I N T E R V I E W

Interview Mark Jansen

Bonjour, je suis Ostianne pour le webzine français Aux Portes du Metal

Bonjour, ravi de faire ta connaissance !

Comment te sens-tu à quelques jours de la sortie de "Design Your Universe" ?

Très excité ! Cela fait des mois que nous attendons ce moment, et il va enfin sortir ! Samedi dernier (10 octobre) j'étais aussi très content car c'était la première fois que l'album était mis en vente pour cette release party, et nous avons vendu 650 CDs ce jour là. J'étais vraiment heureux de voir cet engouement pour l'album. C'était aussi un jour spécial pour moi car c'était la première fois que je l'avais entre les mains, je ne l'avais encore jamais vu avant, donc c'était vraiment un jour spécial.

Ariën a rejoint le groupe pour "The Divine Conspiracy" et Isaac pendant que vous travailliez sur "Design Your Universe". Tous deux viennent de la scène Death metal. Penses-tu que qu'ils ont contribué au son plus metal qu’il y a sur l'album ?

Oui, je pense car depuis qu'Ariën est dans le groupe, la façon de jouer de la batterie est complètement différente d'avant. Jeroen Simons jouait plus au feeling, alors qu'Ariën van Weesenbeek a des influences bien plus metal. Et on peut entendre la différence sans souci. Nous avions écrit des chansons pour l'album avant l'arrivée d’Isaac, c’est vrai. Mais il a beaucoup travaillé avec moi sur les détails finaux. Et sa façon de jouer est bien plus "death metal" que celle que nous employions avant, donc il y avait bien plus de possibilités au niveau des guitares. Nous n'avons pas arrêté de nous envoyer des fichiers (chansons) avec des modifications. Donc, je pense que c'est pour ça que les guitares sont montées d'un cran.

Pour beaucoup de personnes qui ont écouté "Design Your Universe", c'est l’album de la maturité. Qu'en penses-tu ?

Oui, je le pense. Nous avons toujours essayé de trouver de nouveaux éléments à intégrer dans notre musique, et nous avons toujours essayé d'atteindre un niveau supérieur dans la composition, mais aussi pour ce qui est de la performance scénique et du chant pour Simone. Et je suis content que nous ayons trouvé la bonne formule pour cet album et que nous servions au public ces changements de cette manière. Nous avons travaillé plus dur que jamais sur les détails, et je pense que c'est l'album le plus mature jusqu'à ce jour. Heureusement, nous pouvons continuer sur cette lancée et il y a toujours plus de choses que nous voulons essayer, plus d'idées pour le futur. Je pense qu'avec cette façon de faire, nous avons trouvé un juste équilibre et nous voulons continuer ainsi pour le prochain album.

J'aimerais parler un peu de "Kingdom of Heaven" qui est la chanson la plus longue de l'album et qui regorge d'éléments et ambiances différents. Qu'est-ce qui t'a donné envie de faire cette chanson ?

Les bases de cette chanson ont été écrites il y a plusieurs années, il y a trois ans. Je voulais l'écrire pour un side project plus death-black metal. Je savais que je ne pouvais rien en faire dans Epica car notre ancien batteur n'aimait pas jouer de cette manière. Mais depuis l'arrivée d'Ariën, je me suis dit que finalement, je pouvais très bien l'utiliser pour Epica. Et j'ai continué de travailler sur cette chanson, changer des trucs. Finalement, le travail a duré trois ans. Donc pour moi, c'est une chanson très spéciale. Et puis, je l'ai aussi dédiée à ma grand-mère qui a toujours été là pour le groupe, qui a toujours fait un super boulot pour nous. Elle est décédée en début d’année, et, chaque fois que je joue ce morceau, je pense à elle et donc, elle est toujours avec moi. Je n'ai que des pensées positives envers elle. Donc, ce morceau est aussi très profond pour moi.

