Otargos

Interview date

4 septembre 2010

Interviewer

Maëlle

I N T E R V I E W

Interview Alex et Ulrich (en face à face)


Tout d'abord si cela ne vous dérange pas, je vais vous demander de nous faire un petit topo sur votre groupe pour nos lecteurs qui ne vous connaissent pas beaucoup ou pas du tout. Donc un petit résumé de votre parcours et nous dire un peu d’où vous venez.

Alex : On est Otargos, moi je suis Alex à la basse et ici, il y a Ulrich au chant et à la guitare. Otargos cela fait environ dix ans que ça existe, depuis on a quand même fait pas mal de chemin, on a sorti une démo, un mini, un, deux, trois, quatre albums, des rééditions, un DVD et là, on est en pleine promotion de notre quatrième album qui s'appelle "No God, No Satan" . Tu voulais savoir d'où on venait, donc à l'origine on est de Bordeaux mais on n'aime pas trop le mettre en avant, on peut dire qu’on est Français, tout simplement et il y en a maintenant deux qui sont sur Paris et deux sur Bordeaux. Et après on va dire qu'Otargos évolue dans le milieu du metal extrême.

"No God, No Satan" c'est votre dernier album qui vient tout juste de sortir, il déclenche déjà des réactions très diverses. Mais avant de parler de ça, dis-moi un peu quelles étaient vos envies et votre but avec cet album ?

Ulrich : Alors, le but c'était de continuer sur la lancée de l'album précédent "Fuck God Disease Process", au niveau de l'orientation musicale et philosophique. En fait, contrairement à pas mal de groupes de black, on a pas mal évolué au niveau de ce que l'on pense, de ce que l'on écrit, tu vois. Tu parles des réactions face à notre nouvel album, en fait c'est surtout le titre qui fait beaucoup parler ! En fait le but était de continuer à faire une musique des plus personnelles possible, c'est pour ça que si tu écoutes les deux derniers albums, il y a quand même un virage par rapport aux anciens.

Oui d'ailleurs le groupe présente cet album comme le petit frère de "Fuck God Disease Process" car il sort moins d'un an après lui. En quoi vous pensez que "No God, No Satan" est la continuation de "Fuck God Disease Process" ?

Ulrich : Alors, physiquement, c'est déjà une continuation car il a été composé dans sa lignée donc ils auraient pu être à la limite ensemble sur une durée plus longue, donc il a été fait dans la continuité. Tu soulignes qu'il est sorti moins d'un an après, on nous a déjà posé la question, mais en fait, il y a presque deux ans entre les deux. Mais le problème a été que la sortie du précédent album, avec le label qu'on avait à l'origine, est un peu passé inaperçu quand il est sorti il y a deux ans. Après, Seasons of Mist a racheté la licence et a fait une réédition et a ressorti l'album internationalement et ceci quasiment un an après, il y a eu un battement quand même entre les deux albums de deux ans. Donc au final, la sortie du nouvel album n'a pas été précipitée comme les gens le disent. C'est bien deux ans après que le nouvel album est sorti, Otargos sort un album environ tous les deux ans donc on a gardé entre guillemets notre rythme de croisière.

Toutes les critiques s'accordent sur votre technique, votre son, sur le fait que vous soyez de très bons musiciens, mais sur "No God, No Satan", là où le bât blesse, c'est que personne ne s'entend sur sa composition et son originalité. Est-ce que ça vous évoque des commentaires, des remarques ?

Ulrich : Alors je n'ai pas entendu ou lu ce genre de choses. Mais au contraire que l'album était moins dense, plus ambiant si tu veux par rapport à celui d'avant. Après ça a évolué au niveau des morceaux, la façon dont ils sont acheminés, l'ordre des pistes, là on part de quelque part pour aller quelque part. Je voulais juste dire que dans la composition de cet album, les gens disent que la technique n'a pas été assez approfondie, qu'on aurait pu plus chiader les riffs mais en fait, toute la difficulté de ce nouvel album, c'était justement d'arriver à créer des ambiances, un pseudo minimalisme qui est quelque chose de vachement ardu, faire quelque chose de simple mais de très concentré pour arriver à faire ressortir toute l'essence des ambiances et c'est ça le challenge qu'on a voulu faire avec "No God, No Satan" et je pense qu'on y est arrivé.

Alex : On ne voulait pas faire de la branlette de manche mais vraiment faire de la démonstration. On a estimé que les ambiances étaient plus importantes, qu'elles apportaient des risques. On est justement super fier de ce coté minimaliste de la musique qui peux faire ressortir autant d'émotions, c'était vraiment un challenge pour nous et on en est fier car on a réussit.

Alors, un petit point sur vos albums, auparavant vous aviez pas mal de chansons en français et maintenant cette tendance semble s'inverser. Pourquoi cela ?

