D-A-D (face à face)

Interview date

27 Aout 2011

Interviewer

Hellblazer

I N T E R V I E W

Interview D-A-D (face à face)

Un nouvel album vient d'être enregistré. Quand sortira t-il et que pouvez-vous nous en dire ?

Stig Pedersen : Il devrait sortir le 31 octobre si tout va bien. Il n’a pas encore de titre, seulement différents titres de travail que nous préférons ne pas dévoiler. Nous attendons toujours d’avoir enregistré et sélectionné les chansons pour dégager une idée générale de l’album, de laquelle naît le titre final. Cela se fait au tout dernier moment. Globalement, cet album se rapproche de Helpyourselfish… c’est du "concrete rock" (traduire par "rock béton" !).

Comment procédez-vous pour composer et enregistrer un disque ?

Stig Pedersen : Nous sommes présents en studio du lundi au vendredi, du matin au soir. Nous nous y mettons en cercle et jammons librement. Lorsqu’un riff émerge et retient notre attention, nous le développons et… pouf, nous avons une chanson !

Quelles sont vos influences musicales ?

Laust Sonne : c’est Stig… Stig Pedersen : c’est Laust ! (Rires). Ok, plus sérieusement, nos racines sont à chercher dans le punk. L’esprit punk a toujours été avec nous, et même si notre style évolue en permanence, il ne nous a jamais quitté et transpire dans nos chansons soit à travers la musique soit à travers les paroles… ou les deux en même temps.

Helpyourselfish semble avoir marqué la fin d'une époque en tant qu'orientation musicale et Simpatico le commencement d'une nouvelle. Comment l'expliquez-vous ?

Jesper Binzer : Oui, en effet. Tout d’abord, nous essayons de ne jamais faire deux fois le même album, c’est un fait. Mais à cette époque, après la montée en puissance de No Fuel Left For The Pilgrims, Riskin’It All et enfin Helpyourselfish, qui nous a donné beaucoup de mal, un changement s’est produit en nous. Peut-être que le rock "dur" de Helpyourselfish n’était plus fait pour nous ou pour notre public ? Nous avons donc introduit de nouveaux éléments dans notre musique, avec d’une certaine manière une orientation plus soft, sans toutefois perdre l’esprit punk.

Vous semblez très liés tous les quatre. Un seul changement de line-up en vingt-six ans, c'est rare... Les crédits sur vos disques mentionnent d'ailleurs toujours "All Selections By D-A-D". Est-ce quelque chose de naturel ou devez-vous faire des efforts pour cultiver cette fusion... comme un couple ?

Stig Pedersen : C’est simple et compliqué à la fois : nous tâchons de ne jamais perdre de vue l’objectif ! Ainsi, nous savons dépasser nos différences et tous travailler dans le même but et dans un bon esprit, productif.

Votre musique a toujours été un mélange d'énergie, d'humour et de mélancolie. Comment cela se fait-il ?

Stig Pedersen : Là aussi la réponse est simple : c’est tout simplement ce que nous sommes ! Notre musique reflète nos sentiments réels, les textes sont tirés de nos expériences diverses de la vie. Et de plus, c’est notre style, notre marque de fabrique, qui est venu naturellement.

A partir de quand avez-vous commencé à vivre de votre musique en tant que job à plein temps ?

Stig Pedersen : En fait, nous avons dés le départ tout misé sur la musique, avec l’objectif d’en vivre le plus vite possible, non pas en l’abordant en amateurs en plus d’un boulot alimentaire qui nous aurait sécurisé, mais en essayant d’être immédiatement professionnels, avec comme seule option la réussite. Nous avons beaucoup tourné en clubs et avons tâché d’enregistrer rapidement un premier album. Nous aimions le punk et le fun, mais cela n’empêche pas de se donner les moyens d’être crédible et pro.

En tant que fan français, il n'est pas aisé de se procurer vos disques en magasin. Avez-vous délibérément ciblé les marchés de la Scandinavie, de l'Allemagne et du Japon ? Et comment est votre situation par rapport aux concerts en France ?