Comme d'habitude, le nom de la dernière chanson donne celui de l'album. Peut-on dire que c'est l'une de vos marques de fabrique ?

Oui. Je crois que ça a commencé avec le premier album. Pour le second, c'était une coïncidence. Et après, nous nous sommes dits "continuons comme ça". Mais dès que le titre de la dernière chanson ne sonnera pas comme un titre d'album, nous ne le ferons plus. Mais pour le moment, à chaque fois, le titre de la dernière chanson faisait aussi un bon titre d'album. Et comme ce sont de longues chansons, avec beaucoup de paroles, ça recouvre la plupart du temps l'album. Et puis, "Design Your Universe" allait aussi très bien pour le nom d'un album. Donc nous avons perpétué la tradition.

"Design Your Universe" représente la liberté, la possibilité de changer notre monde. Penses-tu que nous sommes les seuls maîtres de notre destin et que nous pouvons changer le monde dans lequel nous vivons seulement par la volonté ?

Je le pense. Je pense que si nous le voulons vraiment, nous le pouvons. Mais jusqu'ici peu de personne le veulent. Nous vivons dans un monde où l'argent est plus important que la nature. Ça s'est développé comme ça, l’économie a augmenté, s’est développée, et nous n'accordions plus aucune importance à la nature. Je pense que c'est pour ça que nous ne voulons pas vraiment effectuer de changement. Parce que chacun est véritablement centré sur son propre portefeuille en le dépensant car on veut ce que le voisin a. L'herbe est toujours plus verte chez le voisin. Et maintenant, nous nous apercevons que ce n’est pas dans ce sens qu’il faut aller. Parce que les gens sont devenus individualistes, ils ne travaillent plus ensemble, et c’est chacun pour soi. Je pense que pour vivre tous ensemble dans ce monde, nous devons de nouveau travailler ensemble. Il faut que nous travaillions tous ensemble, sinon, nous détruisons tout ce que nous avons : nous détruisons la terre, nous nous détruisons. Je pense que si nous nous concentrons dessus, nous pouvons vraiment changer les choses. Jusqu'ici beaucoup de personnes ont essayé, mais n’y sont jamais arrivées. De nos jours, de plus en plus de personnes se rendent compte que nous devons faire quelque chose, sinon, cela sera désastreux pour les générations à venir.

Quand tu écris tes paroles, y a-t-il une limite que tu ne veux pas franchir car tu penses aller trop loin dans tes propos ou bien tu n'as aucune limite ?

Je n'ai aucune limite. Bien sûr, quand tu écris, parfois tu supprimes des choses qui ne te semblent pas appropriées, qui vont peut-être trop loin. Mais c'est parce que je me dis que ce n'est pas une chose à faire. Si tout ce que je pense me semble juste, je l'écris sans me poser de contraintes. Les seules limites que j'ai sont envers moi-même, quand je pense avoir tort. Mais pour le reste, je ne m'impose pas de limites.

Et penses-tu que tu peux changer l'état d'esprit des gens avec tes paroles ?

Je suis sûr qu'on le peut ! Beaucoup de personnes nous écrivent des messages pour dire qu'ils ont trouvé un soutien à travers notre musique. Les gens qui traversent des moments très difficile dans la vie trouve un soutien dans la musique, et commence à aller mieux. Si quelqu'un se sent mieux en écoutant notre musique, alors c’est déjà un changement d'état d'esprit.

Simone et toi êtes tous deux les paroliers du groupe. Penses-tu qu'il est important pour Epica d'avoir deux facettes différentes dans l'écriture ?

Oui, je le pense. Je pense qu'il est intéressant pour les gens d'avoir deux genres de paroles complètement différents. Je pense que ça maintient l'intérêt. Et puis, il y a des gens qui se sentent plus touchés par les paroles de Simone, d’autres qui le sont plus par les miennes ! C'est une bonne chose, il y a plus de variations.