Ulrich : En fait depuis "Fuck God Disease Process", on tient à garder un ou deux morceaux maximum en français, on n'a pas envie de passer tout en français, c'est histoire de...

Montrer d'où vous venez ?

Ulrich : Oui et non, on est fier d'être Français, on aime le mettre en avant, après on trouve que la langue française, la langue de Molière...  

Alex : Oui, phonétiquement il y a quand même un intérêt à l'utiliser, faire totalement un album en français, ça il n'en est pas question mais après garder une touche de français, ça c'est sûr.

Ulrich: On chante en anglais parce que ça nous plait, on garde juste cette petite touche de français, d'un pour souligner qu'on est Français et de deux parce que selon comment un titre arrive, il arrive parfois en français, parfois en anglais, on ne se pose pas la question, ça vient naturellement.

Bien, maintenant qu'on a parlé du général, parlons des choses qui fâchent. Vous proposez une vision du satanisme assez philosophique, vos textes sont très bien écrits et ne sont pas bêtement méchants. Rien que le titre "No God, No Satan" prête quand même à réflexion. J'aimerais bien connaitre vos inspirations et votre ligne de pensée pour vos textes et sur "No God, No Satan" en particulier.

Ulrich : En fait, contrairement aux idées reçues, il n'est pas du tout question de satanisme. Il y en a qui vont dire que le satanisme, c'est être son propre dieu, il y a ceux qui ont cette définition là. Alors que pour moi déjà, le satanisme est directement lié même éthymologiquement à la religion catholique mais en réalité, Otargos est anti-religion, quelles qu'elles soient ! Pour moi, je suis désolé d'avoir à dire ça mais toutes les religions sont dans le même sac ! Le satanisme fait parti du catholicisme, ils sont ensembles.

Oui, mais de toute manière, si l'on crée un Dieu, par opposition on crée un Diable.

Ulrich : Voilà, c'est exactement ça. Le message est là, en fait tout ça c'est du vent, on a créé un Dieu et en fait, le Diable est une facette de ce dernier, mais Otargos n'est ... En fait, avant, on avait un message classique quand on était jeune, quand on a commencé à faire du black metal. On avait ce message classique et on va dire basique dans ce milieu, maintenant qu'on a grandi, on ne ressent plus le besoin de parler de ça parce que ça ne nous correspond pas. On est au delà, on n'a pas envie de balancer des trucs de satanisme et tout parce qu'on fait du black metal au niveau de la musique. Moi je ne considère pas le black metal attaché au satanisme, pour moi ce n'est pas comme ça, bien que pour d'autres ça soit une partie intégrante. On ne peut pas donner une définition propre du black metal, il y en a qui vont dire, voilà le représentant du black metal, c'est tel et tel groupe parce qu'ils pensent comme ci ou qu'ils jouent comme ça. Nous, on a notre propre vision du black metal entre guillemets, bien qu'on n'aime pas trop dire qu'on fait du black metal. On n'aime pas dire ça mais c'est l'étiquette qu'on a collé à notre musique parce qu'on fait une musique qui est extrême et qui est assez libre.

Alex : La musique, si tu fais abstraction des textes, est du black metal, ça c'est sûr, je suis d'accord. Après pour les textes, on ne parle plus de tout ce qui est satanisme, on a laissé tomber. Je crois que le titre de l'album illustre clairement la philosophie du groupe. Otargos dénonce cette glorification de la religion que ce soit envers n'importe quel dieu ou groupuscule religieux. Après, il faut savoir que lorsqu'on a intitulé l'album "No God, No Satan", c'était pas une provocation juste pour dire : on vous emmerde. Non, on a voulu trouver un titre qui résume super facilement le message du groupe et bien que ce soit risqué...

Ulrich : Je pense qu'une grande partie des metalleux voient dans cet album une attaque. Quand bien même on aurait intitulé l'album autrement, je ne pense pas que nos détracteurs aient pris la peine de lire les paroles et d'en faire une analyse et de dire voilà Otargos est contre la religion, même contre le satanisme.

Alex : Le problème vient juste de ces quatre mots à la con et les gens ne cherchent pas plus loin !

Dans la logique des choses, qui dit nouvel album, dit tournée. J'ai cru voir sur votre myspace que ça allait être un peu la fête jusqu'en avril 2011. On m'a aussi dis que vous allez tourner avec Watain, ce qui a créé polémique, horreur et tout mais on passe car vous avez déjà bien expliqué votre point de vue dans la précédente question…

Alex : Ah mais on est très content et fier de jouer avec Watain, attention !

