Overkill

Interview date

Février 2010

Interviewer

Blaster of Muppets

I N T E R V I E W

Interview Bobby Ellsworth


La sortie de "Ironbound" coincide avec le moment où le groupe s'apprête à fêter vingt-cinq années de carrière. Comment allez-vous célébrer cela? Devrions-nous nous attendre à un événement particulier? Un nouveau DVD ou un album live?

C'est quelque chose dont nous sommes justement en train de discuter. Mais je pense que l'idée pour l'instant est surtout de se concentrer sur "Ironbound" parce qu'il vient tout juste de sortir. Overkill n'est pas un groupe qui s'arrête de travailler. Une des raisons pour lesquelles nous pouvons fêter vingt-cinq ans de carrière est qu'il y a eu... vingt-cinq ans justement ! Il n'y a pas eu de pause, de séparation, certaines personnes quittent le groupe parce qu'elles le veulent... En tout cas, je pense que vivre le jour est important, donc "Ironbound" est ce qui compte le plus pour le moment. Nous sommes justes au début de l'année, et nous venons de commencer la tournée du nouvel album. Donc, nous célébrerons nos vingt-cinq ans, c'est certain, et il y aura un DVD, je peux l'affirmer dans la mesure ou notre contrat nous l'impose... et il sera lié aux vingt-cinq ans du groupe.

"Ironbound" est, à mon humble avis, votre meilleur album depuis toujours. D'où est venue l'inspiration?

De toute évidence, il y a eu une vraie alchimie. Nous avons beaucoup tourné pour l'album précédent, et "Ironbound" a été crée en grande partie sur la route. Ce n'est pas quelque chose qui a été pensé, c'est venu très naturellement, et quand ça se passe comme ça, je pense que ça élève l'alchimie et la complicité au sein d'un groupe à un tout autre niveau. Nous sommes revenus de la tournée et avons enregistré l'album dans la foulée, l'alchimie était là, cette inspiration toute fraiche de la tournée... tu sais, dès qu'on se dit "Hé, essayons de mettre un esprit live et frais dans le nouveau disque", c'est fichu. C'est quelque chose qui ne peut être planifié. Nous avons eu beaucoup de chance sur ce coup-là, je pense.

Quels sont vos morceaux préférés sur le nouvel album?

Difficile à dire. Il y a deux façons de faire un disque, on peut en faire un qui contient quelques bonnes chansons mais qui manquera d'unité, ou on peut voir l'album comme un tout où le premier morceau dépendrait du deuxième, le deuxième du troisième, etc. "Ironbound", c'est vraiment 55 minutes. C'est un disque très cohésif. A mon avis, le fait que le disque soit bien reçu vient de cela. Les chansons sont liées, forment un tout, et vous transportent.

Que diriez-vous pour recommander "Ironbound" à des fans potentiels?

Je crois qu'une des choses qu'Overkill possède est une sorte de pureté. Aimez-nous ou détestez-nous, nous sommes sincères. C'est quelque chose qui est assez difficile à simuler. Si vous voulez de la pureté, si vous cherchez un groupe qui le fait avec son coeur, ses tripes et rien d'autre... Overkill, et cet album en particulier, sont faits pour vous.

Comprenez-vous pourquoi tant de fans classent "Ironbound" parmi vos meilleurs albums à ce jour? Et comprenez-vous également ce qui a pu décevoir vos fans précédemment?

Je pense que c'est principalement une question de timing. Tu sais, on n'entre pas en studio en s'imaginant que ce qui en ressortira sera moins qu'une réussite. Et on ne quitte pas le studio avec le sentiment d'avoir échoué. On quitte le studio en se disant: "Voilà, j'ai fait mon boulot, maintenant, advienne que pourra...". On a seize albums à notre actif, je me suis toujours dit que c'était ce qui devait s'apparenter le plus à donner la vie (rires)... Donc, nous avons seize enfants et chacun d'entre eux est important... Bon, certains ont mal tourné (rires), mais d'autres sont devenus de beaux papillons et "Ironbound" est un de ceux-là.

Jouer de la musique et travailler dans ce milieu ne sont pas choses aisées, et vous avez eu des hauts et des bas, cependant, vous n'avez jamais abandonné et n'avez jamais pris une pause. Ne rencontrant pas le succès d'autres groupes comme Metallica ou AC/DC, n'avez-vous jamais songé à renoncer?

Le moment le plus difficile de ma vie doit se situer entre 1997 et 1999... j'avais un cancer du nez, qui se propageait et s'étendait au reste de mon crâne... nous avions peur qu'il finisse par toucher mon cerveau. Personne n'était sûr de ce qui allait arriver à l'époque. Ce fut vraiment une époque difficile. Je me souviens, un soir, j'étais au téléphone avec D.D. (NDLR: le bassiste), je le connais depuis trente ans (depuis plus longtemps qu'Overkill), et il m'a dit: "Que puis-je faire pour toi?", et je lui ai répondu: "Je ne sais pas, on attend, on verra, je ne distribue pas les cartes, je joue avec ce qu'on m'a donné..." (sourire). Il ajouta: "Si t'as besoin de quoi que ce soit...", alors j'ai réfléchi et répondu: "J'ai probablement besoin de bosser sur quelques nouvelles chansons". Donc, si c'est l'époque la plus dure que j'ai jamais connu et qu'écrire des chansons avec mon vieux complice m'a permis de la traverser... je crois que ça veut tout dire. (Rires)

En revenant sur vos vingt-cinq ans de carrière, êtes-vous fiers de tout ce que vous avez accompli? Y-a-t'il des choses que vous feriez différemment si vous le pouviez?

