Red Dragon Cartel

Interview date

15 Mai 2014

Interviewer

Blaster of Muppets

I N T E R V I E W

Interview Jake, Ronnie, Jonas & D.J.


Le 15 mai 2014, le groupe Red Dragon Cartel a tenu une conférence de presse à son hôtel deux heures avant de monter sur la scène du Forum de Vauréal. Voici un compte-rendu (presque) exhaustif des différentes questions posées (par les journalistes présents) et réponses données ce soir-là.

Jake, nous n’avons pas eu de tes nouvelles pendant un long moment, qu’est-ce qui t’a finalement décidé à faire partie d'un groupe à nouveau ?

Jake : Quand Ronnie Mancuso et Kevin Churko m'ont contacté pour me proposer d’enregistrer un album, notre entretien a été très décontracté, nous avons parlé d’écrire des chansons, nous avons donc décidé d’entrer en studio et de voir comment cela se passerait là-bas… Cela n’engageait à rien, et ça m’arrangeait (il sourit). Ainsi nous avons commencé à composer des chansons et quand nous avons terminé la première, “Feeder”, nous nous sommes demandés qui nous pourrions choisir comme chanteur et nous avons pensé à Robin Zander. Il a enregistré ses pistes chant pour ce morceau et le résultat nous a beaucoup plu. C'est à ce moment-là que j’ai eu envie d’aller plus loin et d’enregistrer un album. À ce moment-là, nous pensions chercher un chanteur différent pour chaque morceau, car nous ne formions pas vraiment un groupe, et parce que cela nous semblait amusant d’écrire une chanson et d’essayer de trouver l’interprète idéal pour ce morceau… Et c’est ainsi que nous avons procédé pour deux ou trois autres compos, puis nous nous sommes rendus compte que cela ne conviendrait pas pour les tournées car cela serait trop difficile d’organiser nos concerts si nous n’avions que des chanteurs guests sur cet album. Nous avons donc finalement décidé de former un vrai groupe et de terminer l’enregistrement de l’album tous ensemble. Alors nous avons organisé des auditions, et ces deux types (regardant Darren James Smith et Jonas Fairley) ont été auditionnés en tant que chanteurs, nous en avons choisi un pour être notre chanteur et l’autre est finalement devenu notre batteur, bien qu'il soit également un très bon chanteur.

Ce n’est pas facile de trouver des informations à ton sujet et sur tes activités depuis 1993.

Jake : En fait, je n'ai rien fait d’intéressant (rires). Je n’ai rien fait du tout. J'ai passé mon temps à regarder la télé et à jouer avec mes chats. J’ai continue à composer, tout seul, sur mon ordinateur… Mais je suis plutôt discret. Je n'aime pas être au centre de l'attention alors je ne sors pas et je ne fais pas de folies. Du coup, personne ne me remarque vraiment… Je suis un type tranquille.

Ronnie : Mais je peux dire qu'il a composé pas mal d’excellents morceaux. Quand nous avons commencé à travailler ensemble, il nous a propose des tas d’idées et de riffs de guitare, ce qui nous a beaucoup aidé à composer les morceaux de notre album. On ne peut vraiment pas dire qu’il n’a rien fait. Nous avons commencé à composer nos morceaux en nous inspirant de ses idées et de la musique qu’il a composée pendant toutes ces années. Nous avons dû choisir parmi un tas d’excellents morceaux et il en reste encore beaucoup d’autres. Nous pourrions probablement enregistrer trois ou quatre albums avec toutes ses idées.

Jake : En plus, en restant discret, je pouvais faire une recherche sur moi-même sur Google pour découvrir ce que l’on racontait sur moi. Apparemment j’avais des ennuis ! On m’a même aperçu en train de fumer du crack dans une ruelle, allongé dans le caniveau avec une bouteille à la main…Tu sais, quand tu es trop discret et que les gens ne parviennent pas à obtenir des informations sur tes activités, tu découvres des rumeurs très intéressantes à ton sujet. (rires)

Ronnie : Oui, il y a pas mal de fausses rumeurs qui circulent…

Jake : Ouais, quelques unes sont fausses (rires).

Quels sont vos projets à venir pour Red Dragon Cartel ?

