Groupe:

Blind Guardian

Date:

01 Décembre 2014

Interviewer:

Fimbultyr & Evanessa

Interview André Olbrich (face à face)

Salut et merci de répondre à ces questions pour auxportesdumetal.com. Alors tu es là pour nous parler de votre nouvel album "Beyond The Red Mirror". Quelle est la chose dont tu es le plus fier concernant ce nouvel opus ?

Et bien, nous avons réussi à faire de nouvelles expériences et à proposer de nouvelles choses dans cet album. Pour des groupes comme Blind Guardian, dont la carrière s’étend sur plus de 25 ans, cela devient difficile de composer de nouvelles chansons et d’innover, car nous avons beaucoup d'albums à notre actif et cela devient de plus en plus difficile à chaque fois. Mais cette fois-ci nous avons réussi à intégrer de nouveaux éléments dans nos compositions. Notre musique est innovante, mais elle a également conservé ce style qui nous est propre. Par exemple, la première chanson, "The Ninth Wave", a une sorte de son fantastique/SF futuriste. Elle ressemble à un morceau de bande originale. C'est un style assez nouveau pour Blind Guardian, mais cela me plaît et je suis fier de ce que nous avons accompli.

Es-tu d’accord avec moi si je te dis que cet album est à ce jour le plus complexe et le plus progressif de tous les albums de Blind Guardian ?

Je ne pense pas qu’il soit plus complexe que nos autres albums. "A Night At The Opera" était déjà très complexe et "A Twist In The Myth" l’était tout autant. Je pense que si on le décrit comme un album complexe cela risque de porter à confusion et les gens pourraient penser qu’il s’agit d’un album surchargé. Je ne pense pas que cela soit le cas, je pense que chaque chanson est très bien équilibrée, et même si les morceaux contiennent beaucoup de détails et de petites mélodies, ils restent cohérents et sont faciles à jouer en live. Mais c'est progressif, et comme nous avons composé trois des chansons avec un grand orchestre, évidemment cela donne aux morceaux un son plutôt épique et une certaine complexité, oui.

Ne craignez-vous pas que certains fans regrettent l’aspect plus simple et plus direct de vos précédents morceaux ?

Je pense que nos morceaux restent vraiment simples et directs, plus que jamais. La structure normale d’un morceau se compose d’un pré-refrain et d’un refrain. Nous avons choisi de ne pas respecter ces règles dans le premier album, et nous ne voulons pas nous limiter à des schémas ou des règles précises. Nous voulons composer une musique qui nous plaît, et si nous estimons qu’une chanson nécessite plus de trois ou quatre parties, nous les composerons. Ce qui compte vraiment pour nous, c’est qu’au final le morceau garde une construction dynamique et un véritable intérêt. La longueur du morceau n’a aucune importance. Il faut qu’il éveille l’intérêt des auditeurs et qu’il leur raconte une histoire, notre but est de les captiver afin que la musique leur évoque des images et des émotions personnelles. C’est ce qui rend notre musique intéressante.

Sur "At The Edge of Time", vous avez enregistré des morceaux avec un véritable orchestre. L’expérience semble vous avoir plu car vous avez décidé de faire de même pour votre nouvel album. Comment cela s’est-il passé cette fois-ci ?

En ce qui concerne notre album précédent, c'était la première fois que nous composions avec un véritable orchestre, et cela nous a donné envie de recommencer dès que possible, parce que nous avons pu constater à quel point nous étions novices en la matière. Cette expérience nous a beaucoup appris et nous avons eu envie d’exploiter toutes ces connaissances. Et nous avons fait de notre mieux pour progresser encore, et il reste tant de possibilités à explorer. Nous essayons de créer l’association parfaite entre la musique orchestrale et le metal, et c’est un véritable défi. Vous pouvez utiliser différentes techniques de composition pour y parvenir. Cette fois, j'ai commencé par composer les parties orchestrales avant d’y ajouter des parties metal. Lorsqu’on compose un morceau metal et qu’on y ajoute ensuite des parties orchestrales, on utilise une méthode complètement différente... en général, c’est d’ailleurs de cette manière que la plupart des groupes procèdent. Mais nous avons vraiment essayé de faire l'inverse : nous avons composé les parties orchestrales, et puis nous avons essayé d’y ajouter le son des guitares et des percussions pour leur donner un son plus metal. Par exemple dans la chanson "At the Edge of Time", c’est l'orchestre qui débute et nous nous sommes adaptés au timing et la dynamique de l'orchestre. C'était vraiment une découverte pour nous. Et au final je dirais : bon, je ne sais pas si nous allons renouveler l’expérience, parce que c'était vraiment difficile car les instruments de l’orchestre changent de tonalité et de tempo plusieurs fois et nous avons eu du mal à nous adapter en fonction des modifications. Je pense que c'est plus facile si le groupe joue en premier pour pouvoir accorder les instruments et définir le tempo et que l'orchestre s'adapte au jeu du groupe. Mais pour comprendre cela, il faut essayer et s’entraîner, et pour cela il faut vivre cette expérience. Nous l'avons fait, et je pense que nous avons progressé. Nous avons pu exploiter tout ce que nous avons appris dans la dernière chanson, "The Grand Parade", nous avons utilisé toutes ces expériences et je pense que c'est notre meilleur morceau à ce jour.

