Groupe:

Gorsed Noctis

Date:

19 Juillet 2017

Interviewer:

JeanMichHell

Interview Seb - Taran - Dusios

Bonjour, pouvez-vous vous présenter et indiquer ce que vous faites au sein du groupe ?

Je m'appelle Séb, chanteur de Gorsed Noctis, Dusios à côté de moi le bassiste et qui fait aussi les backing vocals. Et moi c'est Taran, je suis guitariste.

Comment est né Gorsed Noctis ?

C'est avant tout par connaissance, entre potes. On se connaissait déjà un peu avant et puis Uelcos (seconde guitare) a voulu faire un groupe un peu plus hors-norme dans l'extrême un peu brutal dans le death / grind. On s'est lancé comme ça et puis on sort aujourd'hui notre premier album Orgy On Meridians.

On reviendra sur le contenu de votre musique mais ce que j'ai trouvé intéressant c'est cette capacité à pouvoir faire une musique pleine de contrastes : entre la lourdeur de votre musique et la rapidité d'exécution du duo basse / batterie. C'est ce qui fait tout l'intérêt de vos compositions à mon sens. Comment est venue cette idée assez novatrice ?

C'est ce que l'on recherchait à faire à la base. Mais tout s'est fait assez naturellement au final. On avait des expériences les uns les autres à côté et puis on a décidé de se regrouper pour mettre nos inspirations en musique. On a aussi tous d'autres projets et puis à un moment on a décidé de se rassembler pour faire une sorte de musique un peu plus complexe, un peu plus extrême qui nous correspond mieux.

Mais vous aviez une boîte à rythme au début, au moment des compositions ?

Ah non non pas du tout, on a tout de suite cherché un vrai batteur (Kévin Paradis ! ndlr) qui pouvait s'investir dans notre projet. Au début, on a beaucoup travaillé au clic mais pas à la boîte à rythme à proprement parler et puis ensuite, on a démarché des batteurs.

On peut difficilement vous donner une étiquette mais comment définiriez-vous votre style musical ?

On a une vraie référence qui est Dying Fetus, notre base. L'idée était de se donner une ligne directrice et puis après on essaie de moduler. On envoie aussi bien du Grind, du Death, puis on a rajouté quelques passages Black, on essaie pas mal de choses différentes. On n'a pas un style vraiment défini, on ne colle pas à un style, une étiquette.

Quand on vous écoute on imagine que des groupes comme (bien sûr) Dying Fetus, Benighted ou encore Gorod font partie de vos influences. Quels sont les groupes qui vous ont donné envie de jouer ?

On cherchait déjà à faire du Death à la base, avec des passages très très lourd, des passages un peu plus techniques ou des passages un peu plus rapides, on voulait vraiment mettre en avant des contrastes musicaux. Faire passer l'auditeur par différentes phases, on ne souhaitait pas faire que de la musique qui bastonne, que ça tabasse tout le temps. On souhaitait que ça varie, même si notre base était claire. Moi je suis un peu plus thrash à la base, c'est d'ailleurs pour cela que l'on retrouve un ou deux plans de ce style là. Mais si tu souhaites une autre influence, Suffocation fait évidemment partie des groupes qui nous ont aussi marqués.

Quel regard avez-vous aujourd'hui sur la scène metal française ?

C'est une scène assez difficile à aborder aujourd'hui. Il y a tellement de monde qu'il est délicat de se démarquer. Il y a tellement de groupes, tellement de concerts, tellement d'événements que c'est quand même difficile de se faire connaître. Il y a quelques années, il n'y en avait pas autant, voir pas du tout, surtout dans la partie extrême, donc tu n'étais jamais gavé. Et puis il y a l'avantage et les désavantages de l'Internet, des réseaux sociaux, on accède à tout rapidement sans avoir forcément besoin de se déplacer. Donc les « petites » dates deviennent un peu rare ou alors c'est tout de suite rentrer dans les grands festivals mais c'est plus compliqué. Malgré cela, certaines choses sont plus faciles. Il est vrai qu'on peut vite aller en studio, même des home studios sont de grande qualité et Internet permet une diffusion rapide et large. Mais si tu ne sors pas du lot, aujourd'hui il y a peu de chances que l'on te reconnaisse rapidement. Je revois aussi l'époque des vinyles, c'était plus compliqué de se faire distribuer, de se faire entendre. Internet a permis une diffusion plus large mais de ce fait, il y a de la concurrence. Mais heureusement on a eu quelques figures de proue qui aujourd'hui permettent de tirer le metal français vers le haut avec des groupes comme Gojira. Ils sont partis au bon moment aux États-Unis, ils ont eu avant ce départ le temps de se constituer le réseau nécessaire, et une fois que tu as le réseau c'est vrai que c'est plus facile.

Comment êtes-vous entrés en contact avec Kevin Paradis, qui est aujourd’hui un batteur très occupé ? Vous le connaissiez avant ?

Non pas du tout on y aller au culot ! C'est Uelcos qui a pris contact et qui lui a proposé de se joindre à nous dans ce projet. Il a très vite accroché et il nos a donné son accord. Il faut reconnaître qu'à l'époque il n’avait pas Svart Crown, il commençait juste à se faire un nom dans le milieu et on est arrivés sur la bonne période. On a eu la chance son agenda n'était pas trop chargé à ce moment-là. C'était il y a plus d'un an et depuis il a joué avec Agressor et Benighted. Aujourd'hui il est juste un plus occupé.

C'est donc parce qu'il s'était engagé avec vous avant tous ces nouveaux projets qu'il est allé au bout de celui-ci. C'est quelqu'un qui tient parole.

Complètement, ses disponibilités était déjà limitées, on le savait. Mais c'est après qu'il ait intègré tous ces groupes qu'on a senti que ce serait plus délicat. Et au final ils nous a apporté d'autres solutions qui vont nous permettre de fonctionner avec lui.

