Groupe:

Shaârghot

Date:

27 Septembre 2016

Interviewer:

Didier

Interview Shaârghot (par mail)

Salut Shaârghot, merci de nous accorder un peu de temps. Peux-tu nous présenter le groupe ?

Salut à toi ! Le groupe Shaârghot a été formé il y a cinq ans de ça mais n’existe sur scène que depuis un an et des poussières. Et j'avoue que je suis à l’origine de ce projet un peu loufoque, et j’en assume pleinement les conséquences, votre honneur ! Shaârghot n’est peut-être pas le projet le plus novateur du monde, je voulais surtout faire quelque chose de fun, de délirant, joyeux et très violent à la fois mélangeant du metal indus bien martial avec de l'électro indus très rentre-dedans mais avec une pointe de dancefloor haha ! J’ai surtout monté ce projet car je n’arrivais pas vraiment à trouver le genre de musique que je voulais entendre à part Punish Yourself et certains artistes de ce genre… Du coup, je me suis dit que j’allais créer le groupe que j’aurais aimé voir sur scène ! Manque de bol, je ne me verrai jamais sur scène [rires] ! Mais bon, il faut avouer que ce n’est pas désagréable pour autant...

Quelle est la signification de ton nom qui est aussi celui du groupe ?

Ha ha l’éternelle question ! Les gens se demandent souvent si j’ai vraiment voulu dire quelque chose ou si j’ai juste retranscrit l’onomatopée que je fais en m’étranglant avec des pâtes ! Donc ouais, Shaârghot veut bien dire quelque chose, à savoir « Celui qui apporte le Chaos » ; c’est inspiré des runes d’un jeu de rôle, mais je ne te dirai pas lequel c’est, je préfère te laisser chercher plutôt que de donner toutes les clefs !

Pour ceux qui ne connaissent pas du tout, quelles sont les influences majeures du groupe ?

Les influences sont assez larges mais pour n’en citer que quelques-unes, et ce sont souvent des grosses machines de guerre tu remarqueras : Punish Yourself - Rammstein (dieu, que c’est original) - Rob Zombie - Disturbed - Hocico - Combichrist - Killing Joke - Oomph! - SAM - Phosgore - Sonic Area - et là, je pourrais partir dans des influences bien plus obscures mais je pense que là, ça te donne une bonne idée du bordel...

Niveau line-up c’est un peu compliqué, puisque ce n'est pas le même sur album et en live. Tu peux nous éclairer ?

C’est simple, le co-fondateur du groupe, Svarga, n’est resté que pour la création de l’album studio et n’a jamais fait de live avec Shaârghot. Il a préféré se consacrer à son projet solo qui lui était plus personnel que les sombres élucubrations d’un mec à chapeau haha ! Mais la collaboration était véritablement enrichissante ! Du coup, l’album était déjà composé quand mes petits camarades se sont pointés pour rendre ça viable en live, et crois-moi c’était pas évident de foutre un projet comme celui-ci viable pour la scène...

Quand j’écoute votre son, et je ne suis pas spécialiste du style, je pense au vieux Prodigy, à Ministry ou à Rammstein, tu vas me filer un coup de batte pour avoir dit ça ou bien ?

Pas du tout ! Quoi que je dois avouer que je connais très mal Ministry en fait… Oui je sais, honte à moi, jet de cailloux, torches et fourches tout ça, tout ça… Mais le son de Ministry ne m’a jamais beaucoup emballé même si certains titres sont vraiment pas mal ! Mais bon, je suis clairement inspiré par le metal indus et par les sons électro des années 90 ! Les bandes son des jeux vidéos de cette époque ont parfois quelque chose de très inspirant aussi...

Je vous ai découverts sur la scène du Rat’s à Puget Sur Argens, c’est quand même une sacrée expérience ! Peux-tu nous expliquer la thématique du groupe ?

Shaârghot, c’est un concept, un monde cyber punk aux frontières de l’apocalypse. Le personnage du Shaârghot est le fruit d’une expérience scientifique ratée et son corps est recouvert d’une sorte de parasite noir avec lequel il exerce une relation symbiotique... Ouais, je sais, ça va chercher très loin tout ça… Je compte bien développer l’histoire de la créature et ses acolytes sur format papier et à travers les vidéos ( moins les vidéos, car ça coûte un bras un truc pareil !) ; mais en tout cas l’histoire existe, elle est écrite, il faut juste que je lui donne corps maintenant. Est-ce que chaque membre a un rôle particulier dans le thème, et donc une tenue associée ? Ou chacun fait ce qu’il veut ? Non, j’essaye de faire ressortir la personnalité sombre de chacun à travers leurs costumes, le «shadow» caché dans chacun d’entre nous haha ! Du coup, chacun est une incarnation exagérée et poussée à l’extrême de ce qu’il est et de ses fantasmes ! C’est ça, un "shadow" : un personnage sans retenue et sans limites.

Ton personnage semble inspiré d’Orange Mécanique ou je me trompe ?