Je n'en doute pas …

Ulrich : Ce n'est pas parce que nous ne partageons pas le même message qu'eux, qu'on dit que c'est de la merde. Nous, on a de l'admiration devant le travail, c'est très bien fait. Tu vois, ils sont intègres dans leur message, ils y croient et le mettent en avant, c'est très bien. Après, nos messages différents font polémique car un groupe défend le grand cornu et l'autre est contre la religion.

C'est donc une tournée assez importante qui commence bientôt, de nouveaux pays dans lesquels vous avez hâte d'aller ?

Alex : Nous, on aime beaucoup jouer à l'étranger. On a déjà tourné en Europe. On aime beaucoup la République Tchèque où on a fait de très bons concerts, on aime bien Budapest aussi. C'est très exaltant, tu rencontres de nouvelles personnes, ce n'est pas les mêmes conditions, on passe dans la cour des grands avec un niveau plus grand. A nous de montrer qu'on sait jouer, qu'on sait se battre !

De nouvelles collaborations avec d'autres groupes à part Watain ?

Ulrich : En fait, l'affiche de base c'est Destroyer 666, Watain et Otargos mais je crois qu'il y a quelques dates où il va y avoir des groupes d'ouvertures. C'est du cent pour cent Seasons of Mist.

Comment êtes-vous perçu dans l'hexagone, car vous semblez rester un groupe très underground. Est-ce que vous faites partie de ces groupes qui sont mieux perçus à l'étranger que dans leur propre pays ?

Ulrich : Et bien, c'est super dur d'avoir du recul sur ça et de savoir vraiment comment on est perçu à l'étranger. Si on juge par les concerts et leur ambiance à l'étranger, ça se passe mieux qu'en France. Quand on est parti jouer au Brésil, on était largement moins connu qu'en France mais on a eu un accueil comme si on était déjà un très très grand groupe, c’était vraiment... Alors tu vois, il y a vraiment le coté groupe qui vient de loin qui aide ! Après si tu prends sur internet, on se fait démonter un max sur les forums mais il n'y a personne qui vient nous casser la gueule à la fin des concerts ! Ah si, une fois, il y a un mec qui a eu les couilles de venir nous voir et de nous dire en face qu'il n’aimait pas ce qu'on fait.

Alors justement votre musique vous a-t-elle déjà attirée des problèmes ?

Ulrich : Non, bien sûr que non ! La plupart du temps derrière ce message "No God, No Satan", il y a un certain "ni dieu, ni maître", une certaine indifférence, une sorte d'athéisme un peu.

Alex : Et beaucoup de gens s'y retrouvent. Sur internet, tu vas plus souvent dire du mal des autres que du bien parce que c'est facile. Lorsqu'on fait de la promotion sur nos nouveaux albums, les détracteurs, on ne leur demande pas leur avis et leur seule opportunité est de la donner sur internet. Cela marche beaucoup comme ca ! Tu vois Watain avec l'histoire du disque d'or, les gens ont fait un scandale parce qu'ils se sont pris en photo avec leur disque d'or. Mais dès que tu commences à marcher d'une manière professionnelle dans la musique, dans le black metal j'entends, tu te fais cracher dessus. Mais après c'est surtout les mecs qui n'aiment pas, ils ne viennent pas aux concerts. Au final, on a toujours eu un très bon accueil !

Pour clore l'interview, deux petites questions que j'aime bien poser, tout d'abord sur votre nouvel album est-ce qu'il y a des titres que vous avez aimé composer que vous aimez jouer ?

Ulrich : Et bien, sur le nouvel album il y en a un, qui est entre guillemets notre single, car les gens sont friands de ce titre là qu'ils ont découvert avec la vidéo promo et donc on l'aime bien. Il est assez catchy il nous met bien dedans. Et maintenant on est en train de travailler un titre qu'on va proposer pour la tournée, qui s'appelle "Workship Industrial", qui est le titre le plus rapide qu'Otargos ait pu composer et il nous tarde de le jouer en live ! Le but d'Otargos a toujours été de travailler dans l'optique de faire du live et de défendre notre, entre guillemets, bout de gras en live.

Et donc pour conclure, vous avez déjà un petit peu tourné, est-ce que vous avez UN concert qui a été une pure tuerie dont vous vous rappellerez pendant longtemps ?

Alex : Et ben oui, mais pas qu'un ! Alors il y a eu Carniva en République Tchèque où ça a été vraiment super, dans un endroit complètement paumé où il y a eu une after démoniaque où on a fait la fête avec tous les locaux. Après il y a eu évidemment le Hellfest, et puis ensuite Rio de Janeiro où on est passé en headliner d'un grand festival et tu vois, nous, on était en backstage et quand le promoteur du festival est monté sur scène pour annoncer Otargos, les gens tapaient tellement fort sur la scène, sur partout, que tout tremblait dans les backstages, on avait vraiment la chair de poule, il s'est passé quelque chose !


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