Sur ce nouvel album, il y a la suite de "A New Age Dawns". Penses-tu avoir exploré le sujet dans son ensemble ou vas-tu écrire à nouveau dessus dans le futur ?

Oh, je pense qu'à chaque fois il y a toujours plus de choses à explorer dans le sujet et tant de choses à apprendre. Il y a tant de livres que je souhaite lire, tant de choses qui me fascinent. Donc je pense que ça pourrait ne jamais s'arrêter. Je ne suis pas sûr que nous continuions ce sujet dans le futur, parce que c'est une chose à laquelle nous ne pensons jamais. C'est possible. S'il y a des raisons de continuer ou non, cela dépendra !

Si l'on excepte "The Score" et votre album live, j'ai remarqué que votre premier album et votre troisième avaient des chansons en commun ("The Embrace That Smothers") et que Simone apparaissait sur ces deux pochettes. Et sur le second et le quatrième qui ont en commun "A New Ages Dawns", Simone n'apparaît pas sur les pochettes. La présence de Simone sur la pochette aurait-elle un lien avec un concept ou certaines chansons ?

(Rires). Oh c'est amusant que tu y ais vu une connexion. Je ne l'avais pas réalisé. Nous n'avions pas pensé à cela, mais tu as raison, il y a un lien. Peut-être que l'on peut y voir une conspiration derrière cela (rires). Mais le fait est que nous n'y avons jamais pensé.

Votre clip "Unleashed" intrigue beaucoup de monde. Quel est son sens ?

Je trouve ça drôle. J'ai aussi lu des conversations sur des forums où les gens se demandent "quel est le sens de cette vidéo". (Rires) C'est bien, car quand ce n'est pas flagrant, les gens commencent à en parler et cela crée un buzz. Et c'est le but d’un clip, que les gens en parlent. Et le sens, c'est que le personnage principal du clip s'est fait tuer par des cambrioleurs. Mais il n'a pas réalisé qu'il était mort. Alors il reste là. Sa femme est assise, il essaye d'établir un contact avec elle, mais elle ne le voit pas puisqu'il est mort, ce qu'il ne réalise toujours pas. Et puis, il est hanté par les membres du groupe qui le suivent partout. Dans un sens, ils essayent de lui faire comprendre qu'il doit partir de là, aller dans la lumière par exemple, car sa place n'est plus ici, et donc qu'il ne peut plus rester sur la terre. Nous devons le hanter et le faire partir d'ici.

Epica semble être omniprésent sur la scène metal depuis sa création. Comment expliques-tu cela ?

Oui, nous avons eu beaucoup de chance depuis le début. Nos tout premiers concerts n'ont pas amené beaucoup de personnes, mais dès que le nom du groupe s'est mieux fait connaître, de plus en plus de personnes sont venues à nos concerts. Et depuis le début, il était important pour nous d'avoir la possibilité d'avoir la meilleure qualité possible sur CD, la meilleure qualité possible sur scène, et comme nous avons toujours travaillé sur les détails pour les améliorer, c'est pour ça que notre nom s'est construit aussi vite en peu de temps. Et c'est aussi pour ça que nous avons sorti autant d'albums en une durée relativement courte. Je pense que ce sont les raisons !

Ce week-end, vous avez joué au Paradisio afin de présenter votre album. Quelles ont été les réactions du public ?

Nous avons eu de très bonnes réactions. Ce que j'ai lu sur Internet et entendu après le concert c'est que les gens étaient contents du concert. Nous avons fait de gros efforts pour en faire un gros concert : il y avait un grand jeu de lumière, de la pyrotechnie, et quelques invités spéciaux. Notre ancien guitariste, Ad Sluijter, a joué une chanson avec nous. Et je pense que les gens étaient très contents de ça. Et puis les chansons ont été vraiment bien accueillies. Je suis content que ça se soit bien passé.

En parlant d'invités, il y aura deux invités au Metal Female Voices Festival, il y en a-t-il un qui déjà joué avec vous ?

