvre le bal. C’est un duo guitare/batterie, que je ne connais pas. En tant que bassiste, un tel duo me parait contre-nature mais je suis prêt à me laisser convaincre. A noter aussi que c’est le groupe qui ouvrait pour les Eagles Of Death Metal, ce triste soir de novembre au Bataclan. Je me demande comment ils font aujourd’hui pour remonter sur scène sans appréhension. Respect !

Le batteur c’est Lofi, un furieux qui frappe sur son superbe set blanc comme un sauvage. Il ne chante pas mais remercie le public entre chaque morceau, visiblement surpris de l’accueil. Au centre de la scène c’est Medina, guitare et chant. Cheveux courts, en sous-tif noir sous sa veste en jean sans manche, tatouage dans le cou, elle assure à la fois dans un chant post punk, déjanté, super énergique, limite épileptique (Phil aura un mal fou pour arriver à la fixer sur JPG sans qu’elle soit floue), et à la guitare qu’elle joue avec un accordage qui permet pas mal de cordes à vide. Elle opère sur une superbe Telecaster, elle en a une seconde à côté en cas de souci, mis n’y aura pas recours. J’aime beaucoup le style de ce groupe, très brut de décoffrage 100% rock, qui sent la sueur et le poudre. Les deux musiciens sont totalement connectés du regard, c’est impressionnant. Le batteur nous dit qu’il est « wasted », il a l’air, mais bon je lui ai parlé ensuite et il avait l’air en forme, peut-être soulagé d’avoir fini un set dans lequel ils laissent, tous les deux beaucoup d’énergie.

Ils nous jouent pendant trente-cinq minutes un mix de leur premier album, et de celui qui sort le 1 avril sur SPV et qui s’appelle Duel. Une très belle découverte pour moi, et je vais de ce pas vous préparer une interview et une chronique de ce Duel. Comme quoi ça sert à ça, de bonnes premières parties. Sur le dernier morceau, Medina descend carrément dans la fosse jouer de la guitare au milieu de nous autres. Elle ne quitte pas Lofi du regard, et impressionne vraiment par son énergie et son jeu de guitare éthéré et original.
Ils quittent la scène et reviennent rapidement, non pas pour un rappel, mais pour débarrasser leur matos. Ils opèrent visiblement en mode commando et font tout, tout seuls, sans support. On monterait bien leur filer un coup de main tant ils ont été sympathiques.

Setlist de White Miles :

01. Can't Stop
02. In The Mirror
03. A Good Pennyworth
04. Insane To The Bone
05. Crazy Horse
06. A(N) Garde
07. Sickly Nerves
08. Into Your Spell

Le matos de White Miles débarrassé, on découvre le décor très sobre, un peu hippie, de Blues Pills. Des sidedrops avec un soleil d’un côté et une lune de l’autre, et basta. Vers 22h10 les musiciens montent sur scène. Elin est en combinaison pattes d’éléphant noire, avec un gros nœud sur le côté, en cache cœur. Elle ne porte pas de chaussures sur scène. On découvre un Dorian barbu (par rapport au Hellfest 2014 en tout cas), qui, du coup, fait plus âgé.

Il est en veste et chemise mais finit par tomber la veste au bout de quelques morceaux. Il semble un peu tendu au départ, puis de plus en plus souriant au fur et à mesure de l’avancée du concert. Du bassiste Zak, on ne voit que des longs cheveux, qui tombent jusque sur ses cordes. Il joue (aux doigts principalement) sur une bonne vieille Rickenbacker (alors qu’on l’avait plutôt vu sur un Gibson Explorer ces dernier temps), et le son claque sa mémé, comme il se doit. A la batterie, c’est désormais André Kvarnström (suédois aussi) qui officie. Il a remplacé Cory Berry, parti en 2014.

Elin est la clef de voûte du groupe. Elle bouge beaucoup et ça contraste avec ses musiciens qui sont très statiques. Elle utilise un tambourin très régulièrement, et même des maracas sur un des morceaux. Elle vient régulièrement sur le devant de la scène pile en face de Phil qui n’en perd pas une miette à travers son objectif.

