Annoncée de longue date, j’attendais cette soirée au Rat’s avec impatience. Même en plein mois d’août, il est aisé d’atteindre la salle, située dans une zone commerciale, et tout aussi facile de se garer. Comme d’habitude, il y a déjà une bonne ambiance à mon arrivée. Les portes ne sont pas encore ouvertes et je peux discuter un moment avec Seb (Dead Rose Entertainment), qui organise la soirée, et Eric le patron de la salle. On parle concerts à venir et il me montre que nous sommes mentionnés sur ses flyers : respect. La salle a accueilli pas mal de bonnes choses cette année, elle finit la saison en beauté et se prépare à attaquer la rentrée avec déjà quelques dates incontournables pour moi (Hypno5e, Electric Mary, Truckfighters). Le foodtruck propose des grillades, des sandwichs et des crêpes à des prix raisonnables, par contre ils n’ont pas de bière, servie à l’intérieur. Mais encore faut-il arriver à se glisser à l’intérieur, avant l’ouverture des portes. Nous y arrivons.

Plini

Il est temps de rentrer dans la salle, où il ne fait pas froid, pour aller écouter le jeune guitariste australien Plini. Je ne connaissais pas du tout, mais j’ai beaucoup aimé les extraits que j’ai entendus, et surtout sa façon de concevoir et promouvoir sa musique sur son site. Le projet musical qui porte son nom est intéressant et, même si c’est le projet d’un seul homme, les musiciens qui sont présents ce soir à ses côtés sont aussi ceux qui sont crédités sur les dernières productions de Plini. On trouve Simon Grove à la basse et Troy Wright à la batterie. Ce sont des inconnus pour moi, mais des musiciens vraiment talentueux. A la seconde guitare, on trouve le Canadien Aaron Marshall, qui n’est autre que le leader d’Intervals, le groupe qui vient ensuite. Plini et Simon utilisent des guitares sans tête de manche, ce qui reste toujours assez surprenant. Plini est très décontracté, très souriant aussi. Entre deux morceaux, il nous explique que c’est la première fois qu’il vient en France. Une autre fois, il remercie les Animals As Leaders de pouvoir partager leur tour bus, de se réveiller tous les matins et voir leurs tronches. Dans ce style musical, tous les musiciens sont excellents, il n’y a pas de doute ; mais si nous sommes venus tâter du guitariste talentueux, les musiciens qui les accompagnent sont vraiment impressionnants aussi. Coup de chapeau aux batteurs de ce soir, qui assurent une syncho de dingue avec les riffs des guitares et balancent des plans de batterie et des signatures de temps exceptionnelles. Plini et Aaron sont très bien en place, très complices. Ils se font des petites chorégraphies sur les arrêts nets et les passages syncopés multiples de leur musique. Le public apprécie, Plini aussi, et il nous remercie avant d’expliquer qu’ils vont juste échanger leurs places avec Aaron et revenir.

Setlist de Plini :

Heart
Away
Atlas
Moonflower
Selenium Forest
Electric Sunrise
Paper Moon

Intervals

Parce que Intervals est aussi le projet d’un seul homme ou presque, puisque Aaron Marshall en est le leader depuis le début. L’expérience d’ajouter un chanteur n’a visiblement pas contenté Aaron, qui a décidé de revenir en mode tout seul et instrumental, et ce qui du coup colle parfaitement au thème de cette tournée. Il est donc accompagné à la guitare par Plini, à la basse par Simon Grove, qui troque sa basse sans tête pour une grosse basse cinq cordes style P Bass. Par contre, un nouveau batteur fait son entrée puisque Travis Orbin (un ex de Periphery) remplace Troy Wright. J’avais déjà trouvé Troy excellent, eh bien Travis est tout aussi impressionnant, voire plus. Lui et Simon sont calés, c’est un truc de dingue ! Côté musique, Intervals reste donc intrumental et guitar oriented, mais dans un style différent de Plini, plus vif, plus djent. J’aime beaucoup et le reste de la salle aussi, car ça commence à bouger. Un des morceaux bien speed, Blackbox, m’a particulièrement impressionné. Aaron, comme Plini, est très l’aise, il s’éclate et ses plans de guitares sont atomiques. Comme pour Plini, les deux guitaristes se font des petits plans hyper synchros, visiblement les deux musiciens se sont bien trouvés et nous, on passe un excellent début de soirée. Quand ils terminent, la batterie de Plini et Intervals est retirée, celle d’Animals As Leaders est déjà prête, recouverte d’un drap noir. Dans la salle, la température est montée d’un cran et il est grand temps d’attraper une bière au bar et d’aller la siroter dehors.

