Groupe:

Rage

Date:

28 Avril 2016

Interviewer:

Blaster & Evanessa

Interview Peavy, Marcos & Vassilios (face à face)

Alors vous voilà finalement de retour à Paris ! A une certaine époque, vous aviez l’habitude d’y venir afin de promouvoir chacun de vos nouveaux albums… Mais cela n’a pas été le cas lors de vos trois ou quatre dernières tournées européennes…

Peavy : Oui, je sais. Malheureusement, je n’ai pas de réponse à t'apporter à ce sujet… En tout cas, ce n’est pas parce que nous refusons de venir jouer à Paris. J’imagine qu’il faudrait s’adresser aux promoteurs pour en savoir plus. Nous nous sommes également posé cette question. C’est peut-être dû à un changement d’agence artistique ou autre… il doit sûrement y avoir des raisons commerciales.

Parlons un peu de votre nouveau line-up ! Qu’est-ce qui vous a amenés à travailler ensemble tous les trois ?

Peavy : En fait, on se connaît depuis très longtemps. J’ai rencontré Vassilios pour la première fois… en 1988 !

Vassilios : J’avais sept ans ! Ha ha ha…

Peavy : Il n’était même pas encore né !!! Ha ha ha… Non, il avait 16 ans, je crois. Tu avais bien seize ans, c’est ça ?

Vassilios : J’avais quatorze ans.

Peavy : Ok, quatorze ans. Il a été l’élève de Christos Efthimiadis pendant huit ans environ … Après ça, il nous a accompagnés en tournée en tant que technicien batterie.

Vassilios : Oui, j’accompagnais déjà Rage en tournée dans les années 90 mais je me contentais de monter la batterie. Et maintenant, j’en joue ! (sourire)

Peavy : Et cela doit faire environ huit ans que je connais Marcos…

Marcos : Oui, c’est à peu près ça… presque dix ans.

Peavy : Et on s’est toujours dit qu’on devrait jouer ensemble un jour…

Marcos : Oui car mon groupe s’appelait Soundchaser et évidemment cela avait un rapport avec Rage.

Oui j’ai vu ça, mais en fait, je ne connais pas ce groupe… De quoi se composait votre répertoire ? De reprises ou de vos propres compositions ?

Marcos : Lorsque j’ai fondé le groupe en 2004, c’était uniquement dans le but de reprendre des morceaux existants mais j’ai fini par composer mes propres morceaux… Mais bien sûr, j’étais un grand fan de Rage. Je classe encore ce groupe parmi mes trois groupes préférés du monde. L’album "Soundchaser" est sorti à l’époque où je cherchais un nom de groupe, voilà pourquoi j’ai choisi ce nom ! J’ai donc rencontré Peavy, d’abord en tant que fan, nous sommes ensuite devenus amis et à présent nous sommes très bons amis… et maintenant je joue avec lui...

Peavy : (en prenant une voix très grave) Et maintenant… je suis devenu ton patron !! Ha ha ha…

Marcos : Ha ha… Oui c’est lui qui contrôle ma vie !!

Fin 2015, début 2016, vous avez organisé la tournée “Black in Mind Anniversary Tour”…

Peavy : Oui, c’était la première fois que nous nous retrouvions sur scène tous ensemble. Bien sûr, si nous avons organisé cet événement, c’était avant tout pour célébrer le 20ème anniversaire de cet album, qui fait partie des classiques de Rage. Nous pensons tous que cet album est très important, il incarne l’essence et l’esprit du groupe et c’est que nous avons eu envie de retrouver. Cela nous a également donné l’occasion de partir en tournée avec nos nouveaux membres et de les présenter à nos fans.