Bien sûr qu'en y repensant, je changerais certaines choses. A moins d'évoluer on ne grandit pas, à moins d'apprendre, on ne grandit pas, quelque soit l'âge que l'on a. Je suis toujours désireux d'apprendre et si j'ai envie d'apprendre, je peux également reconnaître mes erreurs. Je pense vraiment que des erreurs ont été commises en ce qui concerne d'anciens albums, et je pense que nous aurions pu être meilleurs à l'époque avec ce que nous savons aujourd'hui. Donc, bien entendu, je changerais des choses. Mais je pense aussi que chaque pas que nous avons fait était nécessaire pour nous amener là où nous sommes aujourd'hui. Alors, j'essaie de ne pas trop compliquer les choses, je préfère vivre dans le présent et apprendre. Si tu apprends, tu évolues et tu vis bien ta vie et fais ce que tu veux, indépendamment des grandes salles, petites salles, des disques couronnés de succès ou qui ne marchent pas... Apprends, sois fier de ce que tu fais, c'est ma philosophie.

Quels sont les groupes qui vous inspirent ou vous poussent à vous dépasser ces temps-ci?

Parmi les groupes récents, j'aime bien Bonded By Blood... Et d'autres jeunes comme ceux que nous avons embarqué avec nous pour cette tournée comme Suicidal Angels. Lamb Of God peut m'inspirer également. En ce qui concerne le Metal, c'est ce genre de groupes... J'ai de toute façon le sentiment qu'il faut toujours être courant de ce qui se passe autour de soi.

J'ai bien aimé certaines des reprises que vous aviez faites sur l'album "Coverkill", seriez-vous prêts à enregistrer un "Coverkill 2"?

Il y a quelques reprises qui n'ont jamais vu le jour... dont une des mes préférées "We gotte get out of this place" d'Eric Burdon and the Animals. On l'avait enregistrée celle-là, ainsi que quatre ou cinq autres... parce que nous avions besoin de titres bonus pour les éditions japonaises, tu sais ils aiment bien avoir des titres supplémentaires pour leurs sorties. Pour répondre à ta question, c'est possible oui, on pourrait refaire un album de reprises un de ces jours, j'adore faire des reprises.

Bon, avec tout le respect que je vous dois, vous n'avez plus vingt ans, et la musique que vous jouez est très agressive et exigeante (physiquement parlant)... pendant combien de temps vous imaginez-vous continuer?

Je vais avoir 51 ans en mai. Faire ce que je fais m'a donné la jeunesse que je n'aurais jamais trouvée ailleurs. Je ne sais pas, vraiment. Je me dis que si aujourd'hui, c'est l'un des concerts les plus importants de ma carrière, ça rend le lendemain d'autant plus possible... Donc, je reviens à ma philosophie de vivre au jour le jour. Je dois quand même te dire que nous avons des groupes bien plus jeunes avec nous sur cette tournée... et j'adore la compétition. L'autre soir, après un concert en Allemagne, on était en train de me lêcher les bottes et je leur ai dit: "OK, vous avez cinq minutes pour faire les lêche-culs, mais après ça, ce sera la compétition. C'est pour ça que je suis là, et c'est ça qui me met l'eau à la bouche" (sourire). Un groupe est sorti de scène l'autre soir, je ne sais plus trop qui, Savage Messiah, et je leur ai dit: "Bon concert!", ils m'ont répondu "Hé, merci..." et là, je leur ai dit: "Maintenant, regardez-bien, c'est comme ça qu'on fait!" (rires)

Si vous deviez convertir quelqu'un au Heavy Metal, quelles seraient les cinq chansons que vous lui feriez écouter?

OK, je vais balancer une chanson d'Overkill comme j'en ai l'occasion... Probablement la chanson "Coma" de l'album Horrorscope. Puis une chanson de Judas Priest, "Delivering the Goods". "Ace of Spades" de Motörhead, "Raining Blood" de Slayer, et puis, on ne doit jamais, jamais oublier Black Sabbath! Mais quelle chanson? C'est vraiment difficile... Crois-le ou non, mais je crois que je vais choisir "Snow Blind".

Auriez-vous une sorte de voeu ou fantasme musical que vous aimeriez voir assouvi?

Je vais t'en raconter un qui m'est vraiment arrivé en 2007. On tournait avec Motörhead, et un soir, Lemmy m'a demandé de monter sur scène avec eux, pour chanter la chanson "Overkill"... putain, ça m'a complètement retourné! J'avais l'impression que ma tête allait exploser. Être là, sur scène, avec Lemmy Kilmister, Mikkey Dee et Phil Campbell, en train de chanter la chanson qui a donné son nom à notre groupe... Et j'ai appelé ma femme juste après le concert et lui ai dit: "Ecoute-moi, je viens de chanter "Overkill" avec Lemmy!!". J'étais complètement excité et fier.

Quelle question êtez-vous fatigué d'entendre en interview?

La question "Comment le groupe a-t-il démarré?".

Et quelle question auriez-vous aimé que je vous pose? Quelle en aurait été la réponse?

Mon impression sur Paris. J'adore être ici. Je crois que mon coeur bat un peu plus vite à chaque fois que je suis en France. Je ne sais pas pourquoi, mais je suis vraiment attiré... Ma femme est néerlandaise et nous sommes venus ici deux ou trois fois... J'adore venir ici.

Quels sont vos plans pour la suite?

Après cette tournée européenne, nous allons en Amérique du Sud, puis aux Etats-Unis pour un mois, puis ce sera la saison des festivals. Certains des concerts américains sont déjà complets, c'est vraiment cool... c'est une situation assez cool, nous avons toujours du travail et on peut se dire comme quand on regarde une horloge: "C'est bon, il est six heures et quart, il nous reste encore plein de temps jusqu'à minuit! (rires)

Un mot pour vos fans français?

Ouais: "Merci!"(NDLR: en français) (sourire)