Groupe:

Les Tambours du Bronx

Date:

13 Décembre 2019

Interviewer:

JeanMichHell

Interview Les Tambours du Bronx

Avant de vous présenter cette interview, je tiens à signaler la franche camaraderie qui ressort de ce groupe rempli de grande et de petite histoire que sont les Tambours du Bronx. Ce fut un plaisir de partager cette demi-heure d’interview avec eux ; et ce fut également un plaisir de partager une heure de plus en « off » avec Luc, l’homme hirsute et barbu reconnaissable entre mille qui m’a raconté bien d’autres anecdotes mais qu’il m’est bien difficile de vous rapporter aujourd’hui…

Je vais commencer par me présenter : je suis Jean Mich’Hell du Webzine Aux Portes du Metal, est-ce que vous connaissez ce Webzine?

Luc : Bien sûr, on ne connaît que celui-là, allons. Une petite présentation en quelques mots :

Stéphane : Je suis Stéphane, je fais le chant dans les Tambours depuis deux ans aux côtés de Reuno de Lofofora et de Renato de Flayed et Trepalium. Je me tourne vers...

Luc : Moi, je suis juste pour la déco. J'ai bien compris que nous étions dans un truc sérieux.

Dom : Ah ben si, présente-toi ! Luc, collectionneur de soutien-gorge !

Luc : Ah oui, si on devient sérieux, alors. Je possède plus de six cents cinquante soutien-gorge, donc si tu souhaites parler de tétines, de rustines, de bonnets, je suis ton homme. Mais pour le reste, je les laisse faire. Donc tu fais une interview avec eux, et après pour le sujet précédent, tu m'accordes une heure juste pour moi que je te parle un petit peu de volume...

David : Batteur aux bidons.

Will : (qui passait par là) Will, mais je ne suis pas là.

Dom : Je suis aux bidons sur les shows classiques et à la guitare sur les shows Weapon.

Justement, Weapon est sorti il y a un peu plus d'un an, quel regard portez-vous sur cet album ?

Dom : Un sentiment de fierté, nous avons pris des risques et nous ne savions pas comment l'album allait être accueilli. Le succès, couplé au plaisir de jouer, le retour du public fait que nous sommes ravis, et un peu fier.

WOMP a été, j'imagine, un processus de création un peu particulier, comment vous êtes organisés ?

Dom : Ç'a été l'occasion, le bon alignement des planètes, ç'a été des rencontres, on a eu les bons mecs au bon moment. En fait, on a un peu tout jeté en l'air, c'est arrivé dans l'ordre. On a commencé par composer les morceaux, ç'a été très vite. Puis on a pris contact avec Francky, on a jammé avec lui pour voir si ça collait entre nous, on a fait une partie de ping-pong musical et ç'a collé. L'album est arrivé en instrumental, très vite en à peine quelques mois. Et on a eu envie de rajouter du chant, ça nous paraissait tellement évident qu'il manquait du chant. On a cherché un chanteur charismatique avec une belle plume ...

Et du coup, vous en avez eu trois ?

Luc : Trois belles plumes, et trois belles voix ! Mais dis donc, depuis tout à l’heure tu nous poses des questions, et nous aussi on peut t’en poser !

Mais avec plaisir…

Luc : Pourquoi tu ne filmes pas avec ton truc, là ? C’est simplement pour prendre le son, nous écrivons les interviews ensuite…

Stéphane : Reuno a été contacté dans un premier temps par les Tambours pour être le chanteur de cet album. Il a regardé sur mon emploi du temps, puisqu’il a dit oui tout de suite, et il a vite vu qu’il ne pouvait pas tout faire, il avait un autre projet dans les tuyaux.

C'était en même temps que le projet acoustique des Lofos ?

Stéphane : Oui, c'est ça. Il a donc pris contact avec moi pour savoir si j'avais un peu de temps. Mais moi non plus je n'ai pas réfléchi, j'ai dit oui tout de suite malgré mon emploi du temps de ministre. Après en regardant de plus près, on a trouvé des dates, et au fur et à mesure du temps le spectacle a commencé à être plébiscité par le public. Sauf que sur certaines dates, ni Reuno, ni moi n’étions disponibles, alors que l'idée du projet initial était d'avoir un chanteur et un remplaçant. Mais même cette idée de binôme, au final, c’était compliqué. J'ai pris alors contact avec Renato pour être mon double et voilà, on tourne en trio.