Votre nouvel album sera disponible au mois de juin, il s’intitule “The Devil Strikes Again”. Lorsque j’ai écouté le morceau-titre j’ai immédiatement pensé : “waouh, on retrouve le style que le groupe avait à l’époque de "Black in Mind" ”… Ce morceau m’a beaucoup fait penser à “Sent By The Devil”…

Peavy : Exactement ! En fait le morceau-titre est la deuxième partie de “Sent By The Devil”

Marcos : Oui, il y a vraiment un lien entre les deux, il s’agit de la suite de “Sent By The Devil”…

D’accord, c’est donc logique ! Et selon vous, à quoi doivent s’attendre les fans en découvrant ce nouvel album ?

Peavy : Ils peuvent s’attendre à retrouver le style et l’énergie qui ont permis au groupe de se faire connaître. Cet album est également innovant, dynamique et efficace ! Nous avons privilégié la simplicité et l’efficacité. Nous nous sommes concentrés sur la musique, la composition sans frimer… Je pense que les fans seront heureux de retrouver ce style, en tout cas nous le sommes car cela nous manquait… Nous avons tout simplement essayé de faire ce qui nous plaît, ce que nous voulons et je pense que cela s’entend lorsqu’on écoute l’album. En plus de cela, c’est Dan Swanö qui s’est occupé du mixage et il a fait un excellent boulot. Le résultat me plaît beaucoup, il est naturel et vraiment puissant.

Et Marcos, il me semble que tu as coproduit l’album...

Marcos : Oui c’est exact. J’ai eu l’honneur de m’en charger, ha ha.

Peavy : Oui nous nous sommes occupés de toute la pré-production et d’autres choses dans son studio en Belgique. Nous avons composé les morceaux tous ensemble, nous avons accompli un vrai travail d’équipe.

Marcos : Tout à fait ! Tout le monde a participé.

Peavy : Et nous nous sommes vraiment amusés en le faisant…

Marcos : Oui, vraiment tous !

Peavy : Cela m’a beaucoup plu, cela faisait plusieurs années que je ne m’étais pas autant amusé en enregistrant un album.

Est-ce l’organisation du “Black in Mind Anniversary Tour” qui vous a donné envie de retrouver votre ancien style ?

Peavy : Nous n’avions rien prévu, plusieurs choses ont eu lieu en même temps mais j’avais également commencé à travailler sur d’anciennes compositions. “My Way” est le premier morceau que j’ai composé, il date de 2014. Et je me souviens de la première fois ou nous sommes tous réunis, aucune annonce officielle n’avait encore été faite. J’étais en train de jouer “My Way” à la guitare acoustique dans le salon de Vassilios et je n’avais pas remarqué que Marcos me filmait avec son portable. Et deux jours après, il m’a envoyé la structure complète du morceau et il m’a demandé si cela correspondait à ce que je souhaitais composer… Et je lui ai dit : “Waouh mec !!! Il t’a suffit de me voir jouer l’autre jour pour faire tout ça ??”…

Marcos : Oui et après ça, je lui ai dit que je l’avais filmé, ha ha ha !!

Peavy : Ha ha! Oui, il a triché… Et ensuite nous nous sommes revus et nous avons composé un autre morceau.

Marcos : Oui et c’était “The Devil Strikes Again”. Ce sont les deux premiers morceaux que nous avons composés.

Peavy : Exactement ! Nous avons composé le reste très rapidement. Nous avons travaillé pendant une semaine, voire une dizaine de jours. Nous avions l’impression d’être guidés par une force extérieure. Tout s’enchaînait parfaitement bien. J’ai tout simplement composé de manière spontanée et ils ont tout compris, toutes nos idées s’accordaient très bien… C’était comme si nous jouions au ping-pong ! Comme si on se disait : “Bon j’ai trouvé ça, t’en penses quoi ? – Et bien on pourrait faire ça… et voilà la structure ! Super, allons enregistrer ça… Allez morceau suivant !!” Ha ha ha… Et pendant que Vassilios composait les parties de batterie, moi j’écrivais les textes à l’étage du dessous… Au final, nous avons composé la totalité des morceaux de l’album en une dizaine de jours !! (rires) Evidemment, après ça nous avons travaillé sur les arrangements et nous avons modifié quelques petites choses mais tout s’est fait facilement et de manière très naturelle… c’était génial.

