Grave Digger

Interview date

11 Avril 2011

Interviewer

Blaster of Muppets

I N T E R V I E W

Interview Chris Boltendahl (en face à face)


Bonjour, ravi de vous voir, la dernière que vous êtes venus, il me semble que c'était en première partie du groupe Therion il y a un quatre ans de cela. Est-il difficile pour un groupe comme le vôtre de venir régulièrement en France ?

Oui, ce n'est pas si facile. Il faut trouver un promoteur qui vous y invite plus ou moins... et cette fois, nous avons deux shows en France, un à Paris et l'autre à Lyon. Nous sommes fiers car nous aimons la France, nous pensons que le public français est génial. Nos concerts passés, à Grenoble en 2001, ou avec Therion il y a quelques années se sont vraiment super bien passés. Donc, nous tenions à revenir.

L'été dernier, vous avez célébré les trente ans de Grave Digger au Wacken Open Air Festival. Qu'est-ce que ça vous a fait ?

Cela m'a rendu fier, et le groupe aussi. Revenir ainsi sur trente ans de carrière, et passer une soirée géniale avec 75000 personnes... Nous avons eu une bonne place sur l'affiche et suffisamment de temps pour jouer, ainsi que quelques invités cool comme Hansi Kürsch, Doro Pesch, Van Canto et un orchestre de cornemuses... Tout était en place et s'est bien goupillé afin de présenter l'album "Tunes of War" dans son intégralité. C'est une expérience que vous ne pouvez pas oublier ou que personne ne peut vous retirer, ça me rend fier de ma vie et de ma carrière.

En regardant le DVD de ce show, j'ai eu l'impression que chaque invité représentait une décennie différente. Doro est issue des années 80, Hansi Kürsch representerait plutôt les années 90, alors que Van Canto est un groupe issu des années 2000... Est-ce une façon de montrer que Grave Digger est resté un groupe pertinent dans le paysage metal des années 80 jusqu'à aujourd'hui ?

Non, je n'y avais jamais pensé... mais ce n'est pas idiot, tu pourrais avoir raison. Cependant, ce n'était pas notre intention, tu vois, Hanso et Doro sont de très bons amis à nous, et nous avons rencontré Van Canto quand ils ont fait leur reprise de "Rebellion"... Nous entretenons tous de très bons rapports les uns avec les autres. Bastian, le batteur de Van Canto, joue aussi avec Orden Ogan ce soir. Donc, tout ça, c'est juste une histoire de gens qui s'entendent bien, comme des amis.

Pour ce concert, vous avez donc joué "Tunes of War" en intégralité. Est-ce comme cela que vous avez toujours voulu fêter vos trente ans ou avez-vous eu d'autres idées en tête ?

Non, on voulait offrir à nos fans quelque chose de vraiment spécial... et une chose en entraînant une autre, on a trouvé que ce concept tenait bien la route. On était en train de planifier la sortie de notre nouvel album qui traitait également de l'Ecosse, donc tout s'imbriquait vraiment bien, le concert au Wacken, le nouvel album sur le point de sortir, le concept autour de l'Ecosse était bien pour le DVD aussi... c'est comme une oeuvre complète.

Y a-t-il un autre album que vous aimeriez jouer intégralement ?

Hmm... Il y a des disques qui s'y prêteraient bien comme "Rheingold", il y aurait pas mal de choses à faire avec celui-là. Mais je ne sais pas encore comment nous fêterons nos trente-cinq ou nos quarante ans... Tu sais, peut-être qu'un jour, une idée va jaillir de ma tête comme "Hé, jouons Excalibur en entier avec des chevaux et des chevaliers qui se battent sur scène !" ou quelque chose dans le genre (rires).

Depuis ce concert, vous avez donc sorti un nouvel album, un nouvel EP... et un nouveau DVD (le fameux show des trente ans du groupe dont nous venons de parler). Vous inondez le marché avec toutes ces sorties ! Allez-vous prendre une pause ou avez-vous encore quelque chose en réserve ?

Non, il y a encore une chanson qui va sortir d'ici quelques semaines. Nous avons écrit le nouvel hymne pour le Wacken Open Air 2011... mais ce sera notre dernière sortie pour cette année. Toutefois, nous n'allons pas nous reposer trop longtemps et comptons bien revenir avec un nouvel album pour le milieu de l'année prochaine.

Votre dernier album est un retour à l'Histoire de l'Ecosse et, par conséquent, une sorte de renouveau de l'ère "Tunes of War". Qu'est-ce qui vous intéresse tant dans le passé de l'Ecosse ?

L'Histoire complète de ce pays, déjà. Cela parle de lutte pour l'indépendance et la liberté, et c'est un thème qui me plaît dans la mesure où je suis moi-même quelqu'un de très indépendant.

Cet album est le premier avec Axel Ritt à la guitare. Comment a-t-il eu le poste ?

Je le connais depuis très longtemps, tu sais, depuis plus de vingt ans. C'est un bon vieil ami à moi. Au début, il nous fallait un remplaçant parce que Manni avait quitté le groupe assez subitement et il nous restait encore quelques concerts à donner. Donc, j'ai pensé à lui et nous lui avons dit : "Hé, si tu fais du bon boulot, tu peux intégrer le groupe". C'est aussi simple que cela. Et tu verras ce soir, il fait plus que du bon boulot, il y a bien plus d'énergie sur scène maintenant qu'auparavant.

Sur l'album précédent, Ballads of a Hangman, vous avez brièvement essayé d'avoir deux guitaristes, mais ça n'a pas duré. Grave Digger est-il un groupe condamné à n'avoir qu'un seul guitariste ou est-ce une combinaison que vous aimeriez retenter à l'avenir ?