Jake : Euh… Quelqu’un d’autre? (rires)

Ronnie: Et bien, ça dépend de toi. (rires)

Jonas : Et bien, cinq albums, trois tournées mondiales… Non, vraiment, cela dépend de Jake à présent…

Jake : On y va pas à pas, tu sais. Je n'avais rien fait pendant un long moment. Alors pour l’instant, je me concentre sur cette tournée, jouer en Europe et au Japon…Puis laisser faire les choses et voir ce que nous avons envie de faire par la suite. C’est assez mystérieux, n’est ce pas ? Je suis un type mystérieux ! (rires)

Etes-vous satisfaits des réactions qu’a suscité votre album jusqu’à présent ?

Jake : Ouais, ouais… surtout de notre premier concert… j'étais très heureux car on m’a accordé beaucoup d’attention. (le reste de la bande sourit ou rit, au ton ironique de Jake). Vous n’en avez pas entendu parler chez vous, si ?

En fait si, j’ai lu des articles à ce propos et je voulais justement vous poser une question à ce sujet…

D.J. : Et bien, je ne dois pas en parler (il sourit). Car il ne s’est rien passé ! (rires)

Jake : Pour revenir à ta question, l’album a suscité pas mal de réactions. Bien sûr, j’ai lu quelques commentaires négatifs car il y a toujours des gens qui disent qu’ils auraient préféré que l’album ressemble à ceux d’Ozzy ou à ceux de Badlands, des gens qui disent qu’il est trop moderne ou qu’il ne l'est pas assez… Mais en tout cas je suis heureux qu’il y ait autant de réactions.

Ronnie : Mais en général, je trouve que nous avons reçus des commentaires très positifs et que les gens ont vraiment l’air d’apprécier l’album. Nous en sommes vraiment fiers.

Sur cet album, Darren chante la moitié des chansons et des invités chantent l'autre moitié, allez-vous procéder de la même façon pour votre prochain album ? Ou allez-vous demander à Darren de chanter toutes les chansons cette fois-ci ?

Jake: Il faudra qu’on trouve un autre chanteur ! (tout le monde rit).

Ronnie : Non, en fait, nous aimerions vraiment enregistrer un vrai album de Red Dragon Cartel, que tous les membres du groupe y participent et que Darren chante toutes les chansons.

Ok, peut-on parler de votre premier concert, celui que Jake a mentionné précédemment ? Darren comment as-tu réagi suite à cette expérience ? J’imagine que cela a du être difficile de recevoir autant de mauvaises critiques de la part d’internautes qui t’insultaient et qui disaient que tu étais un mauvais chanteur…

D.J.: Ouais ! Putain qui sont ces mecs?? (rires)

Ronnie : D'une certain façon, c'était un moment TMZ, tu sais, un genre d’instant paparazzi qui crée un certain buzz et qui attire beaucoup l’attention et puis, nous sommes sortis et Darren a prouvé qu’il était capable d’assurer et il continue de le faire depuis alors nous sommes tous très satisfaits et c’est tout ce qui compte.

Jonas: Ouais, les loups n’accordent aucune importance à l’avis des moutons ! (rires)

D.J. : Oui, il a fallu que je trouve ma place dans le groupe. Je n’étais sans doute pas prêt pour ce premier concert et j’ai cru que les gens seraient heureux d’entendre chanter un Ozzy ivre… Oups ! Tu sais, il faut continuer d’apprendre et de progresser… J’aurais préféré que nous donnions de plus petits concerts pour commencer car nous n’avions jamais joué ensemble sur scène avant cela. C’était notre tout premier concert. Personne ne m’a conseillé ou ne m’a dit ce qu’il fallait que je fasse alors j’ai décidé de suivre mon instinct et c’était vraiment une putain de mauvaise idée. Mais j’ai retenu la leçon, je ne suis pas débile…et je n’ai pas reçu d’autre critique depuis.

Jake : En tout cas nous avons reçu BEAUCOUP d’attention… nous n’en aurions pas reçu autant si nous avions bien joué. Nous sommes peut-être très doués en marketing !? Ha ha ha…

Comment avez-vous choisi le nom de votre groupe ?

Jake : Et bien j’aurais beaucoup aimé avoir une histoire intéressante à raconteur à ce sujet. Pouvez-vous en inventer une ? Quelqu'un ? (il regarde les autres membres du groupe)

Ronnie : Il n’y a aucune anecdote intéressante à ce sujet, nous avons juste trouvé que ce nom sonnait bien et que les différents mots s’accordaient bien les uns aux autres. C’est difficile à expliquer, nous avons juste choisi quelques mots et le résultat nous a plu.

