Groupe:

Superscream

Date:

18 Juin 2017

Interviewer:

Didier

Interview Phil et Eric (face à face)

Salut les gars ! D’abord pouvez-vous nous présenter le groupe ?

Phil : Oui, alors Superscream est un groupe de hard rock, metal prog, dont la particularité est d’incorporer sur certains morceaux des influences world music, et même du jazz et d’autres choses qui n’ont rien à voir avec le metal en fait.

Eric : On est cinq dans le groupe, Phil Vermont et Daniel Sminiac aux guitares, Stéphane Lescarbotte à la basse, Martin Mabire à la batterie et moi-même Eric Pariche au chant.

D’abord, expliquez-nous l’origine du nom du groupe.

Phil : C’est moi qui aie trouvé ça dans un camion de tournée. Je voulais absolument un nom qui, quand tu le cherches sur le net, le groupe apparait en premier. Ca éliminait déjà pas mal de choses. Après il y a aussi une autre raison, c’est que pour moi, ce projet était un retour au hard rock, la musique de mon cœur. A cette époque, mon métier faisait que je ne jouais plus du tout ce genre de musique, j’étais obligé d’être guitariste pour d’autres choses. Du coup c’était un super cri d’amour à cette musique que je retrouvais.

Quels sont vos influences majeures ?

Phil : Il y a des influences fédératrices du groupe et celles plus individuelles et de composition. C’est clair que moi dans l’écriture je suis très influencé par Dream Theater et par les groupes de prog de manière générale. Ce qui fait l’unanimité dans le groupe, c’est le classic rock, le hard rock genre Led Zeppelin, Deep Purple. On est tous fans de ces trucs-là.

Est-ce plus compliqué que pour d’autres d’être un groupe de metal de Rouen ?

Phil : J’en sais trop rien. Rouen est une ville un peu compliquée pour la musique d’une manière générale. Souvent les artistes français commencent leur tournée par Rouen en se disant, si ça marche là, ca marchera partout ailleurs [rires]. Ca te donne une idée du truc. Il y a des groupes metal à Rouen, il y a des artistes de talent à Rouen. Après il n’y a pas forcément les structures et les salles de spectacles qui vont bien pour les diffuser.

Eric : Un groupe de metal en France, c’est déjà pas évident.

Vous êtes au Hellfest cette année mais vous n’y jouez pas, c’est pas trop frustrant ?

Phil : Non, dans la mesure où il faut d’abord savoir être patient. C’est le premier truc...

Eric : Si putain, c’est frustrant, moi j’ai envie d’y aller, putain j’ai envie d’y aller... du coup je vais dans la piscine du VIP à la place pour me calmer. [rires]

Phil : C’est déjà super de se retrouver comme hier à boire un coup entre Pain Of Salvation et Ultra Vomit et de pouvoir côtoyer ces gens-là. Après, oui, bien sûr qu’on a envie de jouer au Hellfest. Qui n’a pas envie de jouer au Hellfest ? Mais je me dis que la route est longue et il faut savoir patienter. C’est déjà pas trop mal engagé...

Outre la promo, vous allez pouvoir assister à quelques concerts ?

Phil : Oui, quelques uns.

Eric : Je vois que tu as un t-shirt de Pain Of Salvation, et moi je suis aussi fan, plus que Phil d’ailleurs, et j’ai apprécié leur set. D’où j‘étais, j’avais pas un super son, mais bon, je suis peut-être un peu chiant aussi. On a vu aussi un bout d’Aerosmith que j’ai apprécié.

Phil : Eric n’a pas vu mais moi j’ai vu Deep Purple aussi. J’ai trouvé Gillan meilleur qu’il y a deux ans ; par contre Morse, pas du tout à l’aise. Il semblerait qu’il ait des soucis d’arthrite et ça commence à se ressentir. A part ça, c’était un super concert. Aerosmith j’ai surkiffé aussi.

J’avais chroniqué "The Engine Cries", votre second album et je l'ai beaucoup aimé. Parlez-moi d’abord de cette pochette étrange. Qui en est l’auteur ? Que signifie-t-elle ?