Oh non, plus jamais ! Nous resterons un groupe à une guitare. Je ne veux travailler qu'avec un seul guitariste à l'avenir, c'est suffisant pour le groupe et ça a très bien marché comme ça par le passé. Je ne suis pas intéressé par le fait d'avoir à travailler avec deux guitaristes différents, ça ne marche pas aussi bien que ça pour moi.

Quelles sont vos chansons préférées sur le nouveau disque ?

J'aime particulièrement "Paid in Blood", "Hammer of the Scots", "Highland Farewell" ou encore "Whom The Gods Love Die Young"... et en fait, ce sont les chansons que nous allons jouer ce soir, c'est même la raison pour laquelle on les joue ! (rires)

Que diriez-vous afin de recommander cet album à de potentiels fans ?

Je dirais : "Si vous aimez le pur heavy metal classique, allez acheter ce disque ! Ce n'est rien d'autre que du heavy metal avec de supers riffs, refrains et lignes de chant".

En vous repenchant sur trente années de carrière, qu'est-ce qui vous rend le plus fier ? Avez-vous des regrets ? Y a-t-il des choses que vous changeriez si vous le pouviez ?

Non, je ne changerais rien parce que toutes les choses qui me sont arrivées dans ma vie ou dans ma carrière m'ont permis de me construire et de devenir la personne que je suis aujourd'hui, et je me sens bien. Je n'ai aucun regret, ni aucun problème avec qui que ce soit, je ne me sens pas jaloux d'autres groupes qui ont plus de succès que nous... Je prends mes propres décisions et suis responsable de ce qui m'arrive, ça me rend heureux et fier, c'est ce qu'il y a de plus important à mes yeux.

"The Clans Will Rise Again" mis de côté, quel est votre album préféré de Grave Digger ?

Chaque album de Grave Digger a été composé dans une atmosphère spéciale... C'est une question à laquelle il m'est difficile de répondre parce que je suis évidemment connecté à chaque album d'une façon bien particulière... Un de mes favoris est "Excalibur", j'aime beaucoup "Tunes of War" bien sûr, mais il est vraiment dur pour moi de déterminer quel album de Grave Digger est le meilleur ou le pire.

Nous savons bien que vous avez aimé et avez été influencés par des groupes tels que Black Sabbath, Accept, Judas Priest ou Iron Maiden... Quels sont les groupes qui vous inspirent ou vous stimulent ces temps-ci ?

Il y a des groupes récents que j'aime bien, bien sûr, mais je ne suis pas influencé par eux. C'est la musique de groupes des années 70 ou 80 qui m'inspire, c'est mon expérience, mes influences... Mais oui, quelques groupes plus jeunes comme Edguy ou Sabaton sont vraiment cool, mais je ne dirais pas qu'ils m'inspirent.

En dehors du metal, qu'aimez-vous écouter ?

De tout, tout type de musique, de la musique classique, de la pop, du rock, parfois du jazz... euh, pas de techno ou de R'n'B, ni de trucs comme Lady Gaga ou autres choses de ce genre.

Certains de vos premiers albums sont vraiment difficiles à trouver. Voudriez-vous réenregistrer un album comme "Heavy Metal Breakdown" par exemple ? Beaucoup de groupes font ça de nos jours...

On a déjà fait ça par le passé, prendre quelques titres plus vieux comme "Yesterday" ou "Rebellion" et en faire de nouvelles versions, mais c'est quelque chose que nous ne voulons plus faire. Désormais, nous allons nous consacrer à l'écriture de nouvelles chansons et cesser de réenregistrer de vieilles compositions... c'est fini maintenant.

Pour être tout à fait honnête, et sans vouloir vous manquer de respect, la première fois que j'ai entendu du Grave Digger, j'ai été assez destabilisé par votre voix qui est très particulière. En même temps, elle est une vraie marque de fabrique du groupe et se démarque nettement du chant traditionnel de ce type de metal. Avez-vous choisi de chanter comme cela pour vous démarquer, pour être différent, ou est-ce juste votre façon naturelle de chanter ?

C'est juste la façon dont je chante. Certains aiment ça, d'autres détestent. Et ça a toujours été ainsi depuis les débuts du groupe. Comme tu l'as dit, ma voix est une remarquable marque de fabrique de Grave Digger... C'est une des raisons qui font que le groupe est connu, mais d'un autre côté, elle est aussi responsable de son manque de succès. Nous ne sommes pas aussi importants que Helloween ou Hammerfall parce que les gens aiment ou détestent ma voix.

Vous faites de la musique depuis trente ans, vous avez tourné dans le monde entier et partagé des scènes avec de grands groupes ? Y a-t-il un rêve qui ne soit pas encore exaucé ? Et pendant combien de temps vous imaginez-vous poursuivre l'aventure Grave Digger ?

Le rêve est de rester en bonne santé. C'est vraiment la chose la plus importante. Sans la santé, tu ne peux pas composer de nouveaux morceaux ou jouer sur scène... et c'est ce que je souhaite faire le plus longtemps possible. Tant que les fans continueront d'écouter du Grave Digger et tant que je serai en bonne santé, je continuerai.

Je vous laisse choisir les mots qui concluront cette interview.

La France, nous sommes de retour ! Profitez-bien du show, j'espère qu'il vous plaira... et soyez certains que Grave Digger continuera à jouer du heavy metal pendant encore au moins une dizaine d'années. Merci de votre soutien !


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