Groupe:

Powerwolf + Orden Ogan

Date:

10 Septembre 2015

Lieu:

Paris

Chroniqueur:

Blaster Of Muppets

Grande messe Heavy Metal et loups-garous : en ce 10 septembre, c'est bien Powerwolf qui réunit ses fervents disciples au Trabendo parisien. L'événement devait d'abord se tenir à la Maroquinerie, mais c'était sous-estimer la popularité grandissante du combo allemand. Du coup, le show a lieu dans une salle plus grande ; opération qui ne s'avère pas vaine car le concert est complet. Il faudra probablement prévoir encore un peu plus grand la prochaine fois...  Mais avant de nous préoccuper du futur de Powerwolf, attardons-nous déjà sur son présent. L'affiche présentée sur cette tournée est plutôt sympa puisqu'elle inclut également Orden Ogan et Xandria, autres valeurs montantes du metal mélodique germanique.

Ne m'en voulez pas, je ne vais rien pouvoir vous dire sur Xandria... Ce n'est pas faute d'avoir essayé mais les impératifs professionnels et la "magie" des transports en commun parisiens (Ironie ! Ironie !) m'ont empêché d'assister à la prestation de ce groupe. Une suggestion cependant : essayez de convaincre le big boss des Portes du Metal de me rémunérer (généreusement si possible) pour mes bons et loyaux services de sorte que je puisse laisser tomber mon vrai job... et je ne louperai plus aucune première partie. Promis. Je pense que cela mérite réflexion...

Heureusement, je suis arrivé à temps pour Orden Ogan... ce qui m'arrange pas mal étant donné que Ravenhead (leur petit dernier) est l'un des meilleurs albums de Power Metal sortis cette année, tout simplement. Ce soir, le temps de jeu (un peu moins de trois-quarts d'heure) ne sera pas franchement différent de celui dont le groupe avait bénéficié lorsqu'il avait ouvert pour Hammerfall en février dernier... même si l'on perd une poignée de minutes et une chanson au passage. Le set commence, comme il y a quelques mois de cela, avec l'intro du nouvel album suivie de F.E.V.E.R. L'accueil est enjoué, le groupe balance son metal énergique et mélodique avec conviction, ça commence bien.

Autre point commun (que le début de setlist) avec le concert du mois de février : la pauvreté des éclairages. La dernière fois, Seeb et ses sbires étaient à peine éclairés. Ce soir, c'est encore pire. On tremble à l'idée de ce que cela pourrait donner pour leur prochaine venue... il faudra probablement amener des lampes de poche. Certes, ce n'est pas le principal mais, quand on essaye de faire quelques photos sympas (et qu'on n'est pas armé d'un appareil photo bazooka qui coûte un bras), c'est tout de même un peu compliqué et frustrant. En revanche, le son est plutôt bon. Fort et puissant. Pas parfait cela dit, car si on entend globalement bien les instruments (les guitares, notamment, sonnent mieux que la dernière fois) et le chant de Seeb, les micros des autres membres du groupe sont mal réglés... Par moment, on se demande même s'ils sont allumés. Alors cela ne gâche pas le concert mais, niveau rendu, c'est quand même discutable car les chansons du groupe sont riches en choeurs et là, avec la seule voix de Seeb, les refrains paraissent un peu "nus"... moins impressionnants que sur album en tout cas. 

A part ce malencontreux détail, tout se déroule très bien. Le groupe est toujours aussi performant et décontracté. Niels, à la basse, arbore un sourire communicatif et Seeb se fend (comme à son habitude) de quelques interventions marrantes visant surtout à taquiner le public et le pousser à faire plus de bruit. Ce soir, on se fait vanner parce que nous sommes (soi-disant) moins bruyants que Londres (où le groupe a joué hier). Moui... Pourtant, l'ambiance est très chaleureuse et joviale. Après avoir acclamé le groupe suite aux excellentes F.E.V.E.R et Deaf Among The Blind (quel riff !), le public tape des mains en rythme sur We Are Pirates comme un seul homme... D'ailleurs, Seeb en profite pour sortir son appareil photo et nous filmer. Alors qu'il nous explique à quel moment on doit hurler "FATE" sur le refrain de l'imparable To The End, il se fait huer parce qu'il nous cherche en nous disant qu'on n'arrive pas à la cheville des Londoniens... Il nous répondra que ce n'est pas la peine de le huer parce que nous ne sommes pas assez bons, ce n'est quand même pas sa faute ! Bien joué ! 