Eric : Attends je la regarde encore un coup pour pas dire trop de connerie... Alors on a eu beaucoup de discussions par rapport au visuel. Au départ on pouvait partir un peu dans n’importe quelle direction. Et puis j’ai fait des recherche et on est tombé d’accord pour s’influencer d’un artiste qui s’appelle Caras Ionut qui fait dans le surréalisme, pas mal de montages photo. C’est finalement Stan W Decker qui a réalisé la pochette en fonction d’une demande qui s’est construite dans le temps à coup de Photoshop et avec mes maigres moyens de création photo. Il nous a proposé quelque chose de super. Ensuite, j’ai voulu aussi soigner l’objet et faire un design personnalisé, unique et spécial. Puisque les gens n’achètent plus les disques pour les écouter mais plutôt comme un objet, un truc qui touche plus l’affect, j’ai voulu soigner l’objet. Il a un vernis particulier, bref c’est un design chiadé que les gens aimeront sortir pour le montrer ou juste pour le toucher. Tu vois, d’ailleurs, j’ai voulu qu’il n’y ait pas de plastique dans la pochette. Le moyeux est un produit qui vient des US directement. On a eu quelques galères, mais en tout cas, ça a été travaillé. Au niveau de la signification, on a joué sur la "Evil Cream" qui est une matière un peu particulière, qui est le fil conducteur de l’album, qu’on utilise aussi sur scène, et qui est une sorte de potion magique pour metalleux. Je ne donne pas la recette, d’ailleurs je n’ai jamais dit que je la connaissais cette recette… mais en tout cas, on s’en sert et j’en consomme même sur scène. On fonctionne, on tourne, notre moteur, notre machine, notre album tourne à l’Evil Cream.

Phil : Le sens du titre aussi c’est que le moteur pleure et hurle. On essayé dans cet album de faire pleurer le moteur pour vous livrer le meilleur disque possible.

J’ai bien aimé cet album, et particulièrement le chant d’Eric qui me faisait penser aux ténors du style que sont Jorn Lande, Russel Allen ou James LaBrie. Des bonnes références je suppose ?

Eric : Oui ça va j’assume, tu peux continuer. Je les apprécie tous et tout particulièrement Jorn Lande.

Phil : Tu peux rajouter aussi Devin Townsend dans ta liste.

Eric : Oui aussi, j’aime beaucoup Geoff Tate aussi, certaines personnes m’ont dit que je leur rappelais Geoff dans certains cas.

J’ai aussi remarqué un très bon accent anglais, c’est quelque chose de naturel ou beaucoup travaillé par Eric ?

Eric : On a bossé pas mal. Et j’ai encore amélioré sur le DVD qu’on va sortir, j’ai remarqué quelques progrès au niveau de mon accent. C’est pas évident quand on est français de faire en sorte que ça ne s’entende pas trop.

Quels sont les thèmes que vous abordez dans vos textes ?

Eric : C’est moi qui m’occupe des textes. Disons à 80%. Sur cet album, Stéphane notre bassiste a écrit deux textes et j’ai écrit le reste. Je peux écrire à propos de toutes sortes de choses. Il n’y a pas de concept dans l’album à part la "Evil Cream". Phil me demande des trucs, par exemple il me dit "sur ce morceau, je veux un truc complètement déjanté". Et donc voilà j’ai fait un truc déjanté sur "Where is my mom?".

Phil : En général il ne faut pas trop le chauffer là-dessus. [rires]

Eric : J’aborde tous les thèmes des films d’horreur et j’ai créé un personnage qui n’a peur de rien ni de personne, sauf de sa mère. Sinon ça peut être des cris d’amour au metal, la rupture amoureuse,...

Il y a des claviers dans l’album mais pas de membre officiel à ce poste. C’est une volonté ?

Phil : Oui c’est une volonté. Dans la première mouture de Superscream, la mouture live, il y avait un clavier. On s’est aperçu qu’il était un peu sous employé. Et donc on a choisi pour le live de faire plutôt appel à une deuxième guitare et de sampler les claviers. Depuis qu’on a changé ça, on a des retours sur le live qui sont bien meilleurs. Après, les claviers que tu entends sur le disque, il ont été joués par des potes.

Cet album est assez éclectique, avec quelques morceaux très originaux, comme "Velvet Cigarette" qui fait penser à SOAD, ou encore "The Engine Cries" et ses influences orientales qui me font penser à Myrath.

Phil : C’est étonnant car pour moi, "Velvet Cigarette" c’était plutôt une Guns ‘n’ Roserie, avec un peu de AC/DC et un peu de Megadeth. "The Engine Cries", je l’avais déjà enregistré avec un autre groupe mais pas du tout sous cette forme-là. Il y avait par contre déjà le thème un peu oriental. C’était avec un groupe de jazz fusion et c’était les cuivres qui jouaient le thème. Tu reconnaitrais à peine le morceau, car il y a eu un gros travail de réécriture. En plus c’était un instrumental alors que maintenant, Eric chante dessus.

Eric : On en a même fait le clip pour lancer l’album, et le clip est sorti il y a une dizaine de jours [ici]. Je vous le conseille, je me suis fait des cheveux blancs pour le faire, ce clip. Ca dure presque dix minutes, c’est un petit court métrage.

