Interview Lionel Aubert (par mail)

Salut Lionel, peux tu nous présenter le groupe Glamory ?

Le groupe Glamory est un groupe français de « hard rock west coast » fondé en 2012, et composé d’Alban Sibilia au chant et guitare rythme, de Jean Baptiste Pol aux futs (officiant également au sein des formations de metal sympho Kerion, Hamka, et Fairyland), de Bertrand Coste à la basse, de Flora Spinelli aux chœurs (leader par ailleurs du groupe Kerion), et moi de moi-même aux guitares lead et chœurs. Notre nouvel album « Glam over » est sorti le 15 juillet dernier sous le label allemand 7us/7hard. Et nous sommes sympas ;)

Commençons par la partie la plus délicate : le 14 juillet vous étiez sur scène, sur la promenade quand le camion a frappé, tu peux revenir sur cette soirée de cauchemar ?

Je pourrais, mais je n’en ai plus trop envie. Tout a été dit, même des choses qui ne se sont passées par des gens qui n’étaient pas là. Puis ensuite, la récupération y est allée bon train, de toutes manières, de tous poils. Je n’ai rien à ajouter qui pourrait apporter quoi que ce soit à la compréhension des choses.

Avez vous eu peur pour vos vies ? Pour vos amis, vos familles dans les spectateurs ?

Nos familles, amis et nous-mêmes avons cru y rester. C’était l’heure. C’est aussi simple que cela, Didier.

Le traumatisme a été énorme j'imagine, avez vous été soutenus psychologiquement ?

Nous avons été reçus par la cellule psychologique dédiée au personnel de Mairie. Puis chacun a complété ce suivi par des initiatives personnelles, notamment par la technique de l’EMDR, laquelle pour certains s’est avérée particulièrement efficace. Pour en parler entre nous régulièrement, chacun à sa manière et son rythme de rétablissement. Nous ne sommes pas égaux devant ce type de trauma, lequel réveille ce qu’il y a de plus douloureux et profond dans chacun d’entre nous. A certains égards, je nous trouve très forts. Et à certains autres, très fragiles.

Comment faire abstraction et arriver à remonter sur scène sereinement après un tel traumatisme ?

Y arriver, c’est une chose. Sereinement, c’en est une autre ! Je crois que le moteur principal est la passion pour la musique, laquelle nous anime tous depuis toujours. La passion est le moteur le plus puissant qui soit. La preuve : au bout de quelques minutes de gigs sur scène, l’énergie est là, l’envie, le plaisir. Il y a quelque chose de tout à fait magique là-dedans. C’est limite « culpabilisant » de se sentir bien à ce point.

Justement, le 15 août, pile un mois après cette horreur, vous êtes remontés sur scène au Hell's Week à Rocquebrune sur Argens dans le Var. Je suis venu vous soutenir et Jean-Baptiste me disait qu'il avait la boule au ventre avant de monter sur scène. Comment l'as-tu vécu de ton côté ? Pas d'appréhension ?

Au moment de commencer le show, je regarde JB derrière sa batterie. Il me fait comprendre que ça ne va pas fort. Je le vois à sa petite tête. Puis il fait son appel batterie introduisant le morceau même que nous jouions lors de l’attentat, le premier morceau de notre playing list, « Night Time Mirage ». Puis je l’ai regardé régulièrement les minutes suivantes. Il était dedans. Il subissait comme une sorte de cure de bonheur accéléré. Il était heureux tout à coup. Quant à moi, je l’ai plutôt bien vécu. Nous nous sentions en sécurité parmi les Hells, qui nous ont accueillis avec un cœur gros comme ça.

C'était un festival bikers, la scène était énorme, le son superbe, mais nous étions une poignée devant la scène, les bikers préférant les belles mécaniques au gros son. C'est ballot non ? Vous étiez prévenus ?

C’est un festival très prometteur, le site est dantesque, et peut accueillir 30 000 personnes ! Mais il ne s’agit que de la seconde édition. Il faut lui laisser le temps. Pour être tout à fait honnête, c’était le quatrième jour de fest, les foies devaient être fatigués, et il faisait chaud. Ceci expliquant peut être cela. L’année prochaine, nous reviendrons le samedi soir ! ;)

Je vous ai trouvés excellent, bien en place avec un meilleur son qu'au Rat's, notamment au niveau de la voix d'Alban, qui m'a impressionné. Les morceaux de l'albums sont excellents en live. Comment l'as-tu vécu, toi, sur scène, tu avais l'air de t'éclater ?

Le Rat’s était notre première après la sortie de l’album. Il y avait de l’envie, de l’excitation. Nous avons beaucoup joué et travaillé depuis. Le groupe se trouve de plus en plus à chaque gig, à chaque répèt. Alban est impressionnant, incontestablement. Puissance, ressenti, justesse, énergie, grain mature, anglais, il a tout. Pour moi, dans le coin, il est sincèrement le seul à livrer de la sorte. Je m’amuse toujours sur scène. Je bouffe chaque seconde, chaque note ! J’ai écouté des « captations téléphones ». J’ai été moi-même très surpris du rendu très « studio » de la prestation.