Pensez-vous renouveler cette expérience ?

Oui, nous ne sommes pas prêts d’arrêter. Le style épique orchestral fait partie intégrante du son de Blind Guardian maintenant. Je pense que nous pouvons encore faire beaucoup de choses pour améliorer notre musique. Nous devons essayer d’innover et de progresser en permanence. Je pense que nous pouvons utiliser des orchestres pour écrire d’autres chansons encore plus belles.

Vous avez à nouveau fait appel au producteur Charlie Bauerfeind. Peut-on le considérer comme le cinquième membre du groupe ?

Oui, on pourrait dire ça. Car nous nous entendons très bien avec lui. Il a vraiment compris les valeurs fondamentales de notre musique, qui sont l'innovation et l’authenticité. Il parvient à accorder parfaitement son propre son avec le nôtre. Il respecte notre identité. Il ne se limite pas à un style moderne ou démodé, comme celui des années 80. Il n'essaie pas de nous imposer un style particulier. Il se concentre sur ce que nous lui proposons : notre identité, notre musique, ce que nous écrivons et le style de nos morceaux. Il nous apporte de bons éléments et de bonnes idées, et c'est ce que j'apprécie le plus dans notre collaboration. Et puisque nous nous connaissons si bien, et depuis si longtemps, je pense que nous pourrions améliorer la production de nos albums. Nous progressons un peu plus à chaque fois que nous travaillons avec lui. Le dernier album que nous avons enregistré sonne mieux que tous les albums précédents. Grâce à lui, nous obtenons un son riche, très dynamique et brut : nous n’avons pas besoin d’utiliser des sons de synthétiseurs ou de guitares pour l’améliorer, le résultat est vraiment naturel.

Allez-vous vous produire sur scène avec un véritable orchestre ?

C'est un de nos rêves, mais c’est un projet très difficile à réaliser, notamment parce que les salles où nous jouons ne peuvent pas accueillir un orchestre. Un orchestre doit se produire dans des salles disposant d'une certaine acoustique, c'est pour cette raison qu’ils jouent dans les opéras : ce type d’endroit est spécialement conçu pour les instruments acoustiques, afin d’en obtenir le meilleur son possible. Sur une scène ouverte, on ne dispose pas de la résonance nécessaire pour utiliser ces instruments, et il serait très difficile d’obtenir un son de qualité qui plairait au public. Tout le monde s'attendrait à entendre des sons extraordinaires. Mais malgré ce qu’on pourrait penser, ce n’est pas si facile d’obtenir un tel résultat. Ce type de projet nécessite une bonne préparation, afin de pouvoir proposer une prestation de qualité. Nous accordons beaucoup d’importance à la qualité de notre musique. Et jouer en live avec un orchestre demanderait vraiment beaucoup de travail. Nous devons trouver un moyen d’organiser cela, et trouver le temps de le faire. Nous pourrons peut-être le faire lors de la sortie de notre album orchestral. Nous réfléchirons à l’organisation des concerts lorsqu’il sera terminé.

En parlant de projet orchestral, la dernière fois que nous en avons discuté avec Hansi, il nous a annoncé une sortie pour 2012/début 2013...

Nous avons bien progressé. Nous avons presque terminé de composer tous les morceaux, nous avons enregistré près de la moitié des parties orchestrales et Hansi a déjà enregistré les parties de chant de quatre morceaux, bien qu’il ne l’ait pas fait avec les paroles définitives... mais cela avance bien. Nous voulions que cet album sorte plus tôt, mais nous avons dû nous occuper de la remasterisation de tous nos anciens albums pour enregistrer une compilation afin de célébrer notre vingt-cinquième anniversaire, cela a duré environ un an. En plus de cela, nous ne voulions pas trop espacer les sorties de nos albums. Nous avons donc encore une fois décidé de remettre ce projet à plus tard et maintenant que notre dernier album est enfin terminé, nous travaillons déjà sur l'album orchestral.

Nous pouvons donc espérer qu’il sortira bientôt ?

Oui, il sera probablement terminé dans deux ans, mais cela dépend vraiment d’Hansi. Notre tournée risque d’être vraiment compliquée, les dates ne sont pas encore toutes confirmées, mais pour l’instant, l’année 2015 s’annonce assez riche en concerts, et comme d’habitude après la tournée, Hansi sera sans douté épuisé vocalement parlant, et nous devrons alors décider si la qualité de l'enregistrement convient à nos projets. Nous devrons vérifier si le son est assez bon, mais si ce n’est pas le cas, nous le ferons plus tard. Et nous remettrons cela à plus tard encore une fois. C’est pour cela que je ne peux pas vous donner de date précise. Il sortira lorsque la qualité des enregistrements nous conviendra.

Comment allez-vous choisir les morceaux que vous jouerez sur scène ?