(Rires) Il y en a un qui a déjà joué avec nous, et un autre qui ne l'a pas encore fait

Et vous ne direz vraiment pas qui ils sont avant le concert ?

Oui, je promets de ne le dire à personne (Rires). Et puis sinon, ça ne sera plus une surprise.

Vous allez enregistrer un DVD au Metal Female Voices Festival…

On va le filmer pour un DVD, mais nous ne sommes pas sûrs d'utiliser le matériel qu'on en retirera.

Et si vous le filmez, est-ce que parce que vous avez une relation très particulière avec le festival qui a été créé notamment pour aider Epica à se produire en Belgique ?

Oui, nous avons une relation véritablement spéciale avec le Metal Female Voices Fest. Et ils aiment dire qu'il a été créé pour aider Epica à jouer en Belgique. Et puis, le festival s'est développé comme Epica, très rapidement et est devenu très gros. C'est pour cela que nous avons joué autant de fois au Metal Female Voices Festival. Nous avons manqué une seule édition car nous nous étions dit que ce n'était pas bien de jouer tout le temps là bas et que nous allions commencer à ennuyer les gens. Mais maintenant, nous avons notre nouvel album, il va y avoir un film du concert. Donc toutes ces choses réunies et le fait que nous allons faire le plus gros show qu'on n'ait jamais fait auparavant... Donc, oui, nous avons vraiment une relation spéciale avec le Metal Female... ça a toujours été comme ça, et nous avons toujours cherché à faire quelque chose de spécial pour le Metal Female Voices fest, et j'attends vraiment avec impatience ce concert. Je suis sûr que ça va être l'un des points forts de cette année 2009 pour moi, avec bien sûr le concert du Paradisio, celui de The Classical Conspiracy et le Wacken Open Air. Ces quatre concerts sont véritablement les quatre points forts de l'année !

Mais vous n’avez pas encore joué en France cette année, donc peut-être que l’un de vos concerts ici fera partie de vos préférés !

Oui, nous allons jouer à l'Elysée Montmartre, et c'est aussi un des concerts que je préfère. Mais aussi Lyon, c'est un plaisir d'y jouer. En France, il y a toujours un bon public pour Epica, donc peut-être qu'à la fin de l'année, j'aurais cinq ou six concerts importants.

Vous allez donner deux concert à Paris, dont un spécial le 6 novembre. Pourquoi ?

Nous avons la chance de pouvoir jouer deux fois à l'Elysée Montmartre cette fois-ci, car la fois précédente, c'était complet et certaines personnes n'ont pas pu venir. Donc, nous avons décidé de faire deux concerts afin que tout le monde puisse venir à l'un d'entre eux ! Et pour ceux qui veulent assister aux deux, nous voulons faire deux set-list différents. Donc, l'un d'eux sera une présentation live pour que les gens qui aiment le nouvel album puissent venir le 6 car ils entendront toutes les chansons. Et ceux qui viendront le 7 auront droit à un mix entre beaucoup d'anciennes chansons et de nouvelles chansons. Les chansons jouées le premier soir ne le seront pas le deuxième soir !

Pour finir cette interview, peux-tu dire quelques mots pour les fans ?

Ce que je veux vraiment dire, c'est que j'attends la tournée européenne avec impatience et terminer cette tournée en France, car on la termine à l'Elysée Montmartre. Paris est l'une des villes que je préfère dans le monde et Les Champs Elysées l'une des plus belles avenues d'Europe. Donc achever la tournée à Paris est une fin parfaite car l'on joue dans une super salle. Parce que si tu joues à l'Elysée Montmartre et qu'ensuite, tu dois jouer dans un club allemand, tu es déçu. Tu n'en as pas envie, mais tu es quand même déçu. C'est mieux de commencer dans les petits clubs et ensuite augmenter la taille des salles, comme ça, tu es enthousiaste du début à la fin de la tournée ! Alors j'espère que les fans viendront à nos concerts !