Pouvez-vous nous dire quels sont vos morceaux préférés et donc ceux que vous avez hâte de jouer sur scène ?

Marcos : Waouh… C’est vraiment dur de choisir… Il y en a tellement…

Vassilios : Est-ce qu’on peut en choisir neuf ? (rires)

Peavy : Oui, nous en avons déjà parlé, sans réussi à nous décider, ha ha…

Vassilios : Si je me fie à nos récentes discussions, je peux dire que “The Devil Strikes Again”, “Final Curtain” et “Spirits Of The Night” sont des morceaux que nous avons décidé de jouer sur scène… mais il ne s’agit pas forcément d’un choix définitif...

Bien que “The Devil Strikes Again” nous rappelle une certaine époque de votre carrière, il constitue également la suite logique de “21” qui était plus sombre et heavy que ses prédécesseurs, n’est-ce-pas ?

Peavy : Tout à fait, nous avons décidé de nous débarrasser des fioritures et de nous concentrer sur l’efficacité des morceaux sans forcément montrer toute l’étendue de nos talents de musiciens.

Vassilios : C’est une question de style, c’est un peu moins progressif… nous nous sommes davantage concentrés sur les mélodies en privilégiant la simplicité et l’efficacité des morceaux.

Peavy : Si je compare notre nouvel album à “21”, je trouve que les morceaux sont tout simplement meilleurs, voilà tout.

Marcos : Je trouve que les morceaux sont vraiment plus accrocheurs.

Vassilios : Mais tu sais, les choses se sont faites naturellement. Les différentes périodes de notre carrière ont toutes des aspects positifs. Nous adorons les premiers albums qui ont été composés avec Manni et Christos. Nous aimons également la période avec deux guitaristes et il y a aussi eu d’excellents morceaux avec Mike Terrana et Victor Smolski … Je suppose qu’il y a du bon et du mauvais dans chaque période. A présent, nous voulons nous concentrer sur une nouvelle période et essayer de continuer notre route. Nous parviendrons peut-être à retrouver l’essence de Rage… Parce que tu sais, Marcos et moi sommes de grands fans du groupe, nous sommes incollables à son sujet. J’ai découvert le metal lorsque j’ai écouté « Perfect Man » quand j’étais gamin. Christos m’a appris à jouer de la batterie, j’ai toujours suivi leur carrière et je la connais bien… Mais Marcos en sait encore plus que moi ! Il sait tout sur Rage (rires) !! Et comme nous connaissons toute l’histoire et toute la carrière du groupe, nous connaissons aussi parfaitement son style musical et ses particularités. Nous connaissons également bien Peavy et sa façon de composer. Peu de gens sont capables de composer comme il le fait… Il a réussi à créer son propre style et ses morceaux ont une structure vraiment unique… Nous en sommes conscients, nous le remarquons et nous le ressentons. Tout s’est fait naturellement lorsque nous avons travaillé ensemble et nous sommes ravis du résultat que nous avons obtenu au final.

Peavy : Lorsque je compose un morceau, je n’essaie pas forcément de composer du metal… J’essaie simplement de composer un bon morceau. Je me concentre sur la structure et sur la mélodie du morceau et je lui donne ensuite un style metal. Et ils ont bien compris ce procédé tous les deux.

Parlons du départ de Victor et d’André… J’aimerais que vous m’expliquiez ce qu’il s’est passé. J’ai été très surpris en découvrant les commentaires acerbes qu’a faits Victor dans la presse au sujet de votre séparation. En avez-vous entendu parler ou les avez-vous lus ?

Peavy : Non, j’ignore ce qu’il a pu dire mais tu n’es pas le premier à m’en parler…

Et bien, je ne vais pas vous donner tous les détails mais je peux vous dire qu’il s’est plaint en disant que tu avais cessé de t’intéresser au groupe. Il a également ajouté que tu privilégiais l’aspect commercial au détriment de la musique et que tu refusais d’évoluer et d’essayer de nouvelles choses…

Peavy : Et bien, j’imagine qu’il m’en veut car je l’ai viré du groupe (rires)… C’est la seule explication plausible.