Flora apporte pas mal dans les harmonies vocales, allez vous continuer cette collaboration sur album ?

Flora fait désormais partie du band, au même titre que nous tous. D’une part c’est sans doute la personne la plus gentille, douce et éduquée que je connaisse. Ensuite, il faut comprendre que Flora est une véritable star dans le milieu du metal sympho. Et le fait qu’elle prenne à bras le corps son rôle de « simple » choriste (à contrario de son rôle de lead singer chez Kerion) chez Glamory démontre de son humilité, de son intelligence, de sa passion. Res-pect ! Enfin, et évidemment, elle emmène ouverture, délicatesse, distinction, subtilité, fragilité à l’ensemble. Notre musique a besoin de cela. Elle est faite en partie de cela d’ailleurs.

J'ai adoré vos reprise Hard Rock : Whitesnake, Van Halen et Mötley Crüe. Pourquoi ce choix ? ce sont des groupes importants pour toi ?

Simplement, ce sont des incontournables et des moments de fête sur scène. Ca nous éclate. On ne le fait pas tout le temps, mais quand nous décidons de le faire, cela nous procure autant de plaisir à nous qu’au public. Et puis Van Halen quoi !… LOOOOL

Je sais que tu es fan d'Eddy Van Halen et Doug Aldrich, mais Mick Mars c'est pas la même pointure si ?

Non :-)

Vous avez aussi repris, comme au Rat's, un morceau des Pink Floyd. Pourquoi celui-là ?

Lors du premier album, j’avais composé et écrit un morceau nommé « Human Nature ». Ce morceau est, dans sa structure, sa tonalité, sa noirceur, directement influencé par « Welcome to the Machine », qui est un morceau qui m’inquiète autant qu’il me sidère depuis tout gosse. Je crois qu’inconsciemment j’ai toujours souhaité introduire mon « Welcome to the Machine » par l’original ! Certains me disent désormais que lorsqu’ils écoutent le « Welcome to the Machine » des Floyd, ils attendent l’entrée batterie que nous faisons sur scène pour joindre les deux morceaux !

Vous avez peu tourné pour l'album "Glam Over", c'est compliqué ou c'est une volonté ?

De un, c’est objectivement récent tout ça, le premier live fin mars 2016. Ensuite, nous structurons les démarches live pour 2017, avec une approche systématique de tous les fests nationaux et des premières parties. Et puis nous devions participer à des programmes d’ampleur qui ont été annulés depuis à cause des événements, comme la fête du port de Nice… Mais on a de très belles choses sous le coude.

Par contre, j'ai vu que l'album était maintenant distribué dans le monde, ça donne quoi les premiers retours ?

Les retours sont très encourageants en Allemagne / Suisse / Autriche (territoire de prédilection de notre label), mais aussi en Amérique du Sud et au Japon. D’ailleurs j’ai eu ma première interview pour une émission de radio japonaise hier (en anglais, je vous rassure)… Bref, sur les marchés « classiques » pour cette musique, notre album fonctionne bien.

J'ai lu aussi que tu bossais sur de nouvelles compositions, c'est pour quand tout ça ?

Nous avons attaqué les pré prod cet été, nous allons poursuivre cet hiver. Je suis un geek du dictaphone, je m’enregistre à n’importe quel moment, alors j’ai plein de choses de côté, riffs, suite harmoniques, mélodies vocales… Pourquoi pas sortir un titre « exclu » dans l’hiver !

J'ai vu que sur scène tu avais troqué ta Jackson pour une superbe MusicMan, tu peux nous en dire un mot ? Tu sembles avoir bien survécu au manque de vibrato ?

Tu trouves ? Pas moi ! :-) C’était dur comme un café sans clope quand tu es fumeur ! A jouer désormais sur une Steve Morse à cordier fixe (comme une Télé ou une Les Paul), j’ai découvert que j’avais une utilisation « anxiogène » du vibrato, que j’utilisais pour des moments de transition, de vide, générer des annonces… Je me suis senti un peu à poil et con par moment ! Ma nouvelle guitare est une Steve Morse Y2D Purple Sunset. Un superbe instrument, au son plein, et au sustain dingue. C’est un instrument technique, exigeant, un peu « raide », mais dont j’ai l’impression qu’il a beaucoup à apporter au son du band, et à moi-même. Il me fait déjà progresser.

Je sais que JB joue dans d'autres groupes (Kerion, Fairyland), Flora aussi (Kerion), Bertrand aussi (Karma) et toi tu n'as pas d'autres projets musicaux ?

Non, car je compose la trippe chez Glamory, booke les dates, manage un peu l’ensemble. Et puis je gère une salle de spectacle et d’événement [NDLR: Le Palace à Nice], alors niveau emploi du temps ça me suffit ! :-)

D'autres plans pour Glamory dont tu voudrais nous parler ?

Je suis superstitieux, alors pas encore ;)