Setlist d’Intervals :



Animals As Leaders

Pendant que je profitais de la douceur de la nuit varoise, la salle s’est bien remplie (deux cent cinquante personnes environ). Je me faufile sur le côté gauche. Quand les musiciens débarquent, je suis devant Javier Reyes et Tosin Abasi est dans le coin opposé. Je ne vais pas faire mon relou et jouer des coudes pour me caser devant Tosin, comme certains autres photographes. En plus, la scène est peu éclairée et il est plutôt sombre de peau (sans blague !), 'va falloir s’accrocher pour faire de bonnes photos. Tant pis. Je suis là pour le concert en priorité.  Animals As Leader attaque à 22:20, après que leur technicien a accroché une cam' sur un des poteaux, tournée vers les musiciens. Tosin a pris du muscle, c’est une caisse. J’avais en tête les vidéos de son premier album. Il est devenu impressionnant. Sa guitare est tout aussi impressionnante. : une huit cordes comme celle de Javier. Mais celle de Tosin a le corps taillé sur mesure pour qu’il la cale sur sa cuisse, et elle est frettée en éventail (faned frets). Son acolyte Javier et lui sont totalement synchros. Ils nous laminent littéralement sous leurs riffs de dingue. Il faudra trois morceaux avant que Tosin nous parle enfin. « Comment ça va ? » lance-t-il avec un bon accent américain. C’est clair que ce ne sont pas de grands causeurs. Ils préfèrent laisser parler leurs guitares. Et ça tombe bien, ils font ça très bien. On peut voir des trucs hallucinants comme du slap, du tapping multi doigts et autres accords improbables. Les rythmiques syncopées du groupe sont hypnotiques et leur façon de jouer incroyable. Leur batteur, Matthew Garstka, est aussi impressionnant. Sur de nombreux morceaux, les deux guitaristes se tournent vers lui pour des plans hyper synchros et alambiqués dont ce style musical est friand. C’est Tosin qui, bien sûr, assure les solos. Et là, c’est aussi une belle démonstration. La salle est ébahie et bouge assez peu. Il faudra attendre le dernier morceau, CAFO, pour que le premier et dernier pogo démarre devant la scène. Tosin annonce que c’est la fin et il termine avec un « Au revoir » très américain. Il est 23:30 et j’en aurais bien repris une ch’tite lichette, moi.

Setlist Animals As Leaders :

Tooth And Claw
Wave Of Babies
Tempting Time
Lippincott
Ka$cade
Nephele
Price Of Behaving Badly
Weightless
Physical Education
Mind Spun
The Woven Web
CAFO

Très belle soirée au Rat’s ce soir avec trois groupes homogènes et de grande classe. L’intensité est allée crescendo, le schéma idéal. Les oreilles ont un peu chauffé, j’avais oublié mes bouchons, et Eric, le boss, m’a expliqué qu’ils avaient été dévalisés pour Exodus le week-end précédent (tu parles…). Une chose est sûre, nous avons eu affaire à des musiciens de grande classe, et pas que du côté des guitaristes. Bon, bien entendu si t’es guitariste ce soir, t’es mal. Ou tu ressors ex-guitariste, ou bien au contraire tu ressors remonté à bloc.