Cela veut dire que l'objectif à venir c'est une tournée ?

En effet, autant que l'on peut pour défendre l'album. On commence par une tournée locale pour commencer, on aimerait tourner sur les scènes locales. Et l'objectif c'est de monter à Paris, on a un ou deux contacts. Nous allons essayer de concrétiser.

Comment est-ce que vous composez ? Vous travaillez ensemble où chacun ramène des idées, des riffs ?

C'est principalement Uelcos et Dusios qui compose mais chacun propose, rajoute sa partie, on s'organise sans qu'une idée ou une autre prenne le dessus.

Il n'y a pas de leader particulier ?

Non, on fonctionne ensemble. On essaye, on amalgame les idées et on voit si ça fonctionne. On se considère tous au même niveau, chacun amène sa contribution à l'album.

Venons en à l'Artwork, pourquoi ce choix (la pochette est un dessin de guerrier Romain) ?

En fait, ça vient de Guillaume Beck que l'on a connu via une connaissance de Uelcos, par le biais d'un tatoueur de Saintes qui nous a mis en contact avec lui. Mais le choix des romains vient de la thématique de l'album. Uelcos est attiré par l'histoire, et c'est au final un concept album qui tourne autour de l'histoire romaine. C'est l'histoire d'un village gaulois qui se fait envahir par les Romains, ils se font attaquer et massacrer [Ses deux collègues rient de bon cœur... « Il faut pas trop lire les paroles, c'est bien bien gore ce qu'il écrit l'ami Seb »]. Et après ce massacre, un Gaulois est emmené à Rome et rentre dans les jeux du cirque afin d'y retrouver sa liberté. On est sur un système de concept-album sauf pour deux titres qui sont un petit peu en dehors du concept, qui parlent un peu plus de sexe (il a des abonnements sur des sites un peu spécialisés). Déjà rien que le titre "Orgy On Meridians" parle clairement des petites orgies à la romaine et c'est ça qui est bon !! Bref, c'est une histoire de gladiateur assez classique, qui veut s'échapper et retrouver sa liberté. On a fait un titre "Against Retarius", les Retarius étant une catégorie de gladiateurs [combattant au filet ndlr] romains ainsi que sur "Psychopomp" qui étaient les personnes en charge d'achever les combattants qui étaient mal en point. Après on essaie quand même de retracer au mieux l'histoire, c'est pas toute la thématique, mais il y a toute une histoire autour d'un concept global autour de l'histoire romaine.

Cet album arrive juste dans les bacs, comment comptez-vous le diffuser ?

Internet principalement, je pense que toutes plates-formes numériques confondues nous devons être autour des cent cinquante plates-formes différentes. On est en train de finaliser le site qui devrait être rapidement finalisé.

Vous êtes originaire d'Angoulême, en Charente, on ne peut pas dire que ce soit une ville fondamentalement rock'n'roll voire même qu'elle ne l'a jamais été... Du coup pour trouver des dates de concert, comment est accueillie une musique comme la vôtre ?

On peut dire que c'est compliqué pour pouvoir se produire. La scène locale est très restreinte et ça ne va pas en s'arrangeant. Par exemple Le Mars souhaite modifier sa programmation et leur partenariat avec l'association Hardpork est en fin de vie. C'est dommage, je regrette que cette collaboration n'existe plus, d'autant que l'on devait faire une date à la rentrée qui finalement ne se fera plus. On est forcément déçu. Et après, il reste quoi ? Il faut aller sur Bordeaux... On est tous d'accord pour dire qu'il n'y a pas grand-chose à se mettre sous la dent en Charente.

En ce moment on lit beaucoup d'interviews des tops des albums ultimes... Est-ce que vous pouvez me citer vos trois albums de référence ?

Dusios : C'est bien compliqué... On n'a pas vraiment d'albums de référence... On a bien compris que Dying Fetus était incontournable, mais après...

Taran : Moi je suis un grand fan de Megadeth Rust In Peace ou Countdown To Extinction... C'est l'origine du thrash dont je parlais tout à l'heure et l'origine des quelques plans qu'il y a dans notre musique.

C'est quand même pas des albums tombés de la dernière pluie et je ne suis pas tombé de la dernière pluie... Je crois que j'avance dans l'âge et plus je suis attirée par les trucs un peu taré... Je ne pensais pas tomber aussi bas (rires) mais aujourd'hui je prends quand même plus de plaisir à le jouer qu'à l'écouter.

Seb : J'ai beaucoup apprécié Guttural Slug avec l'album Megalodon, ou dans le brutal death Posthumous Blasphemer qui sont de Biélorussie.

Eh ben tu t'entendrais bien avec notre Azag, qui nous ramène des groupes du fin fond des grottes chilienne à l'occasion... Avec des qualités d'enregistrement magnifiques... Ce qui n'est d'ailleurs pas votre cas, puisque cet album a un vrai bon son, vous avez enregistré où ?

On a travaillé avec Thibault Chaumont au Deviant Lab, il a déjà enregistré Trepalium ou Benighted, il a donc de l'expérience sur les musiques extrêmes. On a fait beaucoup de travail en préparation aussi (DB Studio).

Comme tout bon média, vos propos seront déformés, vous vous en doutez, alors un dernier mot ?

Si un tourneur, un organisateur de concert souhaite prendre contact avec nous, qu'il n’hésite pas ! Par Facebook, Bandcamp, le site internet... On a envie de défendre notre album sur scène et on est prêt à tout donner.

Merci au Gorced Noctis pour cet agréable échange de plus de deux heures en totalité, au calme, ce sont de belles personnes passionnées, au service de leur musique. Le meilleur à eux pour la suite.