Phil : C’est Eric qui a géré le truc de A à Z. On fonctionne comme ça dans le groupe. Chacun est responsable d’un dossier. Moi c’est l’écriture de la musique, Eric gère les textes avec Stéphane, il a aussi pris en charge la production.

Eric : Je m’occupe pas mal de l’aspect vidéo. J’adore ça donc c’est logique. On s’était déjà bien amusé avec les trailers de l’album. Pour celui de mon enlèvement j’avais pas calculé que diriger un clip tout en étant attaché à une chaise allait être aussi compliqué [rires]. Donner des directives en étant bâillonné, c’est clairement pas simple.

Le morceau "Where is my mom?" est vraiment étonnant aussi. Ce genre de délire jazz/death me fait penser à vos confrères de 6 :33 que j’ai interviewés hier. Vous connaissez leur musique ? Expliquez-nous la genèse de ce petit délire ?

Eric : Eh non, on ne connait pas mais il faut qu’on remédie très vite à ça.

Phil : Moi j’ai fait du jazz pendant des années. J’avais ce riff-là depuis le premier album, cette idée d’un walking bass repris à la guitare 7 cordes avec un gros shuffle. Et puis quand on a réécouté les rush du premier album, on s’est dit qu’il fallait carrément forcer le trait et ajouter les growls et jouer la carte du contraste. Et puis il y a cette partie au milieu qui rappelle un peu "The Mask" ou les big bands de Count Basie.

Eric : On sait pas si on ne va pas aussi en faire un clip. On a déjà tout le scénario et on aimerait beaucoup le faire. C’est un autre dossier qui me tient à cœur.

Phil : D’autant que là, pour une fois, on a fait le truc tous ensemble autour de quelques bières, et on est parti en sucette tous ensemble comme des grands. Donc effectivement, on espère vraiment que ce clip-là va se réaliser.

Je disais dans ma chro que cet album nous fait voyager musicalement, notamment avec un morceau comme "Ways Out". C’est le résultat de vos expériences personnel, ou juste une imagination débordante ?

Phil : Un peu des deux. Je suis quelqu’un qui a travaillé dans plein d’univers musicaux différents. Donc du coup ça apporte des idées un peu différentes. Et je suis aussi quelqu’un qui a beaucoup voyagé. Le thème du voyage musical c’est un truc qui me cause. Steve Vai avait fait un album pour lequel il avait voyagé dans plein de pays du monde et avait composé dans chacun des pays visités. Ca, typiquement, c’est une démarche qui me parle complètement. Quand Page et Plant vont enregistrer des trucs au Maroc avec des instruments du pays, c’est pareil, c’est une révélation pour moi. L’idée c’est de m’inspirer de ces choses-là.

Eric : Phil considère que c’est le morceau le plus abouti question écriture, sur cet album.

Est-ce que "The Engine Cries" va être distribué à l’étranger ?

Eric : Oui tout à fait. Au niveau digital c’est le monde et au niveau physique c’est sur l’Europe.

Allez-vous partir en tournée pour promouvoir cet album ? En France ? A l’étranger ?

Phil : Pour le moment on ne peut pas trop en parler, il y a des choses dans les tuyaux, depuis peu…

Eric : Depuis une dizaine de jours, la "Evil Cream" est dans les tuyaux. [rires]

Phil : On a prévu de tourner, ça c’est sûr, cet hiver normalement, en France et ailleurs, et même a priori surtout ailleurs.

Quoi d’autres en vue pour Superscream ?

Phil : On a un DVD Live qui doit sortir l’année prochaine. Là j’en suis à peu près au tiers du boulot dessus.

Eric : Il a été tourné à l’Arcade à Notre Dame de Gravenchon, près du Havre. On a fait une résidence là-bas pendant une semaine pour monter tout notre show. 14h par jour de boulot pour que tout soit nickel et qu’on puisse tourner le DVD le jour J avec le public.

Phil : C’était un pari un peu fou car l’album n’était pas encore sorti donc les gens ne connaissaient pas les morceaux. Et nous, on ne savait pas si ça allait coller ou pas. Et ça l’a fait.

Un dernier petit mot pour nos lecteurs ?

Phil : On espère que vous allez être nombreux à écouter "The Engine Cries" et que vous allez l’aimer parce que c’est un album de passionnés pour les passionnés. Si vous aimez Dream Theather, Haken et des choses plus hard rock, vous devriez trouver cet album à votre goût.

Eric : Et si vous voulez connaitre le secret de la "Evil Cream", il faudra passer par là !