Le choix des chansons privilégie évidemment l'album le plus récent. On a donc le droit à quatre extraits de Ravenhead, dont Here At The End Of The World et Sorrow Is Your Tale sur l'intro de laquelle certains membres de l'assistance se feront plaisir avec un peu de crowdsurfing. Ces deux morceaux n'avaient pas été joués lors du dernier passage des Allemands, c'est sympa d'avoir un peu de nouveauté à se mettre sous la dent. Le reste, on connaît... mais c'est sacrément bon. Le passage instrumental au beau milieu de To The End est toujours à couper le souffle (quel solo !!) et The Things We Believe In (avec son "Cold, dead and gone!!" hurlé par les fans sur le refrain) conclut parfaitement le set.

Tout cela est plutôt positif mais il me tarde de voir Orden Ogan jouer plus longtemps et dans de meilleures conditions. Après quatre très bons albums, des années de concerts donnés en première partie de groupes plus connus, il serait grand temps qu'une tournée en tête d'affiche voie le jour. Joie et excitation, mon petit doigt me dit que c'est pour 2016... avec au moins une date en France !! Bon, ok, je l'avoue, ce n'est pas vraiment mon petit doigt mais Seeb qui me l'a confié après le concert. Vivement ! 

Setlist Orden Ogan :

01. Orden Ogan / F.E.V.E.R.
02. Deaf Among The Blind
03. We Are Pirates
04. To The End
05. Here At The End Of The World
06. Sorrow Is Your Tale
07. The Things We Believe In

 

Passons maintenant au plat de résistance. J'avais trouvé l'ambiance très bonne pendant le concert d'Orden Ogan... mais, en fin de compte, ce n'était pas grand-chose comparé à la folie furieuse qui a régné au Trabendo pendant le show des loups-garous d'outre-Rhin !!  

Dès les premières minutes du show, qui démarre sur Blessed And Possessed, la fosse est en ébullition. On sue à grosses gouttes, ça bouge dans tous les sens, ça chante, ça crie... les Parisiens sont heureux de recevoir Powerwolf et leur ont reservé un de ses meilleurs accueils. L'ambiance ne perd pas en intensité sur les trois titres suivants, tous extraits de l'album précédent : Preachers Of The Night. Mention spéciale à la compo Amen And Attack, toujours redoutable... qui amène avec elle son lot de pogos qui vous remettent les idées en place. 

La scène est beaucoup plus lumineuse et colorée que pour Orden Ogan (ayé, la coupure d'électricité est terminée ?!) et le son est impeccable. On peut profiter du spectacle (aussi bien sonore que visuel) dans des conditions optimales. Le contraire aurait été étonnant mais bon, on a déjà vu des têtes d'affiche aussi mal servies que leurs premières parties. Tout va bien. 

Et la soirée se poursuit dans une ambiance de folie en mélangeant les nouvelles compos (Army Of The Night) et les classiques espérés (la toujours excellente Resurrection By Erection... on ne s'en lasse pas). En termes de répartition, les deux derniers opus se taillent quand même plus de la moitié de la setlist à eux seuls... Mais cela n'a pas grande importance, vu que tout se ressemble un peu (beaucoup) chez Powerwolf depuis quelques disques, ces messieurs peuvent bien jouer ce qu'ils veulent, ça ne change finalement pas grand-chose. Ouh là, je sens que cette phrase ne va pas plaire à tout le monde... Parlons plutôt d'autre chose. Depuis leur dernier passage à Paris la scène a un peu changé... La modification la plus notable, c'est l'ajout d'un clavier supplémentaire de l'autre côté de la batterie, comme ça Falk Maria Schlegel, homme qui ne tient décidément pas en place, peut bouger encore plus que d'habitude. Il faut dire que la salle du Trabendo est un peu plus grande que celle du Divan du Monde. Cela me laisse songeur... Combien de claviers y aura-t-il la prochaine fois si le groupe continue à avoir de plus en plus de succès et joue sur des scènes plus grandes ? Trois ? Quatre ? Bon, on parlait de Schlegel... Je n'ai jamais vu un musicien passer aussi peu de temps derrière son instrument. Dès qu'il le peut (entre chaque chanson mais aussi, parfois, pendant une chanson), il s'échappe et vient chauffer le public. Ce gars a dû être chauffeur de salle dans une vie antérieure. On a donc l'impression d'avoir non pas un frontman (rôle déjà très bien campé par Attila Dorn) mais deux. 

