Helioss

Interview date

08 Mars 2012

Interviewer

fifi59

I N T E R V I E W

Interview Nico (par mail)


Salut Nico, merci d'accorder cet entretien au webzine Aux Portes Du Metal. Peux-tu nous présenter le groupe, son parcours ?

Hello, et merci à toi pour cette opportunité. J'ai créé Helioss en 2009, avec pour ambition de faire se rejoindre ma passion pour le metal en général et extrême en particulier, et la musique baroque que j'affectionne particulièrement. J'avais envie non pas de faire un vrai groupe mais plus un projet studio dans lequel je serai un peu le seul maître à bord, où je serai libre. Mais comme je ne sais pas chanter, j'ai fait appel à Pierre, chanteur actuellement de Scornforger et de Unchained, des groupes plus thrash metal du Sud de la France, mais j'aimais bien son timbre. Il a accepté, j'ai écrit le premier EP « Confessions » et nous avons enchaîné avec le premier album qui est sorti fin février de cette année, « The Forthcoming Darkness »

Comment définirais-tu la musique d'Helioss ?

C'est toujours difficile de prendre du recul pour définir sa musique, mais si je dois mettre Helioss dans une case, je pense que l'étiquette Black/Death mélodique est pertinente. C'est ainsi que je présente le projet en tout cas, et personne n'a jamais semblé choqué par cette dénomination. Je n'aime pas trop lui accoler le terme néo-classique, car les gens mettent un peu tout et rien derrière ces mots, mais d'une certaine manière il y a de cela aussi.

As-tu des influences spécifiques ? De quels groupes te sens-tu proche ?

J'ai évidemment beaucoup d’influences, car je suis un boulimique de musique, et ce que j'aime me nourrit donc forcément. Maintenant, pour les gens qui écoutent Helioss, mes influences les plus évidentes sont des groupes comme Anorexia Nervosa, Bal-Sagoth, Dimmu Borgir, Fleshgod Apocalypse, Belphegor ou Mirrorthone, parce que dans les grandes lignes nous faisons une musique relativement comparable. Maintenant, j’ai d’autres influences, comme la musique baroque, évidemment : Bach, Vivaldi, Scarlatti, Soler, Marin Marais… Évidemment, je ne prétends pas composer de manière baroque, comme au 18e siècle, mais les sonorités et les harmonies de ces compositeurs me touchent beaucoup, sans que je ne les théorise (je ne suis pas versé en harmonie). Mais le metal au sens large reste ma principale influence, et je peux également citer des guitaristes que j'admire comme Malmsteen, Joe Stump, George Bellas ou même des groupes comme Samael, Lacrimosa, Limbonic Art, Behemoth, mais aussi des choses plus heavy/speed ou prog comme Symphony X, Kenziner, Adagio, Dream Theater… Bref, je baigne dans pas mal d'influences variées.

Es-tu pleinement satisfait de "Confessions", le premier enregistrement d'Helioss ?

Bien sûr. Il est ce que je pouvais faire de mieux à l’époque. Évidemment, en terme de production, beaucoup de choses pourraient être améliorées, mais nous n'allons pas y toucher. Musicalement, je suis un bien piètre juge de ce que j'ai écrit, mais une chose est sûre, je n’ai aucun regret. « Confessions » est comme il est, et je n'ai pas pour habitude de me dire, avec le recul, que j’aurais dû faire ceci ou cela. Donc, sans affirmer que « Confessions » serait parfait ou qu’il serait impossible de l'améliorer, j'en suis pleinement satisfait.

Quel avait été le processus de composition, d'enregistrement ?

Je suis le seul compositeur dans Helioss puisque Pierre, qui est pas mal occupé par ses autres projets, ne s'implique pas dans l'écriture. Les choses avaient été dites dès le départ, quand Pierre a accepté de chanter pour Helioss, car c'était ma volonté de tout écrire, que ce qui sorte de là soit vraiment MON projet. Donc, j'ai tout écrit, musique et paroles. L'enregistrement a été fait dans des conditions pas forcément optimales, chez moi, avec mon matos et mes piètres connaissances. Cela explique en partie la production un peu faible de cet EP. Il avait été mixé par un musicien que j’avais côtoyé il y a pas mal d’années, qui a accepté de me le faire à l'œil, là encore dans des conditions pas spécialement professionnelles. Mais bon, ça n'était que notre premier EP… j'ai fait aussi bien que possible !