Stig Pedersen : Nous ne ciblons pas de marché particulier. Après nos déboires survenus avec le music business américain (période Riskin’It All), notre public s’est recentré sur l’Europe (et le Japon dans une moindre mesure). Aujourd’hui, l’Allemagne nous réserve toujours un accueil chaleureux, et bien entendu la Scandinavie, notre terre natale. En France, malgré trois ou quatre concerts donnés à Paris par le passé, nous n’avons tout simplement pas été invités par les tourneurs, qui ne souhaitent pas prendre le risque de mévendre les tickets de concerts si nous en étions à l’affiche. A bon entendeur…

Comment le nom Disneyland After Dark est venu à l'esprit de Stig ?

Stig Pedersen : Au départ, nous étions férus de culture américaine, avec tout ce qu’elle peut avoir à la fois de saugrenu, grandiloquent et kitsch, avec ce côté western également. Le nom emblématique de Disney s’est donc naturellement imposé, et pour y ajouter un coté subversif et fun, nous y avons rajouté After Dark… jusqu’à ce que Disney nous menace d’un procès coûteux, et nous l'avons racourci en D.A.D puis D-A-D, qui passait mieux avec l'apogée d'internet.

Stig… combien de basses deux cordes possèdes-tu ? Tu réalises aussi tes costumes ?

Stig Pedersen : Huit ou neuf, je crois. Je les ai utilisées, en plus de la scène, pour enregistrer les précédents albums. Mais sur le nouvel opus, c’est une quatre cordes que j’ai utilisée. Je les dessine moi-même, comme mes costumes, en effet.

Quelles sont vos idoles musicales ?

Laust : T-Rex et Nirvana (Nevermind) / Stig : Nirvana (Nevermind), Ramones / Jakob : AC/DC et punk / Jesper : Ramones et punk.

Quel est votre album préféré de votre propre discographie ?

Tous les quatre : Everything Glows, sans aucun doute, car c’est le disque sur lequel Laust nous a rejoint, et de plus son contenu nous plait enormément (il attaqueront d’ailleurs le concert, dont la set-list est décidée à la dernière minute, avec Evil Twin) et nous semble très abouti. Il a été généré avec joie et facilité.

Même question avec une de vos chansons ?

Jesper : Jacketless In December / Jakob : Sleeping My Day Away / Stig et Laust : Something Good.

Quel est l'album que vous avez eu le plus de mal à réaliser ?

Stig Pedersen : Helpyourselfish a été de loin le plus dur de tous à accoucher. Il nous a demandé trois ans d’efforts, de bouleversements et de batailles avec la maison de disque. Sa réalisation a été ponctuée de nombreux doutes et problèmes. Tellement de mauvaises vibrations sur cet album… (ndla : et pourtant c'est mon favori !)

No Fuel Left For The Pilgrims est-il toujours à ce jour l'album ayant remporté le plus gros succès commercial de votre carrière ?

Jesper Binzer : Oui, ainsi que Riskin’It All, qui ont été les deux plus gros succès à ce jour.

Je vous ai vus en 1995 au Rock Am Ring en Allemagne, c'était gigantesque… Quel a été votre meilleur concert ?

Stig Pedersen : Difficile à dire. Hormis les concerts "classiques", nous avons joué dans beaucoup d’endroits farfelus… nos meilleurs souvenirs remontent à nos début, mais aussi plus récemment avec le Bang Your Head Festival et le Main Square Festival à Copenhague, où nous avons sablé le champagne sur scène à minuit.

Vous éclatez-vous toujours autant que lors de vos débuts il y a vingt-six ans ?

Stig Pedersen : Oui, absolument… nous avons tout de même la chance de faire ce que nous aimons, et en vivons bien.

Nick Foss a produit cinq de vos dix albums. Qui va se charger du prochain ?

Jesper Binzer : Nick Foss, justement, de retour à la maison !

Lorsque vous regardez en arrière votre carrière, si vous le pouviez, changeriez-vous quelque chose ?

Stig Pedersen : je me serais fait tatouer à quinze ans ! J’aurais attiré plein de nanas… Plus sérieusement : Oui, plusieurs choses, bien sûr. Mais si nous les changions, les conséquences nous permettraient-elles d’être là aujourd’hui ? Nous discutons toujours de tous nos choix à quatre, afin de prendre les meilleures décisions possibles, de manière à ne jamais les regretter par la suite. Et puis après presque vingt ans de métier, nous avons appris de nos erreurs...


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