Vassilios : Tu sais, il y a toujours des conséquences sur le plan émotionnel lorsque des relations prennent fin. Si on décide de se séparer, c’est parce qu’on ne s’entend plus. Certaines raisons concernent uniquement Peavy et Victor. Et lorsqu’on lit ce genre de commentaires négatifs dans la presse, il est important de comprendre que cela n’explique pas toute l’histoire. Cela reste l’avis d’une seule personne. A présent, nous voulons seulement passer à autre chose et nous n’allons pas dire du mal de Victor ou d’André…

Evidemment. Je ne m’attendais pas à ce que vous disiez du mal d’eux. J’étais simplement curieux et voulais connaître les raisons qui vous ont poussés à mettre fin à votre collaboration.

Peavy : Et bien, c’est principalement parce que notre relation s’était beaucoup dégradée vers la fin. Nous avons travaillé ensemble pendant quinze ans et nous avons vécu de très bons moments. Nous avons également enregistré d’excellents albums mais cela ne fonctionnait plus vers la fin de notre relation... Il y avait de moins en moins de respect entre nous, il fallait que nous cessions de nous fréquenter, cela devenait désagréable. Victor est un excellent musicien mais il n’a pas vraiment l’esprit d’équipe. Il n’en fait qu’à sa tête et ne tient pas compte de l’avis des autres. Tu sais, l’un de ses dictons favoris est : « Je ne fais jamais aucun compromis ». C’est sa façon d’être et je l’ai toujours connu ainsi… Mais il a réussi à s’adapter pour travailler avec moi pendant quelques temps et cela fonctionnait bien. Les choses étaient claires dès le départ : il savait qu’il rejoignait mon groupe et non pas l’inverse. Rage avait déjà un style clairement défini et nous ne pouvions pas le modifier complètement, même si nous pouvions quand même faire quelques petits changements et continuer de développer notre style musical. Vers la fin, il se sentait de plus en plus frustré, il avait toujours envie d’intégrer davantage d’influences variées dans notre musique. Cela s’entend un peu lorsqu’on écoute l’album LMO, par exemple. Je trouvais que c’était trop et que ça allait trop loin… A ce moment-là, nous avions des avis complètement différents sur ce que devait être le style musical du groupe. Pour lui, nous n’en faisions pas assez, il avait envie d’essayer de nouvelles choses et cela ne me tentait pas vraiment. Notre relation en a souffert, nous ne parvenions plus à communiquer comme nous le faisions avant… Nos rapports se dégradaient de plus en plus et j’ai réalisé que cela ne pouvait pas continuer ainsi. Cela ne me donnait plus envie de faire partie du groupe… C’est peut-être pour cela qu’il s’est plaint en disant que je ne m’intéressais plus au groupe. Mais ce n’était pas le cas, Rage est toute ma vie. Mais vers la fin, l’ambiance s’est vraiment dégradée alors le cœur n’y était plus… J’ai compris qu’il fallait agir car cela ne fonctionnait plus et je ne pouvais rien faire à part modifier le line-up. Je ne pouvais pas me résoudre à arrêter la musique et je ne voulais pas quitter mon propre groupe. Mais tu sais, cela n’a pas été une décision facile à prendre.

Ok, j’avais préparé d’autres questions sur vos différents projets (Refuge, LMO, etc.) mais nous allons manquer de temps et nous allons devoir conclure cette interview… Je vais donc simplement vous demander ce que vous comptez faire lorsque cette tournée avec Helloween sera terminée ?

Marcos : La saison des festivals !

Vassilios : Nous allons participer à plusieurs festivals. Je pense qu’ensuite nous partirons en tournée en Novembre ou en Décembre afin de promouvoir notre nouvel album.

Peavy : Nous ferons tout notre possible pour revenir en France.