Le son est excellent, le duo basse/batterie assure un groove de dingue même quand Dorian part en solo. Il a un toucher de guitare particulier, j’aime beaucoup son style. Sur certain solos il fait penser à Ulrich Roth, c’est de la haute voltige, souvent planant, toujours très inspiré. Il joue souvent les yeux fermés, et utilise pas mal de wah-wah. Il n’utilisera qu’une seule guitare, qui ressemble à une Les Paul mais qui est une Corsa (marque américaine qui fabrique des guitares réputées avoir le son de Peter Green – une des idoles des Dorian).

Après une courte intro instrumentale, ils attaquent avec un morceau qui permet à Elin de chauffer sa voix, puisque le couplet de Blacksmoke est calme alors que le morceau s’excite sur le refrain avant de revenir à un couplet un peu planant. La salle est déjà aux anges. Le son est fabuleux, la voix d’Elin superbe, nos oreilles et nos yeux sont braqués sur elle. Bliss et surtout Astralplane font chauffer l’ambiance. Sur cette vidéo de Astralplane vous pouvez voir de quoi je parle quand je vous dis qu’Elin magnétise la foule. La grosse tête devant c’est celle de Phil qui shoote sa millième photo de la belle suédoise. 



Mais No Hope For Me, est pour moi le point d’orgue de la soirée. C’est une ballade où la voix d’Elin est magistrale. Vous pouvez revivre le moment grâce à cette enregistrement capté le soir même, et de (relativement) bonne qualité sonore.



Si ça ne vous rappelle pas la voix de Janis Joplin, je crois que vous êtes mûrs pour rester devant "The Voice" ou "les Victoires de la Musique".

L’autre grand moment sera High Class Woman, à la rythmique ronflante, une vraie tuerie. Le clou sera le dernier morceau où Elin attaque l’intro a cappella de Devil Man (qui est l’intro sur l’EP d’origine mais pas celui de l’album). C’est avec ce morceau que j’ai découvert Blues Pills et la voix d’Elin. Je vous conseille d’aller écouter cet EP si vous ratez la tournée de Blues Pills. Cette intro est mythique. Et ce soir, Elin m’a vraiment scotché.

Ils jouent deux morceaux de prochain album, qui leur a pris beaucoup de temps explique Elin et qui sortira en août. Le premier est un super morceau avec un gros travail de batterie (Elements and Things) et le second, une ballade acoustique jouée en duo Dorian/Elin (Yet To Find) avec un son de guitare acoustique assez Led Zep, et qui servira de bonus track. 

Au final ils auront joué huit des dix morceaux de l’unique album, plus les deux de l’album à venir et un Dig In, extrait de l’EP Devil Man. Le tout pour une heure dix de concert. Je sais pas vous, mais moi j’en aurais bien repris encore une petite dose, même s'il me reste deux heures de route et que je bosse demain. Dans la salle, tout le monde reste ébaubie : quel talent regroupé dans ce groupe, entre la guitare magique et inspirée de Dorian, la section rythmique millimétrée de Zak et André et surtout la voix envoûtante et le charme naturel d’Elin ! Sur ce dernier point, je ne pense pas me tromper beaucoup en avançant que 90% des mecs dans la salle sont tombés amoureux d’Elin ce soir, moi compris :-)

Sauf que c’est Dorian qui est le seul à revenir taper la discute avec le public après le show, il me signe mon CD. Il se rappelle aussi très bien de l’interview houleuse que nous avions faite au Hellfest et où nous avions été interrompus en plein milieu de la discussion. Sympa ce Dorian, mais bon j’aurais bien fait une petite photo avec Elin aussi !!


Setlist de Blues Pills :


01. Intro/Blacksmoke
02. Bliss
03. Astralplane
04. No Hope Left for Me
05. Gypsy
06. Dig In
07. Elements and Things
08. High Class Woman
09. Ain’t No Change
10. Little Sun
11. Yet To Find
12. Devil Man