Comment t'es venue l'idée de faire cette chouette reprise de Crimson Glory, "The Other Side Of Midnight" ?

L'idée de la reprise est venue assez tôt dans le processus d'écriture. Nous avons proposé différents titres avec Pierre, mais rien ne nous emballait vraiment. Nous voulions que ça colle avec l’esprit d'Helioss, et surtout que je puisse le retravailler pour ne pas en faire une reprise totalement fidèle. Je connais Crimson Glory depuis longtemps, groupe malheureusement méconnu, et je me suis souvenu de cette chanson que je trouvais émouvante, belle et puissante. Et j'ai tout de suite senti que je pourrai la retravailler à ma sauce, en faire quelque chose de cohérent avec le reste du CD. A tel point que pas mal de gens n'ont pas noté que c’était une reprise ! Au final, je suis content du résultat, il n’y a pas de guitare ni de basse sur ce titre, que du piano et des instruments orchestraux, et Pierre s'est bien amusé à varier les timbres sur ce titre.

Quels ont été les retours issus de "Confessions" (chroniques, public) ?

Plutôt bons. Je ne dirai pas dithyrambiques, certaines personnes ont moyennement accroché, mais dans la globalité, c’était beaucoup de positif. Les chroniques étaient globalement sur le mode « intéressant, maintenant attendons l’album ». Maintenant que l'album est là, eh bien, on verra bien ! A l'heure où je te réponds, je n’ai que peu de retours, mais ils sont tous très encourageants !

Venons-en maintenant à "The Forthcoming Darkness", que je trouve riche et prenant. Peux-tu nous parler de sa phase de composition ?

Dans les faits, il a été écrit de la même manière que « Confessions » c'est-à-dire uniquement par moi, de bout en bout. Mais dans l'optique, j'ai essayé de faire des titres un peu plus courts, un peu plus structurés, peut-être du coup un peu plus accessibles. Il est peut-être aussi un poil moins black metal et un peu plus death, mais une fois de plus, difficile de prendre un recul efficace sur ma musique. On verra ce que les gens en disent !

Quels thèmes développes-tu dans les textes ?

Chaque chanson a un thème, mais globalement, on peut dire que les textes s’appuient sur ma vision personnelle du monde qui, du reste, ne détonne pas vraiment dans la philosophie du metal : athéisme, science, place de l’homme, mort… mais globalement, j'essaie de proposer du positif dans mes textes, et pas de distiller de la haine ou du nihilisme comme c’est trop souvent le cas dans le metal extrême. Pour moi, la musique est certes un exutoire, un défouloir et une manière de faire passer certaines choses importantes à mes yeux, mais la musique est avant tout pour moi une source de plaisir, et même si je propose avec Helioss une musique agressive et violente, je ne me sens pas obligé d’être uniquement dans une thématique destructrice. Par exemple, je suis passionné de science et d’astrophysique en particulier, je mets donc souvent la science en opposition avec la religion et l’occulte dans la vision du monde qu’ils proposent. Je suis quelqu’un d’assez empirique, qui n’aime pas trop les dogmes inamovibles, et cela fait partie des thèmes que j'aborde, entre autres.

Le son de l'EP était déjà de qualité, celui de l'album est franchement excellent. Comment a-t-il été enregistré ?

C'est pour moi une grande satisfaction d'être arrivé à ce résultat ! Pour « The Forthcoming Darkness », je savais dès le départ que là, je ferais les choses bien, et que donc je ferais appel à un professionnel (ou un semi-pro) pour le son de l’album. Après quelques recherches, j’ai eu la chance de tomber sur Sylvain Raulin, qui s'est énormément investi dans la construction sonore de l’album. Par exemple, j'avais enregistré la quasi-intégralité des guitares quand je l’ai contacté, mais quand il a entendu le résultat et fait des tests de mix, il m'a dit que ça ne collait pas, que je devais tout refaire. Un peu dépité, je lui ai proposé de nouveaux sons, nous avons fait des tests, et j’ai donc tout réenregistré depuis le début avec un meilleur son de gratte… De même pour la batterie, qui est virtuelle, comme tu le sais, Sylvain a fait un gros boulot dessus, a passé du temps à tester différentes configurations, bref : tout cela a pris beaucoup de temps et d'énergie, mais le résultat et là, et je suis très satisfait d’avoir eu affaire à un ingénieur du son concerné et impliqué, qui n'a pas peur de sacrifier une partie du travail déjà effectué si cela peut améliorer le résultat final.