Alors cela n’a aucun rapport avec le cannibalisme ?

Jake : Le cannibalisme ?? D'où tiens-tu ça ?

Et bien vous savez, le roman de Thomas Harris avec Hannibal Lecter : Dragon Rouge ?

Jake : Ooohh, OH ! Je n’y avais jamais pensé ! Non, non. Mais je m’en souviendrai la prochaine fois que l’on me posera cette question… (rires)

Ronnie : Cela vient en partie des origines asiatiques de Jake…

D.J. : Et les dragons sont vraiment cools… Et le rouge est une très belle couleur! (rires)

Jake : Mais sinon, Black Dragon Cartel aurait été un nom encore plus sympa, mais beaucoup de groupes ont déjà le mot “black” dans leur nom (rires). Nous avons essayé avec d'autres couleurs mais cela ne sonnait pas bien… White Dragon Cartel aurait eu une connotation raciste …

D.J.: Fuchsia…pas terrible… (rires)

Jake: Si nous avions joué du blues, Blue Dragon Cartel aurait été un nom sympa …

Était-il important pour vous dès le départ d’enregistrer un album varié et d’intégrer des éléments old school, d’autres éléments plus modernes, parfois heavy, parfois bluesy, un instrumental au piano et autres dans votre musique ?

Ronnie : Nous avons choisi les chansons qui nous plaisaient le plus et bien qu’elles soient différentes, je pense que l’album reste cohérent. Aujourd'hui, il y a beaucoup d’albums qui ne sont pas suffisamment cohérents. On y trouve des chansons qui pourraient toutes être utilisées comme singles et pour finir, quelques chansons qui sonnent comme des bonus… Je trouve que cet album est cohérent dans sa totalité et qu’il permet de découvrir les différents styles musicaux dont Jake s’inspire pour composer. Et tous ces morceaux s’accordent bien les uns avec les autres, c’est le plus important.

(Au groupe) Avez-vous votre mot à dire lorsque vous travaillez avec ce type (Jake E. Lee) ?

Ronnie : Oui, absolument. Évidemment, il a un caractère assez fort et il sait ce qu'il veut.

Jonas : Depuis le début dans le groupe, nous avons un seul credo : “c’est celui qui a la meilleure idée qui gagne.”

Jake : Il se trouve juste que les meilleures idées sont toujours les miennes ! (rires)

Jonas : Absolument (rires). Mais en tout cas nous choisissons toujours la meilleure idée, peu importe de qui elle vient.

D.J. : Mais pour le prochain album, les choses seront différentes parce que la majorité des morceaux de cette album a été composé alors que nous n’avions pas encore créé de vrai groupe. Jake et Ronnie ont travaillé ensemble. J’ai rejoint le groupe plus tard avec Jonas quand ils ont décidé de recruter un batteur et un chanteur. Nous avons donc aussi participé mais la plupart des morceaux avaient déjà été composés. A présent nous formons un groupe et nous continuons d’apprendre à nous connaître.

Avez-vous prévu d’enregistrer certains de vos concerts pendant cette tournée ?

Ronnie : Je suis sûr que quelqu'un s’en occupe (rires) ! Nous n’avons pas besoin de le faire, après chacun de nos concerts nous retrouvons des vidéos sur YouTube le jour suivant. Non, nous n’avons enregistré aucun concert pour le moment, mais nous le ferons sûrement bientôt.

Jake, les premiers albums de Badlands sont devenus très difficiles à trouver, avez-vous des projets de rééditions ?

Jake : Pas que je sache… Quand nous avons enregistré ces albums, nous avons reçu beaucoup d'argent du label, des avances assez conséquentes… nous sommes entrés en studio, nous avons joué au billard… Nous avons dépensé beaucoup d'argent pour enregistrer ces albums, on déconnait pasmal et du coup nous devions beaucoup d’argent au label… je n’ai pas touché un centime pour ces albums et je ne pense pas en toucher s’ils devaient être réédités… Cela ne dépend pas de moi, ces albums appartiennent au label et à mon avis cela serait difficile de les rééditer, j’ignore si cela arrivera, gardez-les précieusement si vous les avez.

Jake, comme tout le monde le sait, tu as joué avec Ozzy Osbourne dans les années 80. A ton avis, est ce que les gens te parleront toujours de cette époque ? Cette période a-t-elle toujours un impact sur ta vie actuelle ou est-elle complètement révolue ?