Perdu. Enfin oui, il y fait penser c’est clair, mais le Shaârghot est un personnage que j’ai créé il y a très, très longtemps, avant même de connaître le film. Il est un puzzle de plein de choses qui m’ont marquées à une époque, et pour ce qui est du chapeau… il lui en fallait absolument un, et j’ai mis du temps à trouver celui qui lui collerait le mieux ! Je pense que ça vient surtout de Chaplin et du Roi Et l’Oiseau en fait, hé hé...

Combien de temps passez-vous en préparation avant un concert ?

1h-1h30… le plus long reste le démaquillage qui peut parfois durer une bonne semaine [rires] ! Je finis toujours par trouver un peu de noir incrusté quelque part… Cette saloperie ne part pas facilement, c’est justement pour ça que je l’ai choisie en fait...

Un des personnages sur scène ne joue de rien et te sert de souffre-douleur, un peu à l’instar de Christian dans Rammstein. Il ne pourrait pas jouer de quelque chose, cette feignasse ?

T’as raison, on le punira pour sa fainéantise… Skarskin Omega n'était pas véritablement prévu au départ. C’est un personnage qui a fini par se créer tout seul… A la base il devait juste filmer et filer un coup de main, il a insisté pour se grimer comme nous et filmer depuis la scène. Sur le premier concert, il a collé un sacré merdier, avouons-le ; en fait, on l’avait dans les pattes car il était omniprésent et on a fini par lui coller deux, trois coups de pompe pour l’écarter par moment, ou on l'envoyait dans le public pour s’en débarrasser… A la fin du concert, on était un peu agacé je dois dire, mais pas mal de gens nous ont dit « c’était cool, au fait, le mec que vous tabassiez, là » ; du coup, le personnage est resté et continue encore de payer pour le premier concert [rires] ! Alors oui, il a fini par avoir son costume attitré mais n’était vraiment pas prévu… Je songe à faire évoluer le personnage d’ici peu de temps, mais pour ce qui est de jouer… 'faut avouer que c’est difficile de jouer en se prenant des coups de clefs à molette, n’est-ce pas ?

Par contre, il filmait le concert. Vous devez avoir un paquet de rushes, c’est quoi le plan ?

C’est ça, à la base il devait filmer les concerts pour qu’on ait un max d’images live pour faire les montages de nos titres nous-mêmes. Habituellement, on a même six gopros sur scène mais là, on a juste trop d’images... Pour le dernier titre live que j’ai monté, j’ai passé plus de temps à dérusher qu’à monter, c’est pour dire… Mais au moins, c’est certain on a de la matière !

Sur certains concerts vous avez aussi une bassiste, mais pas au Rat’s. Comment ça se fait ? Et ça veut dire que vous avez tout samplé ?

La raison est simple. Notre bassiste ne possède pas qu’un seul groupe, et elle tourne en ce moment avec une grosse machine de la rock pop electro ; et à un moment, comme tu t’en doutes, 'faut bien bouffer ! On est un petit groupe, on rémunère pas pareil [rires] ! Pour ce qui est des samples, il n’y a jamais eu de vraie basse sur le premier album, juste des basses synthé / machines, ça donne un côté plus électro à l’ensemble. Lorsque la bassiste est là, on ne vire pas ces bandes pour autant, elle joue par-dessus, ça donne un truc plus organique et bien plus violent au final ! Là on peut dire que tu as vu la version soft du show [rires] !

Puisqu’on parle de machines, vous avez beaucoup de sons préparés ; qui fait ce travail-là ?

J’aimerais bien te dire que j’ai une quinzaine de personnes enfermées dans ma cave qui y travaillent nuit et jour, mais ça c’était avant qu’ils ne meurent de faim… du coup, c’est nous qui nous en chargeons !

Le batteur me disait que c’est un seul gros sample qu’il lance au début du concert. N’est-ce pas trop contraignant vis-à-vis du live de devoir suivre ces bandes ?

Non, au contraire, j’aime bien millimétrer un show du début à la fin ; tout, même les temps de pause entre chaque titre ! Je n’aime pas laisser ça au hasard, je l’avoue. C’est sûrement mon petit côté martial, ça haha ! Je trouve ça plus confortable au final.

Comment s’est passée cette date dans le Sud, vu de la scène ? Vous reviendrez ?

L’accueil était top, tout comme le public ! On a l’habitude que le public ne comprenne pas trop ce qui lui arrive lorsqu’on nous voit débarquer pour la première fois, puis en général ça se détend à partir du troisième titre ! Il faut toujours un petit temps d’adaptation pour rentrer dans notre univers quand on ne nous connaît pas ; et de ce que j’ai vu, il devait y avoir moins de dix personnes qui savaient qui nous étions, et là est le challenge ! Je pense que si on repasse dans le coin ça serait probablement plus énergique ; j’ai remarqué que plus on passait dans le même endroit, plus le public devenait déchaîné et ça, c’est vraiment satisfaisant ! En tout cas si on peut repasser dans le coin plus souvent on le fera avec plaisir !

Votre premier album est sorti l’année dernière, tu peux nous en dire un peu plus sur sa conception ?