Nous avions eu le plaisir avec mon compère JC de vous voir l’année dernière à la Rock School Barbey et il nous avait totalement bluffés à lui tout seul.

Dom : D'autant que nous avons une tradition dans les Tambours : c'est que lorsque nous avons un chanteur et qu'il monte sur scène, il n'a quasiment jamais répété. Renato n'a fait aucune répète avec nous, il est monté directement sur scène ; Reuno et Steph, ils en ont fait une et demi, je crois. Et puis c'était parti !

Luc : Ce qui est beau, c'est que ça fait trente ans qu'on joue et que l'on ne sait toujours pas jouer. C'est balaise !

Qu'est-ce que représente pour vous cette collaboration, musicalement et humainement ?

Luc : Collabo, on n’aime pas trop ; si tu pouvais marquer union, ce serait mieux, on préfère... Collabo, c'est chaud.

Will : Cela peut paraître un peu fleur bleu, mais c'est le plaisir, la joie de jouer ensemble…

Dom : Finalement, c’est dommage que tu ne filmes pas parce que quand tu regardes la tête de Will, tu sens toute la joie de vivre qui émane de lui… (Will, qui était juste de passage, est toujours présent, et il est vrai que son sourire est bien caché…)

Will : T’es vraiment un enfoiré, pour une fois que je dis un truc… (Tout ceci dans l’hilarité générale)

David : Il a de la joie dans la dépression…

Luc : Non mais c’est avant tout apprendre à se connaître, et rencontrer d’autres personnes…

Stéphane : C'est avant tout un véritable spectacle, ce sont les Tambours avec un groupe de Metal !

Dom : En fait, c'est à l'image du titre de l'album Weapon Upon Mass Percussion, qui veut tout dire : ça tabasse ! C'est un vrai plaisir à jouer, c'est un véritable défouloir. Et puis on est tous copains, c'est un moment de plaisir partagé.

Stéphane : On se pose pas de question, on joue, on y va, c'est très direct.

Luc : Parfois même ça tabasse, il n'y a pas de bidon. Une autre question ?

Justement, comment les chanteurs ont-ils été intégrés ? Ont-ils été approuvés, adoptés, adoubés ?

Luc : Ah ben tout s'est joué dans la piaule ! Le plus dur pour lui, ça été de l'attraper par les cheveux...

Stéphane : C'est pour cela que je me rase souvent...

Dom : C’est pour ses cheveux que l’on a appelé Renato.

Mais vous vous connaissiez avant ?

Dom : Pas spécialement, nous nous étions croisés mais pas plus.

Stéphane : Nous avions eu l’occasion de jouer une fois ensemble sur un festival. Mais on ne se connaissait pas plus que ça, nous nous étions croisés.

Luc : Je me souviens tu nous avais lancé un caillou ou une canette pour te faire remarquer et on avait fini aux chiottes.

Stéphane : Ouais mais c’est moi qui t’avais…

Luc : Coupez ! ça va trop loin, j’vous jure… Eh, la prochaine interview on la fait à la maison parce que là ça devient intime…

Votre public historique, qu'est-ce qu'il en pense de cette nouvelle démarche ? Historiquement, ce n'est pas forcément un public de Métalleux qui vous suit.

Dom : Oui ben forcément, il y a toujours quelques personnes que ça chauffe, qui quittent la salle ; tu ne peux pas contenter tout le monde, de toute façon. Mais bon, il faut savoir que nous, ça fait déjà un peu plus de trente ans que l'on choque les gens par notre démarche. Les personnes qui viennent en concert pensent toujours qu'ils vont voir STOMP. Et il y en a un certain nombre qui se disent : "mais qu'est-ce que c'est que cette bande de malades ?!" et qui quittent la salle. Et même devant le show metal, nous en avons quelques-uns qui réagissent comme ça, mais c'est loin d'être la majorité. Il y a une partie du public metal qui vient nous voir, et une partie de notre public classique. Le public classique s'y retrouve parce qu'il y a toujours les bidons, il y a la gestuelle, il y a ce qui fait les Tambours. Et il ne faut pas oublier que la mamie de maintenant elle a aussi grandi avec Motörhead...