Jake : Bien sûr, cette période a toujours beaucoup d’importance aujourd’hui. Je suis fier de ces souvenirs. Nous avons donné de super concerts et nous avons compose d’excellents morceaux.… Cela ne me gène pas que l’on me parle de cette époque et qu’on m’y associe. Mais oui, c'est du passé alors je n’y pense pas vraiment mais oui, je suis sûr que je serai toujours connu comme Jake E. Lee ex-membre du groupe d’Ozzy Osbourne.

Quels souvenirs gardes-tu de ton concert avec Ozzy lors du festival Américain de 1983 ? Certaines personnes auraient eu peur de jouer sur scène devant une véritable marée humaine ? Mais tu avais pourtant l’air heureux et pas du tout effrayé, comme si tu considérais tout cela comme un jeu.

Jake : Ouais ! Deux mois plus tôt, je jouais dans plusieurs petits clubs à Hollywood et là j'ai joué devant 300 000 personnes. Je n’ai pas eu le trac, je n’ai pas eu peur, c’est comme ça… cela me donne l’air zen mais je suis comme ça. Je dis cela mais quand nous sommes arrivés sur place, nous n’avons pas fait les balances, alors je suis monté sur scène et j’ai vérifié ma guitare et je savais que la première chanson que nous devions jouer était “Over The Mountain”… Et lorsque j'ai entendu Tommy Aldridge commencer son intro à la batterie je me suis rendu compte que je ne savais plus comment démarrer le morceau. Je ne sais pas pourquoi mais pendant plusieurs secondes j’ai eu un trou de mémoire et je n’ai pas su quoi jouer… Alors j’ai appelé mon technicien et lui ai demander de fredonner le début et il m’a chanté les premières notes, tu sais (il les fredonne) “ta dada!”, Je l’ai remercié et deux ou trois secondes après, je me suis tourné face au public et j’ai joué la chanson (rires). Cela n’aurait pas marché s’il m’avait répondu : “Quoi??” (rires). Donc, ça doit m'arriver d’avoir le trac... mais je ne m’en rends pas vraiment compte.

Ta vision de l’industrie musicale a-t-elle changé lorsque tu as rejoint le groupe d’Ozzy ?

Jake : Avant Ozzy, je croyais que les musiciens faisaient tous partie d’une grande famille, qu’ils prenaient tous soin les uns des autres et qu’ils se respectaient toujours. Evidemment à l’époque d’Ozzy j’ai réalisé que dans ce milieu les gens faisaient tout ce qu’ils pouvaient pour t’exploiter au maximum… Et je me suis aussi rendu compte que pendant les années 80 les musiciens n’étaient pas très solidaires, ils étaient plutôt en concurrence du genre : “Ok, tu veux jouer avec moi ? Tu vas voir ce dont je suis capable. Je suis meilleur que toi”. J’ai trouvé cela triste.

Tu as travaillé avec Sharon Osbourne pendant plusieurs années ? Comment s’est passé votre collaboration ? Quel genre de manager était-elle ?

Jake : Sharon est une merveilleuse et adorable ... (tout le monde rit) Tu sais, je m’entendais très bien avec elle, je ne plaisante pas. Professionnellement parlant, elle avait ses propres opinions et a fait ce qu'elle pensait nécessaire... mais sur le plan personnel, je m’entendais beaucoup mieux avec elle qu’avec Ozzy. Cela se passait bien avec lui, mais on ne parlait pas beaucoup. Mais avec Sharon, cela se passait très bien. Je la trouvais très sympa.

Aimerais-tu à nouveau faire partie du groupe d’Ozzy Osbourne ?

Jake : Non, pas vraiment. J'ai fait mon temps avec Ozzy. Et tu sais, il avait des exigences très précises en matière de composition. J'ai essayé de faire des choses nouvelles et de lui dire que cela ne devait pas toujours ressembler à ceci ou cela. Et je pense que c'est l'une des raisons pour lesquelles je me suis fait virer du groupe par la suite parce que je voulais innover musicalement. Il disait toujours "Non, il me faut un autre “Paranoid”, il me faut un autre “Crazy Train”, composes moi ça !". Donc je pense qu'il n'était pas satisfait des chansons que j'ai proposé pour notre troisième album, et je crois que c’est pour cela qu’il m’a laissé partir. Alors, revenir ? Non, je ne l'imagine pas vraiment.


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