C’est simple, on a pas de moyens, on l’a composé dans une chambre, enregistré dans une chambre, mixé dans une chambre… Bisous les voisins, je vous aime ! Donc cet album c’est du do it yourself du début à la fin, mais ça sonne gros car on a un ingé son qui ne fait pas semblant, si tu vois ce que je veux dire [rires] !

Quel a été l’accueil ? Nous ne l’avons pas du tout vu passer au webzine, vu avez un label ?

L’accueil a été vraiment bon en général, à part un ou deux webzines très branchés Black Metal / Heavy / Brutal qui ont considéré ça comme de la musique de lopette haha ! Les puristes, quoi… Pour pas mal de metalleux, si tu as un synthé dans ton groupe, tu fais forcément de la merde. Remarque on s’en fout, on n'est pas là pour leur faire plaisir… Mais dans l’univers indus en France comme à l’étranger d’ailleurs, ça a suscité pas mal de curiosité ! Que vous ne l’ayez pas vu passer par contre c’est impardonnable et ça mérite le bûcher ! Mais pour faire simple, jusqu’à encore peu je me chargeais principalement de la com', et comme je m’occupe d’un paquet d’autres trucs chez Shaârghot, forcément certaines choses ne sont faites qu’à moitié… La bonne nouvelle, c’est que l’équipe s’agrandit et devient véritablement active et organisée ! Du coup, on prend en compte les erreurs de la première fois et on fait en sorte que ça ne se reproduise plus pour le prochain album ! Et pour ce qui est du label, pour le moment rien, on est encore jeunes ; mais on reçoit pas mal de propositions en ce moment, alors on verra bien.

Vous avez participé au festival M’Era Luna en Allemagne, tu peux nous expliquer le processus de sélection et surtout comment s’est passé ce concert ?

Le processus est juste con en fait, 'y a une pré-sélection sur dossier par la prog du M'Era et après c’est, en gros, à qui aura le plus de votes. Donc rien de bien super objectif en rapport avec la qualité là-dedans… Nous nous sommes retrouvés face à un groupe pourtant bien plus populaire que nous et qui a pourtant été battu de quelques points. Je pense que pas mal de Français voulaient absolument que la France soit représentée dans un des festivals de référence de ce style en Allemagne, et nous avons fait face à un raz-de-marée de fans déchaînés, pour tout te dire ! On a même des gars qui sont allés chercher du soutien en Afrique. Pour être franc, je pensais qu’on était battu d’avance, mais les gens qui nous soutiennent y ont mis tellement d’énergie qu’au final la victoire fut nôtre. Alors que pourtant le groupe d’en face bénéficiait de l’appui de certains très gros groupes de la scène allemande. Comme quoi, les Français sont vraiment têtus ! Pour ce qui est du concert lui-même, c'était impeccable ! C’était notre premier live avec notre bassiste et il faut avouer que ça sonnait vraiment gros ! Bon, les Goths allemands ne sont pas le public le plus démonstratif que je connaisse, mais ils étaient assez réceptifs et surtout nombreux ! Entre 2000 et 2500 selon l’orga, ce qui est plutôt pas mal pour une ouverture de festival...

Il paraît que tu construis tous les accessoires de scène toi-même, tu es un peu designer ?

La quasi-totalité des choses (costumes, décors, etc…) sont faits par moi, effectivement. Je ne suis pas designer, simplement bidouilleur, je bricole souvent à partir de matériaux de récupération, ce qui donne aussi une certaine crédibilité aux créations, on dirait qu’elles ont déjà vécu haha ! Mon guitariste aussi customise son attirail : dernièrement il a attaqué ses guitares pour en faire des objets rouillés à l’apparence "industrial", ce qui est totalement raccord à l’univers du groupe. Donc en fait, on est vraiment deux à bidouiller tout ça, parfois chacun de notre côté, parfois ensemble, on se complète très bien sur ce genre de création !

Quels sont les plans pour le groupe ?

Conquérir le monde !!! Des questions ?

Je me rappelle d’une super soirée de clôture du Hellfest 2012 avec un set énorme de Punish Yourself sur la Warzone. Vous les connaissez ? A-t-on une chance de vous y voir en 2017 ?

Ah ben pour le coup, oui, je m’en rappelle très bien, j’y étais ! Après, oui, nous nous connaissons et nous avons déjà eu l’honneur de jouer en première partie de Punish déjà deux fois, et j’espère que ça ne sera pas la dernière ! Pour ce qui est de nous voir au Hellfest, nous on aimerait bien mais à mon avis c’est pas du tout dans leur optique… Beaucoup de groupes qui jouent au Hellfest possèdent déjà une assise et jouent depuis de très nombreuses années et sont donc bien plus connus que nous. On sait que l'on peut se débrouiller sur ce genre de scène, nous l’avons prouvé au M’era Luna par exemple ; mais dans ce genre de milieu, ce n’est pas forcément le talent qui fait que tu es programmé ou non, c’est le nombre de personnes que tu peux ramener. Et nous n’existons que depuis très peu de temps. Alors oui, le Hellfest avec grand plaisir même, mais à mon avis, le désir n’est qu’à sens unique pour le moment [rires] !

Merci et bonne chance

Merci à toi !