Jusqu'à présent, nous avons toujours choisi les chansons qui nous semblaient être les plus innovantes et qui conviendraient le mieux à nos concerts. Nous avons quelques bonnes idées pour nos prochains concerts et nous avons déjà choisi trois ou quatre chansons à répéter, mais nous devons attendre de voir comment cela se passera sur scène, nous pourrons ensuite modifier notre setlist, pour que notre prestation soit vraiment parfaite, mais nous ne pouvons pas prendre de décision définitive avant d’avoir joué les morceaux choisis tous ensemble. Pour le moment, nous travaillons chacun de notre côté, rien n’est donc encore sûr, mais nous avons déjà des idées.

A quoi vos fans peuvent-ils s’attendre lors de votre prochaine tournée ?

Nous préparons un très beau décor, ce qui est, à mon avis, plutôt inhabituel pour un concert de metal. Nous essayons de trouver des idées originales et de montrer qu'il est possible d’apporter de nombreuses améliorations en matière d'aspect visuel, pas uniquement pour la musique mais également pour les éclairages. Je pense que cela plaira à nos fans.

Vous partagerez la scène avec Orphaned Land, est-ce un choix délibéré de votre part ?

Bien sûr, nous choisissons toujours nous-mêmes les groupes qui nous accompagnent en tournée. Nous le faisons toujours pour la plus grande partie de notre tournée européenne. Bien entendu, lorsque vous jouez dans des petits clubs, vous partagez la scène avec des groupes locaux. Pour cette tournée, oui, nous avons eu plusieurs propositions, nous avons écouté les différents groupes et styles de musique et nous avons pensé qu'Orphaned Land était le groupe le plus adapté, musicalement parlant. C'était le meilleur choix pour nos fans.

L'année prochaine, ce sera le vingtième anniversaire de votre chef d'œuvre "Imaginations From The Other Side", avez-vous l'intention de faire quelque chose de spécial pour cette occasion ?

Non, je ne pense pas que cela soit nécessaire, nous jouons toujours beaucoup de morceaux issus de cet album pendant nos concerts, je crois que cela suffit.

Le premier et unique DVD que vous avez enregistré a été "Imaginations Through The Looking Glass" et date de 2003, peut-on savoir si vous comptez en enregistrer un second ?

Oui, cela fait partie de nos projets, mais ce n’est pas vraiment à l’ordre du jour. Nous avons envie de proposer de nouvelles vidéos, mais nous n’avons pas encore d’idées précises à ce sujet. Nous travaillons là-dessus, nous n’avons pas eu le temps de planifier quoi que ce soit, mais nous voulons faire quelque chose d'extraordinaire, tout comme nous l'avons fait avec " Imaginations Through The Looking Glass " Je trouve que ce DVD est d’une qualité assez impressionnante, bien meilleure que celle des enregistrements de l’époque. Nous avons regardé plusieurs autres DVD de metal et nous n'étions pas satisfaits de leur qualité ; même ceux des grands groupes, ceux des groupes les plus connus, n’étaient pas terribles. Personnellement j’apprécie encore notre DVD et je suis toujours aussi impressionné par sa qualité. Si nous devons renouveler l’expérience, nous voulons obtenir un résultat de même qualité. Mais tu as raison, il est vraiment temps de s’y mettre.

Reparlons de votre nouvel album, on trouve un nouvel élément dans chacun de vos albums. Selon toi, de quoi s’agit-il cette fois-ci ?

C'est l’aspect bande-originale futuriste que l’on trouve dans le premier morceau et on y trouve également des influences issues de la musique classique comme "Carmina Burana", cela donne un mélange très original. On y entend également des guitares plus graves, nous n’avions encore jamais utilisé ce type de son dans une chanson entière donc cela a donné un résultat très différent sur certains morceaux et je trouve que le mélange orchestre/Blind Guardian nous permet d’améliorer nos morceaux, cela nous donne également un son très original et innovant.

As-tu des projets personnels en cours ?

Non, et honnêtement je n'aime pas faire cela. Je reste concentré sur Blind Guardian et Hansi et moi, nous nous occupons principalement de la composition des morceaux. Je travaille d’abord seul, je compose les parties instrumentales avant de les lui proposer, et nous continuons à travailler ensemble. Donc si j'avais des projets parallèles, je serais sûrement trop occupé par d’autres choses et nous ne pourrions pas enregistrer un album tous les quatre ans. Je travaille en permanence et je me consacre entièrement à Blind Guardian, c'est ce qui nous permet de garder ce rythme. Je préfère travailler sur mes propres idées et mes propres compositions, je suis tellement heureux d’être libre de faire tout ce qui me plaît au sein du groupe. Je suis libre, je peux exploiter mes idées, tout ce que j’imagine et concrétiser mes projets. Je n'ai besoin de rien d'autre ; Je suis satisfait à 100% du travail que j’ai accompli sur les albums de Blind Guardian.

Merci beaucoup, as-tu un message particulier à adresser à vos fans français ?

Bien sûr, j'espère que le nouvel album vous plaira, laissez-vous emporter par la musique, laissez-vous allez autant que possible, et j'espère que cela vous apportera des images positives.