Quelles différences et évolutions vois-tu entre "Confessions" et "The Forthcoming Darkness" ?

La production est évidemment, comme je te l’ai dit, un élément important de progression. En terme d’écriture, j’ai essayé de faire plus concis, plus catchy, plus direct. Pour autant, je trouve que « The Forthcoming Darkness » s’inscrit dans la continuité de « Confessions », la formule n’a pas été révolutionnée. J'essaie de donner à Helioss une identité, une personnalité, et cela peut me prendre encore un peu de temps.

Qui s'est occupé de l'artwork ? Comment s'est déroulé le travail d'illustration ?

Comme pour le son, je voulais un artwork qui fasse le plus pro possible. Donc, une fois de plus, je me suis mis en quête d’un illustrateur et je suis tombé sur Eacone, dont j’ai apprécié le travail. Je l'ai contacté, et il a été enthousiasmé par la proposition. Je lui ai soumis le thème que j'avais en tête avec un rough tout pourri fait en trois minutes sous Photoshop, et il m'a fait cette chouette illustration. Après quelques retours et petites corrections, on avait notre artwork ! J'en suis très satisfait, c’est ce que j’avais en tête dès le début.

L'album est sorti depuis peu mais constates-tu déjà des retours positifs ?

Il est un peu tôt pour le dire. Les quelques retours sont certes positifs, mais nous verrons dans quelques mois ce qu'il en sera.

Souhaites-tu être signé sur un label pour le prochain album (et dans ce cas, lequel aurait ta préférence ?) ou préfères-tu poursuivre en autoproduisant les albums d'Helioss ?

J'y pense. Mais je n'ai aucune solution concrète en vue, je n'ai pas creusé ce côté-là. Le côté autoproduction me laisse une certaine liberté, mais demande un grand investissement en temps, énergie et bien sûr en argent aussi. Je me laisse encore le temps d'y songer.

Helioss est à la base uniquement un groupe studio. La scène n'est donc pas du tout envisagée ?

Non, pas à l'heure actuelle. Je ne m'interdis rien pour le futur, mais cela demanderait pas mal de changement, ne serait-ce que pour le chant, car Pierre habite dans le Sud de la France et moi en région Parisienne, autant dire que pour les répètes, cela va être tendu ! Et cela demanderait de recruter batteur, bassiste, claviériste, voire un second gratteux, ce qui n'est certes pas impossible, mais cela irait un peu à l'encontre de ma vision première de Helioss, à savoir un projet dans lequel je serai le seul vraiment impliqué. Le temps dira…

Que penses-tu de la scène Metal française ?

Je n'ai pas d’avis tranché sur la question. Il y a bien sûr d’excellents groupes, des tas de gens talentueux, mais je suis loin de tout connaître. Je regrette juste que nous ayons si peu de groupes de metal à stature internationale, comme Adagio ou Gojira… Mais il y a des formations prometteuses, j'attends par exemple avec impatience l'album de Abysse, groupe instrumental extrêmement prometteur…

Qu'écoutes-tu en ce moment ? As-tu dernièrement pris une grosse claque avec un album ?

Ah oui, heureusement que je prends encore des claques ! Je ne suis pas encore blasé de la scène metal ! Dernièrement, mes plus grosses claques ont été l’album de The Human Abstract, ou le dernier Fleshgod Apocalypse, totalement monstrueux. Mais aussi le Einherjer, fascinant, ou le nouveau Lilian Axe, très rafraichissant.

Je te remercie pour cette interview, je te laisse le mot de la fin !

Merci pour cette interview, j'espère que l'album vous plaira !


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