Luc : D'ailleurs, on en a une qui vient ce soir, qui nous a déjà vus sur plus de quatre-vingts concerts. C'est impressionnant, tu vois là, par exemple, demain on joue à cent cinquante bornes d'ici et elle y sera également. Mais je crois qu’elle est amoureuse de Dom… Elle n’ose pas lui dire pourtant on la remarque, elle a une blouse à carreaux et des gants pour la vaisselle, tu ne peux pas la rater ! Bref, question suivante…

Vous avez eu l'occasion de faire différentes collaborations dont une connue et reconnue avec Sepultura. C'est suite à cette expérience que vous vous êtes dit : "on doit marquer de notre empreinte la planète metal" ?

Dom : Je crois que le metal a toujours fait partie de notre culture, on a tous grandi dans le rock plus ou moins dur. Que ce soit, rock, hard-rock, hardcore, cela fait partie de nous. De toute façon, nous ne sommes pas un groupe de percussion traditionnel, nous n'avons jamais abordé les bidons comme des percussionnistes traditionnels. Et avec Sepultura, il y a une forme de déclic. On avait déjà essayé dans les années 90 guitare et bidon, et ça n'avait pas très bien fonctionné. Depuis, on était un peu frileux à renouveler l'expérience, mais l'épisode avec Sepultura nous a confortés dans l'idée que ça fonctionne formidablement bien. Ce que l'on regrette avec Sepultura, c'est qu'aux niveaux financier et logistique, c'était très compliqué d'avoir une telle organisation sur une scène, que nous avons dû nous contenter de grands festivals, sans pouvoir faire des petits clubs comme c'était prévu au début. On est tous restés un peu sur notre faim et du coup, ç'a joué dans notre choix de nous tourner vers cet album plus metal.

Luc : Je peux te poser une question ? Est-ce que tu as fait gaffe comment Dom il parle bien ? Je ne sais pas comment il fait, moi quand c’est trop long je me mélange les pédales. (rires) Il fait un peu gars du bureau.

Avec vos trente ans de carrière comment avez-vous vécu l'ensemble des lieux, les différents endroits que vous avez pu visiter, découvrir ?

Luc : Bon, je vais essayer d'être sérieux trente secondes mais, je te préviens, ce sera la seule fois l'interview. Sur un plan personnel d'accord, imagine-nous au départ avec le peu de matériel qu'on a eu de connaître une telle explosion. On a fait Champs-Élysées, le défilé, le bicentenaire, la Tour Eiffel, les tournées, et quand je regarde un peu le parcours je suis impressionné par tous les pays qu'on a pu connaître, et réussir quelque part à faire passer au côté metal un public qui à la base qui n'y était pas préparé. Nous, on vient de Nevers, avec des bidons ; quand tu regardes le parcours, ben c'est balaise quand même. C'est de la fierté, sans vouloir se la péter, quand tu regardes d'autres groupes qui font des choses très très bien, et qu'ils n'ont pas fait le quart des choses qu'on a pu faire, c'est balaise. La simplicité des choses : deux bouts de bois, un bidon ; que retiennent les gens ? c'est l'énergie, le côté animal.

Qu'est-ce qu'on vous souhaitez pour la suite ?

Dom : Que ça continue comme ça encore quelques décades ! Pour la retraite jusqu'à nos quatre-vingt-quatorze ans ! (rires)

Luc : Et puis dans notre cas, vu ce que dit notre président, la retraite et l'intermittence, il a intérêt à nous mettre des personnes dans les bras.

Dom : En fait c'est ce qu'on s'était dit dès le début, on espère tout simplement que ça ne s'arrêtera pas, qu'on ira le plus loin possible. Mais en termes de projets, on aimerait bien dépasser les frontières françaises, genre les festivals de metal à l'étranger.

Le mot de la fin ?

Dom : Ben, catapulte.

Très bien, merci messieurs pour le temps que vous m'avez accordé.

L'équipe : Merci.

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