Puisqu'on est en train de s'intéresser au rôle de frontman, je glisse un petit mot sur Attila. Le chanteur est très fort. Il a un certain charisme, une présence qu'on ne peut nier... beaucoup d'humour, mais aussi une vraie voix. Il reproduit avec aisance, puissance et justesse les lignes de chant que l'on connaît sur album. Même s'il n'est pas mon vocaliste préféré, je suis assez impressionné par la qualité de sa prestation. Lui-même a l'air très satisfait, non pas de lui-même, mais de la réaction des fans. Plusieurs fois dans la soirée, il nous dira qu'il a des frissons ou la chair de poule. D'ailleurs, sur scène, il n'est clairement pas le seul... On voit bien les regards à la limite de l'incrédulité que s'échangent les musiciens quand le public chante la mélodie entonnée par Attila sur Armata Strigoi. On en profitera pour apprendre qu'on est des "fucking amazing singers !!".

L'assistance est tellement chaude qu'elle a du mal à se calmer. Quand le batteur démarre son solo, il est d'ailleurs obligé de s'interrompre car il n'arrive pas à se concentrer tellement les fans chantent fort (toujours la mélodie d'Armata Strigoi, une chanson qui ne devrait pas disparaître des setlists du groupe de sitôt). Marrant. 

Quelques chansons plus anciennes viennent se rappeler à notre bon souvenir et Dead Boys Don't Cry ou Werewolves Of Armenia sont accueillies comme il se doit. Sur cette dernière, le public a été (encore une fois) bien chauffé par Dorn et Schlegel qui ont organisé une belle compétition de "Hoo ! Ha !" en divisant la salle en deux. L'humeur est toujours bonne... Un fan crie à Attila qu'il est sexy, ce qui étonne et fait rire le frontman. Le fan insistant demande s'il peut l'embrasser... Le chanteur répond "No, you can't kiss me... but you can dance. Dance for me !!"... et le gars s'éxécute sous les "Dance ! Dance ! Dance !" du public. 

N'oublions pas la musique... Vous vouliez du tube ? Il y en a eu. Notamment We Drink Your Blood ou Sanctified By Dynamite toujours aussi entraînantes en concert. Le show s'achève sur un All We Need Is Blood bien balancé. Le groupe semble heureux, l'assistance jubile... Mission accomplie !

Voilà, la messe est dite. Powerwolf, en concert, c'est aussi carré que fun ! A la base, j'avoue avoir davantage fait le déplacement pour Orden Ogan que pour la tête d'affiche. Non pas que je n'aime pas Powerwolf, évidemment. J'ai trois CD de ce groupe et je les trouve très bons... mais, franchement, la grosse tendance à la décalcomanie adoptée par les Allemands (Blessed And Possessed est la copie carbone de Preachers Of The Night qui, lui-même, pompait allègrement ses deux prédécesseurs) ces derniers temps m'a laissé, cet été notamment avec la découverte de leur dernier opus, un goût légèrement amer. Mais sur scène, la recette des loups-garous est imparable. Le show est énergique, chaleureux, drôle, grand-guignol... bref, idéal pour laisser le temps d'une soirée son quotidien derrière soi et s'éclater. Les gars ont du savoir-faire et le public, participant à la fête comme si demain ne devait jamais arriver, ne s'y trompe pas. A voir... et à revoir. 

Setlist Powerwolf :

01. Blessed And Possessed
02. Coleus Sanctus
03. Amen And Attack
04. Cardinal Sin
05. Army Of The Night
06. Resurrection By Erection
07. Armata Strigoi
08. Drum solo
09. Dead Boys Don't Cry
10. Let There Be Night
11. Werewolves Of Armenia
12. In The Name Of God (Deus Vult)
13. We Drink Your Blood
14. Lupus Dei
-------------------------------------------
15. Sanctified By Dynamite
16. Kreuzfeuer
17. All We Need Is Blood